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Lifestyle - Vient de paraître

Retour aux sources pour Bruno Tabbal et son « pays dont on ne guérit jamais »

Il a toujours eu le goût des mots, empruntés, récités, chantés ou mis en scène. Aujourd’hui, il sort son premier roman en français aux éditions Artliban Calima, qu’il signera le 5 février*. Portrait d’un insoumis nostalgique.

Retour aux sources pour Bruno Tabbal et son « pays dont on ne guérit jamais »

Bruno Tabbal chanteur, acteur, metteur en scène, vient de publier son premier roman. Photo DR

On le connaît pour ses coups de griffe, ses coups de gueule, ses analyses politiques parfois trop enflammées, pas toujours approuvées, publiées dans les médias et sur les réseaux sociaux. On connaît aussi son côté plus crooner sur scène, plus tendre au cœur de sa nature de Chatine, son côté mieux inspiré dans ses amitiés, inconditionnelles. Encore dans la mémoire de nombreux Libanais qui l’avaient découvert il y a de (très) nombreuses années lors de sa participation à Star Academy, en 2003-2004, Bruno Tabbal, acteur, chanteur et metteur en scène, a pris un peu de recul par rapport à sa carrière pour rejoindre une nature qui l’inspire, le remplit et le comble. 

Son premier succès, rapide, presque violent, est donc arrivé avec la Star Academy libanaise. Tout alors semblait possible, et cette pseudo-liberté s’est vite transformée en boulet. « Nous étions jeunes et pas vraiment préparés à cette célébrité finalement éphémère et dangereuse où l’on vous aime pour l’image que vous projetez et pas pour qui vous êtes. Vingt et un ans plus tard, ça me fait sourire… C’était un tournant dans ma vie. J’ai fait le deuil de cette époque qui m’a beaucoup appris, même si c’était aussi à coups de douleurs et de désillusions. » Mais Bruno est un perfectionniste libre et entêté, qui veut faire les choses à sa manière, au risque de déplaire. « J’ai longtemps continué à chanter en dehors d’un système qui ne me ressemble pas, puis j’ai décidé de faire carrière comme je l’entends. Et de développer les autres facettes de ma personnalité artistique, la mise en scène, le théâtre », confie-t-il sans regrets, sans remords. Dans And Yet – publié en 2015 en anglais aux éditions Tadros, « un essai plutôt », précise-t-il, il revient sur ces onze années qui ont suivi. 

Arrivé à bon port

« Aujourd’hui, je me sens au bon endroit. Dans un équilibre qui me permet de passer 6 mois de l’année à Beyrouth où j’essaie de multiplier les projets, et 6 mois à partir du printemps à Chatine », où il retrouve ses montagnes, ses aubes, la terre et des gens simples. Le sourire aussi. 

Spectacles pour enfants, mises en scène de théâtre, concerts – son calendrier reste chargé –, c’est dans l’essentiel qu’il puise ses bonheurs. En créant Snounou en 2017 (« hirondelle » en arabe), une initiative qui lui permet d’embarquer les amoureux de grands espaces et de beaux villages libanais dans de précieuses balades, mais aussi d’aider au développement rural, culturel et touristique de la région, il se transforme en guide qui connaît chaque pierre, chaque courbure d’arbre, le bruit d’une feuille en automne, le parfum d’un coucher de soleil au printemps, le goût de chaque fruit et légume de cette région de Batroun. 

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Et plus précisément Chatine de son cœur, « mon village », comme il l’évoque, dont il n’est même pas originaire, mais où il a vécu les plus belles années de son enfance et aujourd’hui de sa vie d’adulte. Chatine, justement, qui est au cœur de son roman autobiographique, où il vient, au gré des pages, confier ses moments drôles, effrayants, ses souvenirs émouvants, construits autour d’une famille unie. Personnages de roman, le père, la mère, le frère, les amis, les voisins peuplent ces lignes qui sont également une promenade à travers les sentiers de sa vie. « J’écris tout le temps. Dans ma tête, sur papier », confie Bruno Tabbal. « J’avais commencé à rédiger ce livre en 2011. Quelques pages en fait. J’ai repris en 2022, je me sentais prêt, tout coulait de source. C’est un des projets les plus personnels et les plus importants de ma vie. Je ne voulais pas tomber dans l’autoflatterie. Je voulais aussi pouvoir tenir en haleine le lecteur et réussir à l’embarquer dans mes souvenirs. »

Bruno Tabbal, heureux rat des champs. Photo DR


Les racines de son (bien-) être

Dans Le pays dont ne guérit jamais, le récit est fluide, les images, les couleurs se succèdent, illustrant des moments privilégiés où l’enfance et l’adolescence de l’auteur se sont déroulées, ponctuées, parfumées presque d’émois. Ces découvertes de la vie qui ont eu lieu dans le contexte d’un pays noyé dans une guerre sournoise avec son lot d’angoisses. Sur ces pages de petites histoires, des aventures, légères ou plus graves, viennent se superposer des fragments de l’histoire, dans le contexte du XIXe siècle et de la période de la moutassarifiya du Mont-Liban. « J’aime cette époque, j’ai fait beaucoup de recherches pour être le plus précis possible. »

La signature de l’ouvrage aura lieu le 5 février au théâtre Monnot. Photo DR


À présent totalement intégré dans le village de tous ses souvenirs, il se plaît à organiser depuis trois ans sa fête, un moment joyeux , comme un hymne à l’amour qu’il lui porte. À la fin de la soirée, et parce qu’il lui est impossible de faire autrement, Bruno monte sur scène, prend le micro et redevient pour quelques instants son « autre », le chanteur francophone des villes. « Quand les saisons se déclinent sous mille couleurs dans les provinces de ce pays maudit, écrit-il en conclusion de son livre, il s’invite insolemment un peu plus loin au fond de notre être et s’incruste plus solidement dans nos cœurs. Jamais un territoire aussi exigu n’a réussi l’exploit de rassembler un éventail aussi impressionnant de diversité, de beauté et d’humanité. Mon pays, c’est le pays des retrouvailles, des fêtes et des célébrations constantes. Me voilà maintenant, le garçon d’hier et l’adulte d’aujourd’hui confondus, mains jointes sur ma poitrine, yeux humides et gosier sec, renouvelant secrètement l’alliance de l’âge du bonheur : “Ceci est mon pays !” Le pays dont on ne guérit jamais. » Ce pays qui est certainement celui de l’enfance…

« Je suis serein, satisfait, avec en moi un sentiment d’accomplissement et une satisfaction émotionnelle, personnelle et intellectuelle. À partir de là, mon bébé ne m’appartient plus. »

*La signature du livre « Le pays dont on ne guérit jamais » (éditions Artliban Calima) aura lieu le mercredi 5 février à partir de 17 heures au théâtre Monnot. Plus qu’une simple séance de dédicace, c’est une invitation à une expérience immersive mise en scène, what else, par Bruno Tabbal.

On le connaît pour ses coups de griffe, ses coups de gueule, ses analyses politiques parfois trop enflammées, pas toujours approuvées, publiées dans les médias et sur les réseaux sociaux. On connaît aussi son côté plus crooner sur scène, plus tendre au cœur de sa nature de Chatine, son côté mieux inspiré dans ses amitiés, inconditionnelles. Encore dans la mémoire de nombreux...
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Mauvais souvenirs

LE FRANCOPHONE

00 h 54, le 03 février 2025

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  • Mauvais souvenirs

    LE FRANCOPHONE

    00 h 54, le 03 février 2025

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