Baisse record de la production, hausse brutale du chômage, consommation en chute libre : autant de confirmations de la gravité de la récession au Japon, où les entreprises annoncent des pertes colossales et licencient massivement.
Selon des statistiques officielles, la production industrielle s'est effondrée de 9,6 % en décembre sur un mois - un nouveau record historique -, le taux de chômage a bondi d'un demi-point de pourcentage à 4,4 %, la consommation des ménages a accéléré sa dégringolade entamée il y a dix mois (-4,6 %) et le retour à la déflation se confirme dans la deuxième économie mondiale, les prix à la consommation n'ayant augmenté que de 0,2 % sur un an.
Les géants japonais de l'électronique, Sony, Hitachi, NEC, Toshiba, tombent les uns après les autres dans le rouge, victimes totalement impuissantes d'une chute des commandes, d'une baisse infernale des prix et d'un yen qui n'en finit pas de grimper. NEC va ainsi supprimer 20 000 emplois dans le monde tandis que Hitachi va licencier 7 000 personnes et achever l'année sur une gigantesque perte nette de 700 milliards de yens (5,8 milliards d'euros). La Bourse de Tokyo a reflété cette journée noire avec une dégringolade de 3,12 % en clôture.
Le chômage monte aussi en flèche dans la zone euro, avec un taux de 8 % en décembre, le plus haut depuis novembre 2006, contre 7,9 % le mois précédent.
Les chiffres ne seront connus que lundi pour la France, mais le gouvernement prévoit sans surprise de « mauvais chiffres ». Jeudi, des manifestations massives ont rassemblé entre 1 et 2,5 millions de personnes dans un mouvement de protestation contre la politique économique du président Nicolas Sarkozy.
L'attention des marchés financiers restait focalisée sur la situation des banques les plus fragiles. Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a d'ailleurs critiqué jeudi ces marchés, estimant qu'ils exigeaient des ratios de capitaux des banques trop élevés.
L'action BNP Paribas était en net rebond (+4,80 %) après l'annonce par le gouvernement belge d'un accord sur la vente au groupe français d'actifs belges de la holding financière Fortis.
Selon cet accord, BNP Paribas renonce à racheter l'essentiel des activités d'assurances de Fortis afin d'apaiser la colère des petits actionnaires de la banque belgo-néerlandaise dans un feuilleton qui a déjà provoqué la démission du Premier ministre belge, Yves Leterme.
Quant au groupe franco-belge Dexia, secouru fin septembre par les gouvernements français, belge et luxembourgeois, il a annoncé, lui, la suppression de 900 emplois, soit 2,5 % des effectifs, afin de réaliser 200 millions d'euros d'économies dès cette année. La banque a annoncé en parallèle une perte nette estimée à 3 milliards d'euros en 2008.
En Allemagne, une réunion est prévue à la chancellerie à Berlin pour plancher sur la création d'une « structure de défaisance » au sein de chaque banque ayant besoin d'éliminer des actifs « toxiques ». Une société de défaisance est une structure qui rachète les actifs dégradés des banques avec l'objectif de les revendre plus tard une fois la situation normalisée.
Aux États-Unis, la banque d'affaires américaine Morgan Stanley envisage de licencier « plus de 5 % » de ses 47 000 employés, soit plus de 2 300 d'entre eux, et sa concurrente Goldman Sachs réfléchit également à des réductions de postes, a indiqué vendredi le Wall Street Journal.
Sur le front des changes, l'euro continuait de reculer à environ 1,2875 dollar, du fait d'une inflation dans la zone au plus bas depuis dix ans à 1,1 % en janvier, ce qui renforce les attentes d'une nouvelle baisse des taux de la BCE.