Un film Netflix sur la Vierge Marie divise en raison d'acteurs israéliens

D’habitude, les films de Noël font l’unanimité. Mais celui annoncé par la plateforme Netflix il y a une semaine divise avant même sa sortie. Diffusée le 12 novembre, la bande-annonce de Mary, une fiction américaine inspirée de la Bible et centrée sur la vie de la Vierge Marie, crée la polémique en raison d’un casting principalement composé d’acteurs israéliens.

La vidéo se veut pourtant un concentré bien classique des blockbusters américains : une musique dramatique, une héroïne face à un méchant bien identifié, le roi Hérode campé par Anthony Hopkins, prêt à tuer tous les enfants pour empêcher la venue du Messie. La mère du Christ, interprétée par la jeune Noa Cohen, brave les quolibets des hommes du roi pour donner naissance à Jésus.

« Insulte aux chrétiens »

De nombreuses réactions d’internautes enthousiastes pleuvent sous la vidéo : « Exactement ce qu’il nous faut pour Noël ! », « J’ai hâte ! »... Mais d’autres dénoncent la présence de nombreux acteurs israéliens au casting : Noa Cohen en rôle titre, Ido Tako en Joseph ou encore Ori Pfeffer en Joachim, le père de Marie. D’autres acteurs israéliens figurent dans la distribution.

« Si Marie donnait naissance à Jésus aujourd’hui dans la ville palestinienne de Bethléem, ils seraient probablement arrêtés et mis en joue à un point de contrôle tenu par Noa Cohen et toutes ses costars israéliennes », lance une internaute sur X. « C’est une telle insulte aux chrétiens, alors qu’Israël commet un génocide et bombarde des églises », dénonce un autre, avec un mot-dièse souvent repris : #BoycottNetflix.

L’actrice de 21 ans qui interprète Marie a également joué dans la série 8200, sortie en 2024 et portant sur la célèbre unité de renseignement de l’armée israélienne, dont les bases sont régulièrement visées par le Hezbollah dans sa guerre contre Israël.

Sur les réseaux sociaux, des discussions émergent à partir des réactions des internautes. « Mais Jésus et Marie étaient juifs, je ne vois pas où est le problème, lance l’un. - Juifs oui, israéliens non », lui rétorque un internaute en soulignant la distinction entre religion et nationalité.

Censure possible au Liban ?

D’autres médias comme The New Arab et Middle East Eye rapportent un « effacement des voix palestiniennes » et rappellent que la plateforme de streaming a déjà été au centre de ce genre de critiques, sur des thématiques similaires. Il y a un mois, Netflix s’est vu accusé d’avoir retiré la grande majorité d’une collection de 32 films, baptisée « Histoires palestiniennes » et explorant la vie sous occupation israélienne. Certains affirmaient que ces films auraient été retirés entre le 14 et le 15 octobre 2024 « sous la pression de lobbies sionistes » en pleine escalade de la guerre à Gaza.

Quid du Liban, pays coutumier de ce genre de polémiques, notamment lors de sorties cinéma ? « Une censure me semble peu probable, car il s’agit d’une plateforme et pas d’un film diffusé dans les salles », estime Jad Chahrour, responsable média du centre SKeyes. « D’un point de vue purement technique, le ministère de la Culture ou les autorités du comité de censure pourraient demander à Netflix de retirer le film... Ce qui n’est jamais arrivé à ma connaissance », précise-t-il, en remarquant que le sujet ne fait pas polémique outre mesure au pays du Cèdre. Contactée par L’Orient-Le Jour, la Sûreté générale, responsable du comité de censure, n’a pas répondu à nos sollicitations.

Ce n’est pas la première fois que Netflix se retrouve au centre d’une campagne appelant à son boycott. Outre l’affaire des films palestiniens retirés, la série Messiah sortie en 2020 avait également fait couler beaucoup d’encre. Elle mettait en scène un prophète dans notre monde actuel, en Syrie, guidant des habitants de Damas apeurés par le groupe jihadiste État islamique et les faisant passer par la frontière israélienne. Une pétition avait alors circulé sur les réseaux sociaux et dénoncé une «propagande maléfique et anti-islamique. »