Au moment où la foule se rassemblait devant la cathédrale, un engin a explosé sans faire de blessés dans la cour du siège de la Gauche yougoslave (JUL), parti membre de la coalition au pouvoir, que dirige Mira Markovic, épouse du président serbe Slobodan Milosevic. Quelques vitres ont volé en éclats.
Annoncé par la radio indépendante B-92, l’incident a été confirmé par la direction du JUL, dans un bref communiqué.
Alors que les autorités interdisent les défilés dans la ville, l’opposition avait eu l’idée d’associer son rassemblement quotidien à la cérémonie religieuse de Noël orthodoxe pour dissuader la police d’intervenir.
Ses dirigeants avaient rappelé au régime du président Milosevic que «même du temps de l’occupation turque, les cortèges religieux étaient autorisés».
La police anti-émeutes, intervenue à plusieurs reprises ces dernières semaines pour bloquer les marcheurs, ne s’est pas manifestée.
Les partisans de la coalition d’opposition Ensemble s’étaient d’abord rassemblés Place de la république, dans le centre de Belgrade. A cette occasion, les dirigeants de l’opposition ont distribué cinq mille paquets-cadeaux destinés aux enfants des sympathisants.
Conduite par les trois dirigeants de l’opposition, Vesna Pesic, de l’Alliance civique, Vuk Draskovic, du Mouvement serbe de renouveau, et Zoran Djindjic, du Parti démocrate, une première colonne d’environ 100.000 personnes a traversé la ville.
Elle a été suivie une heure plus tard d’une autre procession de même importance. Ce deuxième cortège était emmené par une demi-douzaine de prêtres orthodoxes portant une icône de la Vierge, suivis par une vingtaine de jeunes gens brandissant des flambeaux.
Auparavant, une dizaine de milliers d’étudiants contestataires s’étaient joints à la foule recueillie déjà rassemblée devant la cathédrale, piétinant dans la neige et la boue autour d’un grand feu alimenté par des branches de chêne apportées, tels des drapeaux, par des jeunes gens robustes.
De nombreuses personnes tenaient un cierge allumé à la main, écoutant des chants orthodoxes diffusés par un puissant système de sonorisation.
Sur un podium monté devant la cathédrale, entouré par une dizaine de prêtres en chasubles rouges, le patriarche Pavle, portant une tiare en forme d’oignon, incrustée de pierres précieuses et d’icônes miniatures, a béni et allumé la branche de chêne qui, dans la tradition orthodoxe, symbolise le bois apporté par les bergers dans l’étable de Bethléem pour réchauffer Jésus.
«Le bois de chêne est le plus dur et le plus clair lorsqu’il brûle. C’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui lorsque nous ne l’introduisons pas dans nos demeures mais le brûlons ici dans la rue. Sa force doit nous conforter en ces temps tumultueux», a dit Mgr Pavle.
«Je souhaite un joyeux Noël à tous ceux qui le célèbrent dans leurs demeures et à tous les gens de bonne volonté qui pensent autrement», a-t-il ajouté dans une allusion à la crise qui secoue la Serbie depuis sept semaines.
A l’issue de la cérémonie religieuse, alors que quelques feux d’artifice illuminaient le ciel, le rassemblement a pris un caractère plus politique. Les jeunes sympathisants de l’opposition se sont remis à souffler dans leurs sifflets, certains ont scandé «Vesna, nous t’aimons», d’autres ont crié simplement «Vuk, Vuk» pour exprimer leur sympathie à Vuk Draskovic.
«C’est magnifique», a dit Mme Pesic. «Cette fête s’associe avec notre désir de liberté, de dignité, notre lutte pour nos droits et notre avenir».
Des dizaines de milliers de personnes ont alors retraversé à pied le centre de Belgrade, au milieu d’un concert de sifflets et de cornes de brume, qui continuait toujours peu avant minuit.
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