ANKARA, 6 Janvier (AFP). — La Turquie a adressé lundi une sévère mise en garde à Nicosie après sa décision d’acheter des missiles russes, affirmant que le «surarmement» des Chypriotes-grecs «constitue une menace au climat de paix» sur l’île divisée.
«La Turquie considère que le surarmement de la partie chypriote-grecque constitue une menace au climat de paix à Chypre et affecte négativement les efforts destinés à trouver une solution» au problème de l’île, divisée depuis 1974 entre communautés turque et grecque, a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.
Ankara appelle «la partie chypriote-grecque à ne pas retomber dans l’erreur de vouloir résoudre le problème chypriote par la force des armes». «Nous avertissons une fois de plus et de la façon la plus sérieuse la partie chypriote-grecque pour qu’elle n’entraîne pas l’île dans une aventure à l’issue hasardeuse», a ajouté le ministère.
Nicosie avait annoncé samedi la signature d’un contrat d’achat de missiles russes S-300, armes offensives selon Ankara et défensives selon Moscou et Nicosie.
«L’arrivée des chars russes dans l’île, la construction de bases navales et militaires dans le sud de Chypre pour utilisation par la Grèce et les informations sur l’achat de missiles russes dépassent les limites d’un besoin de défense et servent un objectif agressif», ajoute le communiqué.
Le chef de la diplomatie chypriote-grecque, Alecos Mikhaïlidès, a immédiatement rejeté ces critiques, affirmant que «la paix ne signifie pas regarder impuissants les avions turcs» survoler l’île.
Il a refusé que l’achat de 20 missiles russes S-300 à livrer dans six mois soit qualifié par Ankara et Washington d’escalade dans la course à l’armement.
«En cas de nouvelle agression» de la Turquie, «nous serions là, cloués au sol et regardant les avions turcs qui nous survolent (...) Si c’est cela la paix, ce n’est pas celle que nous voulons», a ajouté M. Mikhaïlidès.
Le ministre chypriote s’est plaint que son pays soit critiqué aujourd’hui pour l’achat d’armes défensives alors que, selon lui, «durant 22 ans aucune démarche n’a été faite, ni pression exercée sur Ankara pour qu’il retire ses 35.000 soldats de l’île», comme exigé par les résolutions de l’ONU.
La Grande-Bretagne a de son côté réaffirmé «son inquiétude devant l’accumulation des armes» à Chypre.
«Nous avons exprimé à plusieurs reprises au gouvernement de Chypre notre inquiétude sur l’accumulation d’armes, et spécifiquement sur la proposition d’acheter des missiles sol-air», a déclaré un porte-parole du Foreign Office.
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