Voici ce qu'il faut savoir ce vendredi :
- Deux Casques bleus sri-lankais ont été blessés vendredi par des tirs israéliens, s'ajoutant aux deux soldats indonésiens de l'ONU blessés la veille.
- Deux soldats libanais ont été tués et trois blessés dans une attaque israélienne « qui a visé un centre de l'armée » à Kafra.
- 22 personnes ont été tuées et 117 blessées, dans des frappes israéliennes qui ont visé jeudi soir, au coeur de Beyrouth, les quartiers résidentiels densément peuplés de Ras al-Nabaa et de Noueiri.
- Le Liban-Sud et la Békaa ont de nouveau été la cible de bombardements meurtriers ce vendredi. Des affrontements entre combattants du Hezbollah et soldats israéliens se sont poursuivis à la frontière.
- Le bureau des droits de l'homme des Nations unies a déclaré que plus de 100 médecins et secouristes avaient été tués au Liban depuis le début de la guerre.
Dans le détail :
-En début de soirée, l'armée libanaise a confirmé que que deux de ses soldats ont été tués et trois blessés dans une attaque israélienne « qui a visé un centre de l'armée » à Kafra, au Liban-Sud. Quatre soldats ont tués depuis l'intensification des bombardements israéliens fin septembre.
- La journée de vendredi a été marquée par de nouveaux tirs israéliens contre la Finul, au Liban-Sud. La Finul a déclaré vendredi que son quartier général à Naqoura « a été touché par des explosions pour la deuxième fois en 48 heures » et que deux Casques bleus sri-lankais ont été blessés. En outre, des « chars israéliens se sont avancés » et « un bulldozer de l'armée israélienne a fait tomber des pans de mur de protection » d'une position onusienne dans le village de Labbouné, a ajouté la Finul, dénonçant le « très grand risque » que fait peser l'armée israélienne sur les Casques bleus. La France a dénoncé « des tirs délibérés », tandis que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a qualifié les tirs israéliens de « violation du droit humanitaire international ».
Jeudi, deux soldats indonésiens avaient déjà été blessés par des tirs israéliens contre le QG de la Finul à Naqoura. Plusieurs pays avaient déjà dénoncé les frappes israéliennes.
Vendredi, l'armée israélienne a dit « mener un examen approfondi au plus haut niveau du commandement pour établir les détails de ce qui s'est passé ». Elle a ajouté ensuite avoir tiré en direction d'une « menace » proche de la position de la Finul.
Le porte-parole de la Finul Andrea Tenenti avait déclaré, jeudi, que les Casques bleus sont déterminés à rester à leurs postes dans le sud du Liban. « C'est sans aucun doute l'un des incidents les plus graves que nous ayons observés au cours des 12 derniers mois. Nous restons jusqu'à ce qu'il devienne impossible de continuer à opérer », a affirmé M. Tenenti.
- 22 personnes ont été tuées et 117 blessées, dans des frappes israéliennes qui ont visé jeudi soir, au coeur de Beyrouth, les quartiers résidentiels densément peuplés de Ras al-Nabaa et de Noueiri. Tandis que des médias israéliens avançaient que le responsable de l'unité de coordination du Hezbollah, Wafic Safa, était visé par une de ces frappes, la chaîne du Hezbollah al-Manar a indiqué, jeudi soir, citant une source du commandement du parti, que cette « tentative d'assassinat avait échoué ».
Cette frappe a semé la panique au sein de ces quartiers, des habitants évoquant un tremblement de terre. « Tout le quartier a hurlé de peur. Mes enfants sont encore sous le choc, ils n’arrivent pas à parler », confiait une habitant à notre journaliste. Autour de l'immeuble rasé par la frappe israélienne à Basta, tous les appartements sont endommagés. Un homme de 36 ans, originaire du quartier et qui a préféré rester anonyme, a confié à L'Orient-Le Jour avoir « vu les enfers » après la frappe. « Il y avait de la fumée noire partout, j'ai vu des gens ensanglantés, blessés, tout le monde courait dans tous les sens« , raconte-t-il.
