Le protocole d'accord - censé préparer la conclusion d'un contrat commercial en bonne et due forme - concerne « l'implantation en Inde de deux à six réacteurs EPR, dont les deux premiers devraient faire l'objet d'un contrat dans l'année », a annoncé Anne Lauvergeon, présidente d'Areva, en visite à New Delhi.
Elle a paraphé le texte avec le patron de l'agence de l'énergie atomique d'Inde (Nuclear Power Corporation of India Limited, NPCIL), S.K Jain, en présence de la secrétaire d'État française au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, et de ministres indiens.
« L'Inde est un partenaire et un client de premier ordre, qui attend beaucoup car elle a d'immenses besoins énergétiques », a ajouté Mme Lauvergeon en promettant « le plein engagement » de son groupe pour livrer, non seulement ces réacteurs, mais aussi « du combustible pendant toute leur durée de vie », soit 60 ans.
Ils seraient construits à Jaïtapur dans l'État occidental du Maharashtra, dont Bombay est la capitale.
« Nous fondons de grands espoirs sur l'EPR. Jaïtapur est un premier pas. Nous sommes pleinement engagés à nous doter de 20 000 mégawatts au minimum d'ici à 2020 et nous pourrions être plus proches de 30 000 MW », a déclaré le ministre indien adjoint à l'Énergie, Jairam Ramesh.
La troisième économie d'Asie et dixième mondiale - avec 7 % de taux de croissance attendu pour 2008-2009 - importe 70 % de ses besoins en pétrole et manque cruellement d'électricité. Le troisième pollueur de la planète commence aussi à reconnaître qu'il lui faut réduire ses émissions de carbone.
L'Inde compte actuellement 17 réacteurs nucléaires en activité, dont deux construits par les Russes, qui fournissent 3 % de l'électricité du pays, selon le Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Le poids lourd asiatique rêve de porter cette part à 25 % en 2050.
« L'énergie nucléaire est la meilleure chose à faire en termes économiques et écologiques », a plaidé Mme Idrac.
Le coût d'un EPR est évalué entre 4 et 6 milliards d'euros, mais il faudra encore des mois de négociations financières et techniques, ont répété Indiens et Français.
Toutefois, « nous prévoyons de construire plusieurs réacteurs avec des pays amis, comme la France, les États-Unis et la Russie », a assuré Prithviraj Chavan, du cabinet du Premier ministre indien.
De fait, les premiers pas d'Areva sont rendus possibles par la levée l'été dernier par la communauté internationale d'un embargo vieux de 34 ans sur le commerce mondial dans le nucléaire civil avec l'Inde, puissance atomique militaire qui a toujours refusé de signer le Traité de non-prolifération (TNP).
Grâce à un régime dérogatoire accordé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et le groupe des 45 pays fournisseurs de technologies nucléaires (NSG), l'Inde a pu signer depuis septembre dernier des accords politiques de coopération dans le nucléaire civil avec Paris, Washington et Moscou.
Et « la coopération nucléaire entre l'Inde et la France est annonciatrice d'une relation politique beaucoup plus intime », s'est félicité le ministre Ramesh.