L’Unesco consacre jeudi et vendredi à l’ancien président un colloque sur le thème de la paix et du développement auquel devraient participer de nombreuses personnalités dont Yasser Arafat, Shimon Pérès, Boutros Boutros-Ghali, Fidel Castro et Mario Soarès.
Georges-Marc Benamou a été le confident de François Mitterrand pendant trois ans. «A l’hiver de sa vie, je l’ai rencontré chaque semaine. Il avait décidé de m’ouvrir sa porte, de me parler, de s’expliquer, de se laisser voir. Il me répétait: «Notez, notez tout... et dites-leur que je ne suis pas le diable», écrit-il dans la préface comme pour se dédouaner d’avoir fait œuvre de voyeur.
Car le récit qui ouvre cet ouvrage est terrible. Il décrit le dernier réveillon de Nouvel An d’un vieil homme très malade, «un moribond», écrit Benamou qui, à quelques jours de sa mort, se livre au regard des siens pour dévorer huîtres et ortolans.
Puis le journaliste raconte la période qui commence à l’automne 1994 avec «la maladie qui gagne chaque jour du terrain», après la seconde opération. François Mitterrand, tel un Louis XV, est entouré de médecins conciliabules et qu’il s’amuse à diviser.
La seule chose qui le distrait de sa douleur, c’est «l’évocation de la présidentielle (qui) le met en appétit. «Il y a chez Mitterrand le désir de vibrer, de penser à autre chose qu’à la mort. Depuis octobre, par rejet de Balladur, en raison de l’absence de la gauche, par envie de se distraire dans cette campagne si terne, il suit Chirac de près».
Impitoyable, mais
pas méchant
D’après Benamou, Mitterrand enverra un émissaire au maire de Paris pour l’engager à annoncer rapidement sa candidature et à le faire d’un lieu symbolique. Le 4 novembre, Jacques Chirac se portait candidat, dans les colonnes de la Voix du Nord, le quotidien de Lille, ville natale de Charles de Gaulle.
A l’Elysée, on démentait qu’«à aucun moment, un quelconque émissaire, quel qu’il soit» ait été adressé par François Mitterrand à Jacques Chirac, qui disait-on, a pris sa décision «dès la fin du mois d’octobre».
Georges-Marc Benamou n’étaye pas son information. Son livre ne prétend d’ailleurs pas être une enquête mais une somme de «choses vues». Son récit est cru, impitoyable parfois, mais sans méchanceté, ce qui tend à le rendre crédible, même si l’on peut se demander si François Mitterrand souhaitait vraiment être dépeint ainsi. Ultime paradoxe...
Dans son «Portrait d’un artiste», Alain Duhamel décrit la personnalité de l’ancien président, tel qu’il l’a vu en trente ans et «une soixantaine» d’interviews. En préambule, il sort sa carte de mitterrandologue patenté, mais objectif.
«J’ai bien connu François Mitterrand (...) Je n’ai jamais appartenu au cercle de ses proches encore moins à la cohorte de ses obligés. Je ne partageais pas nombre de ses points de vue».
Duhamel éprouve une admiration certaine pour l’objet de son étude même s’il estime que «le mythe personnel demeurera (...) plus que l’empreinte politique». «François Mitterrand n’est pas un grand homme au sens où le terme s’applique au général de Gaulle, mais c’est un grand personnage (...) Le chef-d’œuvre de cet artiste de la politique, c’est en quelque sorte lui-même».
Un artiste de
la politique
Dieu, l’amitié, la guerre, le pouvoir, «le paradoxe économique», Alain Duhamel s’attache à décrire les différentes facettes de François Mitterrand, sans éluder les zones d’ombre.
«Parce qu’il est le premier président de la Ve République issu de la gauche, parce qu’il est le premier homme d’Etat socialiste français à avoir bénéficié du privilège de la durée, (...) François Mitterrand porte une responsabilité particulière. Il voulait changer la société: il n’a pas pu le faire; il entendait réduire les inégalités: elles se sont accrues considérablement», souligne-t-il.
Alain Duhamel reconnaît des succès à l’ancien président, dont sa politique étrangère. Son livre n’est ni un panégyrique ni une charge. Il est écrit avec talent mais le champ d’exploration est peut-être trop large pour apporter en si peu de pages autre chose que l’opinion d’une grande plume parisienne sur un homme qui a déjà fait couler des fleuves d’encre.
Laurent Fabius, qui fut le deuxième premier ministre de François Mitterrand et son héritier politique putatif, en dit en tout cas grand bien.
«Je puis témoigner de la pertinence de beaucoup des analyses d’Alain Duhamel, dont la langue subtile sait dépeindre avec une grande justesse le syncrétisme particulier de François Mitterrand», écrit-il dans Le Figaro, en précisant ne pas partager son avis sur le bilan social des deux septennats.
«J’ai confiance dans le jugement de l’Histoire», confiait François Mitterrand à la fin de sa vie à Roland Dumas, aujourd’hui président de l’institut consacré à sa mémoire.
La Fondation François-Mitterrand permettra aux chercheurs ou aux journalistes de consulter les archives de l’ancien président. La moitié de son capital — deux millions de FF — a été apportée par le ministère de la Culture à la demande de Jacques Chirac, explique Roland Dumas dans un entretien au Monde.
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