Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

83 personnes sont encore retenues à l'ambassade du Japon au Pérou La vie d'otage: "séjour touristique et cure d'amaigrissement..."

83 PERSONNES SONT ENCORE RETENUES A L’AMBASSADE DU JAPON AU PEROU
LA VIE D’OTAGE: «SEJOUR TOURISTIQUE
ET CURE D’AMAIGRISSEMENT…»
LIMA, 31 Décembre (AFP). — Ils ont appris à partager le pain, les corvées de nettoyage, jusqu’à celle des lieux d’aisance, tout cela sans eau: les ambassadeurs, diplomates, ministres et hommes d’affaires, rien que des «gens chic», retenus en otages depuis deux semaines dans la somptueuse résidence japonaise de Lima se sont adaptés petit à petit à des conditions de vie inconnues dans leur milieu social.
Tout ça depuis qu’une poignée de guérilleros guévaristes du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA), fortement armés, ont fait irruption le 17 décembre au soir dans les jardins de l’ambassadeur Morihisa, qui avait convié plus de 700 personnes triées sur le volet à célébrer de l’anniversaire de l’empereur Akihito.
En quelque 15 jours, les détails anecdotiques relevés dans les témoignages d’otages libérés se sont accumulés. Dans les premières heures du coup de force des guérilleros, après la libération de toutes les femmes, plusieurs centaines de personnalités, confinées dans les salons diplomatiques, allaient connaître la condition d’otage. Il était donc fatal, se souvient le photographe Roberto Cores, que l’on commence à repérer les ronfleurs et à entendre des «explosions nocturnes». Certains fumaient et il a fallu leur rappeler que c’était interdit par la loi.
A un autre moment, les conversations allaient bon train, au milieu de rires et d’éclats de voix, entre un groupe d’otages et Nestor Cerpa, le chef du commando, au point d’intriguer le reste des insurgés, a révélé l’écrivain Francisco Sagasti.
Soixante personnes que le commando avait assignées dans une pièce de sept mètres sur cinq ont décidé de se diviser en deux groupes, les uns dormant la nuit et l’autre le jour, raconte Alfredo Torres, directeur de l’Institut de sondages Apoyo, qui en a profité pour faire son propre sondage parmi les captifs. De ce sondage, il ressortait que les forces de sécurité avaient failli. Exact, commenta Cerpa. «Je suis entré à pied dans la résidence, sans rencontrer personne».
«Nous nous sommes partagés à quatre un plateau de nourriture, puis dans la nuit un pain à trois», se souvient Alvaro Becerra, ex-ministre de l’Industrie et directeur exécutif à Lima du bureau de l’entreprise japonaise Mitsubishi.
Chaque groupe d’otages avait rapidement désigné des «délégués» chargés de la répartition des aliments fournis par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
«Je n’aurais jamais pensé avoir à partager un coin de tapis avec autant de gens pour dormir, si peu de nourriture et d’eau pour survivre», assure pour sa part le recteur de l’Université de San Marcos, Manuel Paredes.
Son collègue de l’Université d’ingénierie, Javier Sota Nadal, raconte avoir participé à une séance quotidienne de relaxation organisée par un Japonais.
«Un médecin de l’OMS nous a expliqué comment éviter les diarrhées et quand nous avons décidé d’apposer des pancartes aux fenêtres, pour faire passer des messages, nous avons utilisé le rouge à lèvres de la femme de l’ambassadeur du Japon», ajoute-t-il.
«Nous avons également décidé d’un commun accord de tout faire pour garder les toilettes propres», ajoute-t-il. «Nous avons tenté de ne pas gâcher le peu d’eau des récipients et quelqu’un a suggéré de faire ses besoins dans des sacs en plastique», ajoute l’écrivain Francisco Sagasti.
«C’est la première fois que je rentre chez moi avec cinq jours de retard après une réunion et que ma femme ne me dit rien», s’amuse Romulo Munoz Arce, porte-parole du Jury national des élections.
Pour lui comme pour de nombreux otages libérés, «le moment le plus émouvant» fut celui où le prêtre jésuite Juan Julio Wicht demanda à ne pas être libéré. «Puis-je rester? Je veux aider ceux qui restent», a-t-il dit.
Un geste diamétralement opposé à celui du maire du quartier huppé de Miraflores, Fernando Andrade, qui est parvenu à s’échapper en courant le lendemain de la prise d’otages.
Seul vrai point noir au tableau: pas d’électricité, pas de télévision. Certains l’ont bien pris. «C’était toujours les mêmes informations, je me sentais comme une vache en train de ruminer la même chose», selon un ambassadeur européen.
Quand «nous avons vu Andrade interrogé à la télévision, certains dans mon groupe ont exprimé leur désaccord avec son évasion», ajoute Francisco Sagasti.
Et lorsque le MRTA a annoncé la libération d’un autre groupe d’otages, un boursier a résumé ainsi leur expérience: «Nous avons vécu un séjour de tourisme d’aventure, quatre jours tous frais payés, avec programme d’amaigrissement et pour couronner le tout, un séjour en territoire japonais».
83 PERSONNES SONT ENCORE RETENUES A L’AMBASSADE DU JAPON AU PEROULA VIE D’OTAGE: «SEJOUR TOURISTIQUEET CURE D’AMAIGRISSEMENT…»LIMA, 31 Décembre (AFP). — Ils ont appris à partager le pain, les corvées de nettoyage, jusqu’à celle des lieux d’aisance, tout cela sans eau: les ambassadeurs, diplomates, ministres et hommes d’affaires, rien que des «gens chic», retenus en otages...