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Politique - Liban-Sud

Israël intensifie ses opérations ciblées : un cadre du Hamas assassiné à Saïda

L'émissaire américaine Morgan Ortagus est arrivée à Beyrouth.

Israël intensifie ses opérations ciblées : un cadre du Hamas assassiné à Saïda

L’appartement détruit par une frappe israélienne à Saïda, le 4 avril 2025. Mahmoud Zayyat/AFP

L'armée israélienne a frappé, à 3 heures du matin dans la nuit de jeudi à vendredi, un appartement résidentiel en plein cœur de Saïda, au Liban-Sud. Elle a ensuite affirmé avoir éliminé Hassan Farhat, « commandant du secteur-ouest du Hamas au Liban ». Selon le porte-parole arabophone de l’armée israélienne Avichay Adraee, la cible avait « fomenté plusieurs plans terroristes contre l’armée israélienne et des citoyens israéliens, et est responsable du lancement de roquettes contre la région de Safed qui avait provoqué la mort d’une soldate israélienne et blessé d’autres militaires, le 14 février 2024 ». La frappe a aussi tué le fils (qui est également membre du Hamas) et la fille du responsable. Dans une vidéo parvenue à L’Orient-Le Jour, on peut voir un appartement, au quatrième étage d'un bâtiment, complètement en feu, la façade soufflée. Il est situé dans le quartier Dalaa, à quelques dizaines de mètres du Sérail gouvernemental. Les obsèques de Hassan Farhat et de ses deux enfants ont été organisées vendredi après-midi à Saïda, le Hamas ayant demandé aux habitants des camps palestiniens de participer en masse. Dans son éloge funèbre, le mouvement palestinien a souligné le « rôle essentiel de Hassan Farhat, originaire de la ville de Bassa, située près dans la ville d'Acre, et ses contributions sur la voie du jihad et de la résistance, ainsi que sa lutte de longue haleine contre l'ennemi israélien ». Une photo de Hamza Farhat et de son fils, aux côtés de son beau-frère, Mohammad Bachacha, a circulé sur les réseaux sociaux. Ce dernier avait été tué avec l'ancien chef adjoint du bureau politique du Hamas, Saleh el-Arouri, éliminé dans une frappe israélienne contre la banlieue sud de Beyrouth, le 2 janvier 2024.

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Les habitants sous le chocVendredi matin, les habitants du quartier visé étaient toujours sous le choc. « J'ai été réveillé par une énorme explosion. J'ai sursauté dans mon lit puis accouru dans la chambre de ma petite fille, nous nous sommes cachés dans la salle de bain », confie à notre correspondant un habitant de l'immeuble situé en face de celui touché. « Je ne savais pas où l'explosion s'était produite, mais je pensais que c'était dans mon immeuble tellement la détonation était forte, avant de voir l'immeuble d'en face prendre feu », poursuit-il. Dans l'immeuble juxtaposé à celui visé, Em Ehsan n'a pas été épargnée non plus. « Je me préparais à prier quand j'ai entendu l'explosion. Je suis tombée par terre et n'avais pas la force de me relever. La fumée remplissait la maison, à tel point que j'allais suffoquer. J'avais peur de mourir sans que personne ne le sache », déplore-t-elle.Le chef du conseil municipal de Saïda, Hazem Khodr Badih, s'est rendu sur le lieu de la frappe et a dénoncé une attaque « inacceptable » qui expose des civils au danger de mort à Saïda comme dans le reste du Liban-Sud et dans la banlieue sud de Beyrouth.

Nawaf Salam condamneRéagissant à ce raid, le chef du gouvernement Nawaf Salam a estimé que « le ciblage de la ville de Saïda, ou de toute autre région libanaise, constitue une atteinte flagrante à la souveraineté libanaise et une violation manifeste de la résolution 1701 et de l'accord sur les arrangements sécuritaires pour la cessation des hostilités ». Il a souligné la nécessité d'« exercer une pression maximale sur Israël pour l'obliger à mettre fin aux attaques incessantes qui visent divers secteurs, en particulier les zones résidentielles », plaidant en faveur d'une « cessation complète des opérations militaires ».De son côté, le responsable des relations palestiniennes au sein du Hezbollah, l'ancien député Hassan Hoballah, a condamné cette « agression sioniste flagrante » qui a « terrorisé les civils dans leurs maisons et a visé des bâtiments habités, entraînant le martyre d'une famille entière ». Il a appelé l'État et le gouvernement libanais à « assumer l'entière responsabilité nationale et travailler avec diligence pour mettre fin à cette agression persistante et flagrante ».Par ailleurs, sur le terrain, des pamphlets israéliens ont été retrouvés placardés sur certaines habitations endommagées dans le village de Kfar Kila (caza de Marjeyoun), selon des informations circulant en ligne. Ces documents indiquent que les bâtiments visés auraient été utilisés par des combattants du Hezbollah et appellent les habitants à empêcher le retour du parti chiite dans le secteur.Ces développements sont intervenus quelques heures avant l'arrivée à Beyrouth vendredi dans l'après-midi de l'émissaire américaine Morgan Ortagus. Selon nos informations, elle devrait adopter un ton intransigeant avec les Libanais lors de sa tournée samedi, réclamant un calendrier sur le désarmement du Hezbollah et des négociations politiques entre le Liban et Israël sur leur frontière. Dans ce contexte, le mufti jaafarite Ahmad Kabalan – un porte-parole officieux du Hezbollah – a exhorté, vendredi, le gouvernement à adopter une position qui « reflète l'ampleur des défis auxquels le Liban est confronté ». « Succomber aux conditions américaines conduirait à la destruction de l'infrastructure et de la stabilité du Liban », a-t-il déclaré, lors d'un prêche dans la banlieue sud de Beyrouth. « Le Liban doit se concentrer sur la confirmation, l'organisation, le développement et l'utilisation de ses propres forces, et non sur leur élimination », a-t-il estimé.

