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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Dix ans après sa mort, le rêve de paix de Hussein de Jordanie reste une chimère

Le décès du souverain jordanien, médiateur de choix, a constitué un revers pour les efforts diplomatiques au Proche-Orient.
Le 7 février 1999, le roi Hussein de Jordanie s'éteignait à l'âge de 63 ans. Dix ans après, la réalisation de son rêve d'une paix entre Arabes et Israéliens n'a jamais semblé aussi lointaine.
Aux commandes de son pays pendant près d'un demi-siècle, un des règnes les plus longs que le monde ait connu, Hussein rêvait de réconciliation entre Arabes et Israéliens, « des cousins, tous fils d'Abraham », aimait-il souligner. « Le roi Hussein n'hésitait pas à prendre des risques au nom de la paix, contactant les Israéliens dès les années 1960 », a relevé un de ses Premiers ministres, Taher Masri. Il est mort d'un cancer après avoir signé moins de cinq ans plus tôt, en octobre 1994, un traité de paix avec Israël, dirigé alors par le Premier ministre Yitzhak Rabin, assassiné en novembre 1995. Lors des obsèques de Rabin, le roi Hussein avait déclaré que la mort de son ennemi d'hier, devenu son ami, lui faisait « craindre pour le futur de la paix ».
« La mort de Rabin a constitué sans aucun doute un revers pour les efforts de paix entre Arabes et Israéliens, tous les autres dirigeants israéliens ayant trahi l'engagement de paix », a affirmé l'analyste politique Moustapha Hamarneh. « Le roi Hussein a joué un rôle crucial dans l'acceptation par les Arabes des résolutions 242 et 338 » du Conseil de sécurité, qui ont constitué les bases des négociations, « il aurait pu aujourd'hui influencer le Hamas à tempérer ses positions », a-t-il estimé. Pour M. Masri, le geste du roi Hussein pour sauver la vie du chef du Hamas, Khaled Mechaal, « en aurait fait un médiateur de premier choix avec le Hamas ». Le roi Hussein avait menacé d'annuler le traité de paix avec Israël si l'État hébreu ne fournissait pas l'antidote au poison injecté par des agents du Mossad à Khaled Mechaal, en novembre 1997, lors d'une tentative d'attentat à Amman. Israël a obtempéré.
Mais le roi Hussein est aussi « un champion de la manœuvre qui œuvrait pour les intérêts de son pays, tout en étant engagé dans la paix et la solution de la question palestinienne sans qu'aucun de ces éléments n'affecte l'autre », a pour sa part estimé le chercheur au Centre d'études stratégiques de Jordanie, Mohammad al-Masri. « Respecté, même par ses ennemis, le roi Hussein a laissé un vide que négociateurs palestiniens et israéliens n'ont pas réussi à combler », a-t-il ajouté.
La ferveur du roi Hussein dans la recherche de la paix a été particulièrement remarquée lorsque, mourant, il se rendit en octobre 1998 à Wye Plantation, aux États-Unis, pour tenter d'accélérer le processus entre Palestiniens et Israéliens. Le président Bill Clinton lui avait rendu hommage, et Hussein, affaibli, le visage marqué par la maladie, avait affirmé : « N'aurais-je eu qu'un grain de force, j'aurais fait de mon mieux pour être ici et me rendre utile de quelque manière. »
Le sénateur et ancien Premier ministre Fayez Tarawneh relève toutefois que vu les développements de cette décennie, notamment les attaques du 11 septembre 2001 et les deux guerres qui en ont résulté en Afghanistan et en Irak, « les relations internationales ont considérablement changé ». « La modération du roi Hussein était réelle tout comme son engagement dans la paix, mais cette période est tellement tendue qu'elle nécessite un miracle, et je me demande si le roi Hussein aurait pu le réaliser », a-t-il dit.

Randa HABIB (AFP)
Le 7 février 1999, le roi Hussein de Jordanie s'éteignait à l'âge de 63 ans. Dix ans après, la réalisation de son rêve d'une paix entre Arabes et Israéliens n'a jamais semblé aussi lointaine.Aux commandes de son pays pendant près d'un demi-siècle, un des règnes les plus longs que le monde ait connu, Hussein...
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