
Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, et le chef de l'armée, Joseph Aoun, à Khiam, dans le cadre d'une tournée au Liban-Sud, lundi 23 décembre 2024. AFP
Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a appelé lundi Paris et Washington à « faire pression » sur Israël pour « accélérer » le retrait de son armée du sud du Liban, près d'un mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hezbollah. Les États-Unis et la France font partie du comité à cinq – avec le Liban, Israël et la Force intérimaire de l'ONU au Liban – censé surveiller l'application de l'accord et toutes les potentielles violations.
« Pour que l'armée puisse accomplir pleinement ses missions, le comité doit (...) faire pression sur l'ennemi israélien pour mettre fin à toutes les violations », a déclaré M. Mikati depuis la localité de Khiam, lors d'une tournée dans le Sud. Une position sur laquelle il a été rejoint par le commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, qui accompagnait M. Mikati, et le commandant de la Finul, le général Aroldo Lázaro.
Le 11 décembre, l'armée libanaise indiquait s'être déployée autour de Khiam, à cinq kilomètres de la frontière, en coordination avec la Finul, après un retrait des troupes israéliennes de cette zone. Dans le cadre de l'accord de trêve, l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU doivent se déployer dans le sud du Liban et l'armée israélienne s'en retirer sous 60 jours.
« Il est nécessaire de faire pression sur les parties (engagées dans) l'accord de cessez-le-feu, à savoir les Français et les Américains, pour accélérer le processus, avant l'expiration du délai de 60 jours », a encore dit M. Mikati. « Le retard et les tergiversations (...) ne proviennent pas de l'armée libanaise, mais de la partie israélienne, qui traîne des pieds », a-t-il estimé.
M. Mikati a en outre dit vouloir résoudre « toutes les divergences concernant la ligne bleue (démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays, NDLR) afin qu'il n'y ait aucune justification à toute occupation israélienne de nos terres ». Il a affirmé collaborer avec « la Banque mondiale, l'Union européenne, les pays arabes et nos partenaires internationaux, pour créer un fonds d'affectation spéciale, auquel chacun pourrait contribuer, afin de reconstruire tout ce qui a été détruit dans le sud du Liban ».
Depuis le siège de la Finul à Ebel el-Saqi, deuxième étape de la tournée au Sud de M. Mikati après la caserne François el-Hajj à Marjeyoun, le président du Conseil a déclaré que « la priorité du gouvernement est l'application complète de la résolution internationale 1701, le retrait d'Israël des territoires où son armée s'est infiltrée, la fin de la destruction systématique des villages du Sud, ainsi que la cessation de ses violations » de l'accord.
La Finul a elle aussi exhorté l'armée israélienne à accélérer son retrait du sud du Liban. Dans un communiqué, elle a « demandé instamment une accélération du retrait de l'armée israélienne et du déploiement des forces armées libanaises dans le sud du Liban ». Elle a appelé « tous les acteurs à cesser toute violation de la 1701 et à s'abstenir de toute action susceptible de compromettre la fragile stabilité qui prévaut actuellement ». À Ebel el-Saqi, le commandant de la Finul a également souligné l'importance pour le comité de surveillance, qui s'est réuni à plusieurs reprises à Naqoura depuis le début de la trêve, de « poursuivre ses réunions pour exécuter sa mission ». Un point de vue partagé par le général Aoun qui a estimé « impératif » qu'Israël respecte l'accord. L'armée libanaise « remplit ses missions et continuera à le faire en coopération avec la Finul », a ajouté le commandant de la troupe.
Sur la route du retour du Sud, Nagib Mikati a eu droit à un « accueil populaire » à Qlayaa et Jdeidet Marjeyoun. Lors de ce passage, il a salué la « résilience » des habitants de ces villages, qui étaient restés sur place, et qui pousse les autorités à « travailler toujours plus pour renforcer la stabilité ». Lors de leur arrivée à Qlayaa, selon des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, MM. Aoun et Mikati ont été accueillis par la foule, qui a jeté du riz à leur passage.
Deux tués dans une frappe de drone israélien
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 27 novembre, l'armée israélienne continue de faire exploser des maisons dans les villages frontaliers. Elle a arrêté plusieurs Libanais dont sept ont été libérés dimanche, et a tué au moins 34 personnes dans des frappes, principalement menées par des drones. Lundi encore, l'Agence nationale d'information libanaise a rapporté que « l'ennemi israélien poursuivait son invasion et ses attaques sur les terres du sud du Liban », où il a « hissé le drapeau israélien » sur une colline entre les localités de Bayada et Naqoura. Deux personnes ont en outre été tuées et une personne blessée à Taybé (Marjeyoun) lors d'une frappe de drone israélien près de l'école publique du village, rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah. L'une des victimes est originaire de Rab el-Thalathine et l'autre de Taybé. Ces décès sont les premiers dus à des frappes israéliennes depuis une dizaine de jours, malgré la cessation des hostilités. Les explosions et mouvements israéliens dans le Sud ce lundi ont eu lieu principalement dans le secteur ouest de la frontière, alors que Nagib Mikati et Joseph Aoun effectuaient leur tournée dans le secteur est, notamment à Marjeyoun et Khiam. Des bulldozers israéliens ont également détruit des routes et des maisons à la périphérie nord de Maroun el-Ras alors que des tirs et des ratissages ont été menés en direction de la périphérie de Bint Jbeil, selon notre correspondant. Le bombardement des maisons s'est poursuivi aussi à Kfar Kila. Selon des sources de sécurité, l'armée israélienne a fait sauter plusieurs maisons à la fois dans l'un des quartiers du village. Par ailleurs, de fortes détonations, probablement causées par l'explosion de maisons piégées par l'armée israélienne, ont été entendues dans le caza de Tyr.
Nouvel avertissement aux habitants
Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a dans ce cadre publié lundi un nouvel exemplaire de la carte du Liban-Sud interdisant l'accès à la zone frontalière aux résidents d'une soixantaine de localités libanaises. « Nouveau rappel aux habitants du Liban-Sud : jusqu'à nouvel ordre, il vous est interdit de vous déplacer vers le sud jusqu'à la limite de ces villages et leurs environs », a-t-il écrit dans un message posté sur les réseaux sociaux assorti d'une carte délimitant une zone d'exclusion d'environ cinq kilomètres de profondeur dans le territoire libanais et qui s'étend du village de Chebaa, à l'est, à celui de Mansouri, à l'ouest.
Dans l'après-midi, Adraee a affirmé que les forces opérant au Liban-Sud ont découvert un « dépôt d'armes contenant plus de 100 engins explosifs, 20 lance-roquettes et des dizaines de grenades propulsées par fusée ». Il a aussi affirmé que « les forces de la 769e brigade continuent d'opérer dans le sud du Liban, conformément aux accords entre Israël et le Liban ». « Nous ne permettrons pas au Hezbollah de se réarmer, de reconstituer ses capacités et de menacer la sécurité d'Israël. Nous surveillerons de près les tentatives et les activités du Hezbollah et n'hésiterons pas à le faire », a-t-il par ailleurs indiqué lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision al-Hurra.
Quand je lis ´interdit aux habitants ´ ordonné par le zozo qui sert de porte parole aux sio !! Ou quand la Finul demande aux’ acteurs ´ de se calmer !! Mais bon sang tout le monde voit bien qui detruit et tue .. la patience a des limites
09 h 03, le 24 décembre 2024