C'est la troisième fois que l'aviation israélienne, qui concentre ses raids sur la banlieue sud de Beyrouth, vise directement la capitale depuis le lancement de ses frappes massives au Liban le 23 septembre dernier. Suite à cette frappe, le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé vendredi l'ONU à adopter une résolution pour un « cessez-le-feu total et immédiat ».
- Bilan : Le bureau des droits de l'homme des Nations unies a déclaré que plus de 100 médecins et secouristes ont été tués au Liban depuis le début de la guerre. Depuis octobre 2023, plus de 2.100 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 1.200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés à l'intérieur du Liban, qu'ont fui environ 400.000 personnes, la plupart en Syrie.
- Parallèlement, les affrontements se poursuivaient, au Liban-Sud, entre combattants du Hezbollah et armée israélienne. Avichay Adraee, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, a déclaré que des avions de chasse de l'armée de l'air israélienne « ont attaqué et éliminé un commandant de l'unité anti-char de la force al-Radwane du Hezbollah dans la région de Meis el-Jabal (caza de Marjayoun), connu sous le nom de Ghareeb el-Choujaa ». « Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'aurons pas ramené les résidents sains et saufs », a déclaré le chef d'état-major israélien, Herzi Halevi, au milieu d'une maison présentée comme étant située dans un village du Liban-Sud, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux par l'armée israélienne.
Le Hezbollah a, de son coté, revendiqué vendredi plusieurs nouvelles attaques contre des soldats israéliens à Ras Naqoura ; dans la région de Shomera, de Margaliot et de Tell Chaar, dans le nord d'Israël.
- Une réunion s'est tenue, jeudi dans la nuit, au Conseil de sécurité de l'Onu.
Le représentant du Liban aux Nations Unies, Hadi Hachem, y a affirmé que « le Liban et son gouvernement rejettent la guerre et sont prêts à une solution diplomatique ». « Nous soutenons l’initiative américano-française pour un cessez-le-feu de 21 jours », a-t-il ajouté réitérant l'attachement du Liban à la résolution 1701. La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU a été adoptée le 11 août 2006 pour mettre fin à la guerre de juillet 2006 entre Israël et le Hezbollah au Liban. Elle prévoit le retrait des forces israéliennes du sud du Liban, le déploiement de l'armée libanaise et de la Finul, ainsi que le désarmement des milices.
«Nous exigeons une action immédiate. Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat. Le cessez-le-feu n'est pas une demande, mais une nécessité », a déclaré, de son côté, le représentant iranien, Amir Saeid Iravani.
« L’heure est à la désescalade. Il est impératif de restaurer la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban », a souligné, pour sa part, le représentant permanent de la France à l'ONU, Nicolas de Rivière.
Le représentant adjoint des États-Unis à l'ONU a, quant à lui, affirmé que la solution à la crise réside « dans un Liban fort et véritablement souverain, protégé par une force de sécurité légitime incarnée par les Forces armées libanaises ». « La communauté internationale doit se concentrer sur l'aide au renforcement des institutions de l'État libanais afin qu'elles puissent exercer un contrôle effectif sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors de son discours. Plus de détails ici
- « Les Américains sont en contact avec nous et nous disent qu'ils sont pour une solution. Sauf qu'il y a beaucoup de mots et peu d'actes », avait déclaré ,jeudi soir, le chef du Parlement libanais Nabih Berry à al-Jadeed. « La seule résolution qui vaille, c'est la 1701. La 1559 est maintenant derrière nous », a ajouté M. Berry, qui indique travailler avec le Premier ministre sortant Nagib Mikati pour aboutir à un cessez-le-feu au Liban.
