Des Palestiniens réagissent alors que des restes humains sont extraits des décombres de bâtiments dans un quartier en ruine de la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, le 22 janvier 2025, à la suite d'un accord de cessez-le-feu conclu quelques jours plus tôt entre Israël et le groupe palestinien du Hamas. Photo AFP / BASHAR TALEB
Le Hamas et son allié le Jihad islamique ont vivement critiqué dimanche la proposition du président américain Donald Trump de déplacer les Gazaouis vers l'Egypte et la Jordanie pour « faire le ménage », selon lui, dans la bande de Gaza, où une trêve fragile entre dans sa deuxième semaine. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a pas encore réagi à la proposition américaine mais Bezalel Smotrich, ministre d'extrême-droite, l'a qualifiée d' « excellente idée », affirmant que les Palestiniens pourraient « établir une nouvelle et belle vie ailleurs ».
Après plus de 15 mois de guerre à Gaza, un cessez-le-feu a débuté le 19 janvier, mais Israël et le Hamas se sont mutuellement accusés dimanche d'avoir violé les termes de l'accord, au lendemain de l'échange de quatre soldates israéliennes par le mouvement islamiste contre environ 200 prisonniers palestiniens détenus dans des geôles israéliennes.
Dans ce contexte, Donald Trump a comparé samedi soir la bande de Gaza dévastée par la guerre et plongée dans une grave crise humanitaire à un « site de démolition » et a dit avoir parlé de la situation au roi Abdallah II de Jordanie, ajoutant qu'il allait faire de même dimanche avec le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi. Selon lui, un « ménage » devrait être fait parmi la population. « Je préférerais m'impliquer avec certaines nations arabes et construire des logements à un autre endroit où ils pourraient peut-être vivre en paix pour une fois », a ajouté le président, suggérant un déplacement « temporaire ou à long terme ».
Pendant ce temps dans le territoire palestinien, des « dizaines de milliers » de personnes étaient empêchées par Israël de retourner dans le nord via le passage de Netzarim, qui coupe la bande de Gaza en deux, a indiqué à l'AFP la Défense civile. Des images tournées par l'AFP montrent une foule compacte à l'approche de ce corridor. « Nous voulons retrouver nos souvenirs et les personnes qui nous sont chères », a confié à l'AFP Jihad Abou Miri, qui dit attendre au passage depuis 48 heures.
« Crimes contre l'humanité »
Les Palestiniens « feront échouer » la proposition de M. Trump « comme ils ont fait échouer tous les projets de déplacement (...) pendant des décennies », a réagi dimanche Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas. Le Jihad islamique, autre mouvement armé à Gaza, a pour sa part estimé que ses propos encourageaient les « crimes de guerre et crimes contre l'humanité » à Gaza, où la grande majorité des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, souvent à plusieurs reprises.
Donald Trump a également confirmé avoir débloqué une livraison de bombes de plus de 900 kilogrammes pour son allié, décision saluée par Israël. Le nouveau président américain avait exercé une intense pression sur les deux camps pour que soit conclu avant son investiture le 20 janvier un accord de cessez-le-feu. Dans le cadre de cet accord, un premier échange de trois otages israéliennes contre 90 prisonniers palestiniens s'était tenu dimanche dernier, au premier jour de la trêve.
La première phase de l'accord de cessez-le-feu doit durer six semaines et permettre la libération au total de 33 otages contre quelque 1.900 prisonniers palestiniens. Pendant cette première phase doivent être négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages, avant la dernière étape portant sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts en captivité.
La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 qui a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Au total, 251 personnes avaient été enlevées ce jour-là. Quatre-vingt-sept sont toujours retenues en otage, dont 34 sont mortes selon l'armée. L'offensive lancée en représailles par Israël dans la bande de Gaza assiégée a fait au moins 47.283 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas.
Différend
Samedi, un différend de dernière minute a bloqué le début du retour dans le nord du territoire palestinien de centaines de milliers d'habitants déplacésn comme prévu par l'accord de trêve. Israël a justifié dimanche son refus de les laisser passer en accusant le Hamas de deux violations de l'accord. Arbel Yehuda, une femme civile dont Israël réclamait la libération samedi, « n'a pas été libérée » et « la liste du statut » des otages - morts ou vivants - « n'a pas été soumise » par le mouvement palestinien.
Le Hamas, qui a affirmé samedi à l'AFP que l'otage serait « relâchée à l'occasion du troisième échange » prévu le 1er février, a de son côté accusé dimanche Israël de « violer » l'accord en empêchant le retour des habitants du nord de Gaza.
Les plus commentés
Un officier de la Finul blessé dans l'attaque d'un convoi dans la banlieue sud de Beyrouth
L’Iran ferme son espace aux avions libanais tant que Beyrouth refuse les siens
La survie politique, nouvelle priorité du Hezbollah