Après plusieurs incidents impliquant des diplomates L'immunité diplomatique remise en question par l'opinion américaine

WASHINGTON, 7 Janvier (AFP). — Plusieurs incidents mettant en cause des diplomates, dont un accident de voiture ayant provoqué la mort d’une adolescente en plein centre de Washington, ont soulevé l’indignation aux Etats-Unis où l’immunité diplomatique est à nouveau remise en question.
Le dernier incident en date, impliquant un diplomate georgien a causé ce week-end la mort d’une jeune fille de 16 ans dans un spectaculaire carambolage dû, selon la police, à la vitesse et à l’alcool. Au total, cinq voitures ont été endommagées et trois personnes ont été blessées dans cette collision, la première de l’année dans la capitale fédérale.
Le diplomate, Gueorgui Makharadze, 35 ans, en poste à l’ambassade de Georgie ne souffre que d’égratignures et la famille de la victime, récemment immigrée du Brésil, voudrait poursuivre en justice le gouvernement georgien.
«Il s’agit d’un meurtre et nous devons avoir une possibilité de recours, le public et les habitants de Washington en ont ras-le-bol», affirme l’avocat de la famille. Il souhaite que l’immunité diplomatique soit levée, une mesure que le département d’Etat pourrait envisager «si un juge local engage des poursuites criminelles», selon un porte-parole de ce département.
(A Tbilissi, le président Chevardnadzé a affirmé que M. Makharadzé devrait «assumer ses responsabilités» et le ministère georgien des Affaires étrangères s’est déclaré lundi dans un communiqué «prêt à coopérer avec toutes les structures américaines pour éclaircir les circonstances de l’accident»).
Des diplomates sont également sur la sellette à New York, où le maire Rudolph Giuliani, a demandé vendredi que deux représentants à l’ONU, un Russe et un Bélarusse qui ont eu une altercation avec des policiers new-yorkais, quittent leurs postes aux Nations Unies.
Boris Obnossov, premier secrétaire du représentant permanent de la Russie aux Nations Unies, et Youri Orange, premier secrétaire à la mission bélarusse de l’ONU, ont été interpellés le 29 décembre dernier après leur altercation avec la police qui venait de leur remettre un procès-verbal pour stationnement illégal.
Les deux diplomates «sentaient l’alcool et avaient des difficultés à parler» a précisé la police. Les diplomates, quant à eux, mettent en cause la brutalité de la police et demandent des excuses.
Les incidents impliquant des diplomates sont légion aux Etats-Unis, où vivent quelque 100.000 représentants étrangers. Parmi eux, toutefois, seuls 18.000 bénéficient d’une totale immunité diplomatique, en accord avec la convention de Vienne.
En 1993, le sénateur ultra-conservateur de Caroline du Nord Jesse Helms avait lancé une croisade contre les représentants de plusieurs pays qui refusaient de payer quelque 6 millions de dollars de contraventions.
Dans un des incidents les plus notables, un sénateur de Pennsylvanie, Richard Schweiker, avait demandé en 1977 la suspension de l’aide à Panama jusqu’à ce que soit dédommagé un médecin de Washington, paralysé à vie à la suite d’un accident de voiture provoqué par un diplomate panaméen.
L’ambassade s’était refusée à payer les frais d’hospitalisation de la victime qui se montaient à 250.000 dollars. Le diplomate, un attaché culturel à l’ambassade du Panama qui avait brûlé un feu rouge, n’avait pas été traduit en justice, ni rappelé par son gouvernement ou expulsé.