M. Geagea a débuté sa conférence de presse en évoquant le cas de notre consœur May Chidiac qui avait annoncé mardi soir, dans un moment de grande émotion, en direct sur les ondes de la LBC, qu'elle quittait la chaîne pour laquelle elle a travaillé pendant plusieurs années parce qu'elle refuse de se livrer à des compromissions remettant en cause ses convictions. Le leader des FL a rendu un vibrant hommage à May Chidiac sur ce plan, mettant l'accent sur l'importance de son attachement à ses convictions et soulignant que « le Liban se serait porté beaucoup mieux si de nombreux politiciens et journalistes accordaient autant d'importance à leurs convictions que ne le fait May Chidiac ». Commentant les propos de notre consœur qui a exprimé le souhait d'une réconciliation entre le PDG de la LBC et M. Geagea, celui-ci a précisé qu'aucun conflit d'ordre personnel ne l'oppose à Pierre Daher. « Le problème, a-t-il souligné, se pose entre les Forces libanaises et Pierre Daher, et c'est l'essence de ce problème qui a poussé May Chidiac à démissionner car la LBC n'est plus l'institution porte-étendard de la cause pour laquelle elle avait été fondée. Elle a dévié de la mission que les Forces libanaises avaient confiée à Pierre Daher en 1985 » (lors de l'ouverture de la LBC par les FL).
Abordant ensuite la conjoncture sur le plan local, M. Geagea a commencé par déplorer le niveau atteint par le débat politique dans le pays. En ce qui concerne la polémique relative aux écoutes téléphoniques, le leader des FL a relevé que le problème tel qu'il est posé est un faux problème, en ce sens qu'il ne se pose pas au niveau des modalités et des conditions d'application de la loi 140 sur les écoutes téléphoniques, qui date de 1999, a-t-il précisé. À l'appui de son point de vue, M. Geagea a rappelé les circonstances de l'assassinat du député Antoine Ghanem qui avait été victime d'un attentat 48 heures après son retour de voyage. Le leader des FL a souligné à ce propos que la visite qu'Antoine Ghanem avait effectuée à l'avocat Samir Chebli à Sin el-Fil - où il a été assassiné - n'était pas prévue à l'avance et n'a été décidée qu'au cours d'un appel téléphonique entre les deux hommes. « Tous les indices montrent que quelqu'un surveillait les appels d'Antoine Ghanem et par le biais de ces écoutes, ils ont su qu'il allait se rendre chez l'avocat » (à Sin el-Fil). Et M. Geagea d'ajouter que ce sont ces écoutes effectuées d'une manière illégale, en dehors du cadre de l'État, et qui ont conduit à certains assassinats, qu'il faudrait combattre.
En ce qui concerne le Conseil du Sud, le leader des FL a d'abord rappelé que cet organisme avait été formé au départ afin d'indemniser les habitants du Sud ayant subi des préjudices dans leurs biens à la suite de bombardements israéliens. Mais depuis la fin de l'occupation, en 2000, a souligné M. Geagea, cet organisme s'est transformé en un « conseil du développement du Liban-Sud ». « Il est devenu une république en soi qui échappe au contrôle des organismes étatiques, a déclaré le leader des FL. Il pompe de l'argent de l'État et en dispose à sa guise sans que nul n'ait un droit de regard sur l'utilisation de ces fonds. Nous n'avons pas d'inconvénient à ce que le Conseil du Sud soit maintenu en l'état actuel, mais à condition de former parallèlement d'autres conseils fonctionnant de la même façon pour la Békaa, le Mont-Liban et le Liban-Nord. Mais il faut alors être conscient du fait que nous nous engageons sur la voie de la décentralisation. »
Proposant des solutions pour dépasser la polémique actuelle, M. Geagea a déclaré qu'il soutenait la proposition d'Amal d'abolir tous les organismes semblables au Conseil du Sud (Caisse des déplacés, Haut Comité de secours...) pour les remplacer par des ministères. Il a d'autre part pressé le Premier ministre Fouad Siniora à soumettre son projet de budget au vote en Conseil des ministres, se demandant si les ministres aounistes iraient jusqu'à bloquer l'approbation du budget pour les 60 milliards de LL réclamés par Nabih Berry pour le Conseil du Sud.