La normalisation, « hors de question »De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Joe Raggi, a affirmé vendredi qu'il était hors de question pour le Liban de normaliser ses relations avec Israël. « Je ne sais pas ce que pensent les Israéliens, mais je sais ce que nous voulons. Nous voulons un retrait israélien définitif et inconditionnel et un retour au traité d'armistice de 1949. La normalisation est hors de question et les pourparlers politiques directs sont aussi hors de question et rejetés », a souligné M. Raggi dans un entretien à la publication de la Sûreté générale. « Nous sommes confrontés à un État doté de fortes capacités que nous ne sommes pas en mesure d'affronter militairement, c'est pourquoi nous travaillons diplomatiquement et demandons à nos amis de faire pression sur Israël pour qu'il se retire. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas eu de réponse, alors que pouvons-nous faire d'autre que des efforts politiques et diplomatiques ? » a-t-il demandé. Selon lui, « la seule solution est que les États-Unis, qui ont des intérêts avec Israël, fassent pression pour qu'il se retire du Liban, de même que la communauté internationale. Mais tout le monde nous demande d'appliquer la résolution 1701 dans son intégralité ». Le ministre a précisé que « les organismes officiels autorisés à porter des armes sont spécifiés dans l'accord d'arrêt des hostilités, à savoir l'armée, les Forces de sécurité intérieure, la Sûreté générale, les douanes et même la police municipale. C'est ce qu'ils veulent que nous mettions en œuvre, mais certains au Liban ne sont toujours pas convaincus d'appliquer ce qui est requis ».

Imbroglio entre l’armée libanaise et la Finul à Kfar Hamam

L’entrée jeudi d’une patrouille de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) dans le village de Kfar Hamam, dans le caza de Marjeyoun, sans coordination préalable avec l’armée libanaise, a provoqué un malentendu entre les deux parties. L’information a été rapportée par la chaîne du Hezbollah al-Manar et celle d’al-Mayadeen, proche du parti chiite. Selon al-Manar, l’armée libanaise a immédiatement contacté le commandement de la Finul pour exprimer son mécontentement, reprochant à des soldats du contingent finlandais d’être entrés dans le village sans s’arrêter à un barrage militaire libanais, agissant ainsi « en dehors du cadre de la coordination et du respect des règles » établies.

Interrogé vendredi par L’Orient-Le Jour, le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti, a affirmé que « le problème est résolu ». Il a démenti toute négligence de la part du bataillon finlandais et précisé que « les Casques bleus ont agi conformément à la résolution 1701 » de l’ONU. M. Tenenti a rappelé que la « Finul peut mener des activités indépendantes à l’intérieur de sa zone d’opérations ».

« Il est également important de souligner que la coordination avec l’armée libanaise est primordiale, essentielle et continue », a toutefois insisté M. Tenenti. « En même temps, la liberté de mouvement doit être garantie par les parties », a-t-il ajouté, concluant que « les soldats de la paix continueront à travailler en coordination avec l’armée à travers des activités conjointes et de manière indépendante, conformément à la résolution 1701 ».

Le porte-parole de l’armée libanaise, le général Élie Mezher, a quant à lui indiqué « ne pas avoir d’informations » sur cet incident, précisant que la Finul avait « pour coutume d’effectuer au Liban-Sud des patrouilles indépendantes ou conjointes avec l’armée libanaise », et que les premières étaient d’ordinaire réalisées selon un « horaire précis » et en informant l’armée.

L'armée israélienne a frappé, à 3 heures du matin dans la nuit de jeudi à vendredi, un appartement résidentiel en plein cœur de Saïda, au Liban-Sud. Elle a ensuite affirmé avoir éliminé Hassan Farhat, « commandant du secteur-ouest du Hamas au Liban ». Selon le porte-parole arabophone de l’armée israélienne Avichay Adraee, la cible avait « fomenté plusieurs plans terroristes contre l’armée israélienne et des citoyens israéliens, et est responsable du lancement de roquettes contre la région de Safed qui avait provoqué la mort d’une soldate israélienne et blessé d’autres militaires, le 14 février 2024 ». La frappe a aussi tué le fils (qui est également membre du Hamas) et la fille du responsable. Dans une vidéo parvenue à L’Orient-Le Jour, on peut voir un appartement, au quatrième étage d'un...
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