- Alors que le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a promis une riposte « mortelle, précise et surprenante » à l'attaque de missiles de l'Iran, le chef de la diplomatie iranienne a affirmé, vendredi, que Téhéran n'hésitera pas à prendre des « mesures défensives plus fortes » si Israël riposte.
- La bande de Gaza n'est pas en reste, puisqu'Israël y intensifie à nouveau ses bombardements et opérations au sol. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé jeudi la mort de 28 personnes dans une frappe sur l'école Rafidah à Deir el-Balah (centre) abritant des familles déplacées, qui a fait aussi 54 blessés. L'armée israélienne a évoqué une frappe aérienne « précise » sur des « terroristes » opérant « dans des bâtiments ayant servi auparavant » d'école. Invoquant une tentative du Hamasde reconstituer ses capacités dans le nord de Gaza, elle y encercle aussi, depuis dimanche, Jabalia, pilonnant le secteur, que les civils fuient dans la panique, au milieu des décombres. Selon le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, au moins 140 personnes sont mortes à Jabalia depuis le début de l'opération, et « un grand nombre » de civils restent coincés sous les décombres, les secouristes ne pouvant intervenir au vu des conditions de sécurité.
La Commission d'enquête indépendante internationale des Nations unies, évoquant des « crimes contre l'humanité », a accusé jeudi Israël de viser délibérément les installations de santé de Gaza.
Pour rappel, voici les sept informations à connaître, concernant la journée de jeudi :
- Un raid israélien a visé le coeur de Beyrouth, jeudi soir, faisant au moins 22 tués. Selon la chaîne al-Jadeed, ce sont deux frappes qui ont touché la capitale : la première sur Ras el-Nabaa, l'autre à proximité sur le quartier de Basta.
- Des échanges de tirs entre combattants du Hezbollah et armée israélienne se poursuivaient, dans la zone frontalière, ce jeudi. Le QG de la Finul, à Naqoura, et plusieurs autres positions, ont été « frappés de manière répétée » lors d'un échange de tirs entre Israël et le Hezbollah, a indiqué la Finul jeudi après-midi. Deux Casques bleus ont été blessés par les tirs d'un char israélien.
- Lors d'un appel mercredi soir entre le président US et le PM israélien, le premier en sept semaines, Joe Biden a appelé Netanyahu à « réduire au maximum l'impact sur les civils » au Liban, en particulier à Beyrouth, tout en « affirmant le droit d'Israël à protéger ses citoyens du Hezbollah ». Le cabinet israélien doit se réunir, en soirée, pour discuter de sa réponse à la dernière attaque iranienne de missiles.
- Des contacts diplomatiques ont lieu, indique Nagib Mikati, en amont d'une réunion du Conseil de sécurité ce soir à 22h, heure de Beyrouth, pour évoquer « la situation au Moyen-Orient ».
- Des accrochages ont opposé mercredi soir des déplacés syriens et libanais d’une part, et les forces de l’ordre d’autre part, sur la corniche de Aïn el-Mreissé, à Beyrouth. Plus de détails ici.
- Paris accueillera, le 24 octobre, une conférence internationale sur le Liban.
- Le Liban et ses 600.000 personnes déplacées à l'intérieur du pays sont confrontés à une « crise humanitaire catastrophique », se sont émus mercredi deux responsables de l'ONU.
Des militaires libanais, des casques bleus, une église grec-catholique … On a envie de dire: "Cette fois, ils vont trop loin!". Comme si il n’y avait pas déjà belle lurette qu’ils allaient "trop loin"! Une fois la machine de guerre lancée. La violence ne peut aller que crescendo. Connaissant la folie meurtrière de Netanyahu, Sinwar et Nasrallah auraient dû y réfléchir à deux fois avant de lancer cette guerre. … Sauf que, bien que fous, ils n’étaient pas stupides et ont agi en parfaite connaissance de cause. Le coup du "Si j’avais su…" on ne nous le fait pas deux fois!
08 h 02, le 12 octobre 2024