À peine avait-il prononcé quelques mots sur la place Trioumphalnaïa, dans le centre-ville, que l'écrivain Edouard Limonov, 65 ans, était brutalement arrêté dans la plus grande confusion après avoir été jeté à terre. « En dehors de Limonov, entre 10 et 15 personnes » ont été appréhendées au cours de cette manifestation non autorisée près de la statue du poète soviétique Vladimir Maïakovski, a déclaré le porte-parole de l'écrivain, Alexandre Averine. D'impressionnants détachements de membres des forces antiémeute et d'agents en civil étaient déployés dans les environs immédiats et un hélicoptère survolait la scène. Un petit rassemblement communiste, autorisé celui-là, avait auparavant eu lieu à cet endroit.
Une dizaine d'opposants proches de l'ex-champion du monde d'échecs Garry Kasparov ont de leur côté été interpellés dans un autre quartier de la capitale russe, près de la station de métro Polianka. Une cinquantaine de membres du Front civique uni et d'Oborona (« Défense ») avaient commencé à défiler, en scandant : « Nous avons besoin d'une autre Russie ! » et « La Russie sans Poutine ! » avant que des jeunes gens brusquement sortis de voiture, certains masqués, ne se mettent à les frapper avec des bâtons. Le chef du mouvement de jeunesse d'opposition « My » (« Nous »), Roman Dobrokhotov, qui avait interrompu à la fin de l'année dernière un discours au Kremlin du président Dmitri Medvedev, a été également arrêté près du siège du gouvernement, a annoncé Interfax. Selon cette agence, la police de Moscou a fait état de 41 personnes appréhendées dans l'ensemble de la capitale.
Dans le même temps, non loin de la place Rouge, une manifestation du parti au pouvoir Russie unie a réuni 5 000 personnes, selon les organisateurs. Les participants ont crié « Medvedev ! Poutine ! Nous allons gagner ensemble ! ». Les chaînes de télévision russes, contrôlées par le régime, ont diffusé des images de ce rassemblement, mais fait l'impasse sur les interpellations d'opposants.
Parallèlement, hier, plusieurs centaines de personnes ont exigé que cessent les « meurtres politiques » en Russie, lors d'une manifestation à Moscou à la mémoire d'un avocat spécialiste des droits de l'homme et d'une journaliste tués le 19 janvier dans la capitale russe.