Le 8 octobre, le Hezbollah a lancé 85 roquettes sur la ville de Haïfa, dans le nord d’Israël. Il s’agissait du plus important tir de barrage depuis le début de la guerre, il y a un an, entre le parti chiite et l’État hébreu, dans le sillage du conflit à Gaza. Ces frappes interviennent alors que l’armée israélienne poursuit ses raids aériens au Liban, notamment contre la banlieue sud de Beyrouth, et multiplie ses incursions terrestres dans le sud du pays, dans le cadre d’une escalade militaire qui a débuté le 23 septembre.
Dans un discours prononcé le 8 octobre également, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a insisté sur la « résilience » du parti, malgré les coups portés à la formation chiite, notamment l’assassinat de son chef Hassan Nasrallah le 27 septembre lors d’un bombardement aérien israélien massif sur la banlieue sud de la capitale. Une déclaration de Naïm Kassem a particulièrement retenu l’attention de certains analystes : la puissance de feu du Hezbollah ne serait « pas limitée aux missiles ou aux drones d’assaut », laissant entendre que de nouvelles armes pourraient être utilisées.
Une vidéo publiée par l’organe de presse militaire du parti le jour même, à l’occasion du premier anniversaire de l’ouverture par le Hezbollah de son « front de soutien » à son allié palestinien à Gaza, le Hamas, a également soulevé des questions.
الثواني الأخيرة في هذا المقطع تحمل رسالة وتلويح بورقة أخرى سيستخدمها حزب الله قريبآ ..#يا_داحي_باب_خيبر pic.twitter.com/Otpvy9Q02g
— مصدر مسؤول (@fouadkhreiss) October 8, 2024
Les dernières secondes de cette vidéo qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux montrent des images filmées depuis un sous-sol avec une ouverture au-dessus, laissant supposer qu’il s’agit d’un site souterrain de lancement de missiles. Ces images ont suscité des spéculations quant à la possibilité que le Hezbollah dispose de capacités militaires qu’il n’a pas encore utilisées. L’Orient Today fait le point avec trois experts.
« L’arsenal du Hezbollah semble limité »
« Les vidéos diffusées par le Hezbollah sont de la propagande destinée à dissuader les Israéliens. Cependant, elles n’ont pas réussi à empêcher les attaques israéliennes et ont suscité des attentes chez les partisans du parti. Ces derniers sont sous le choc et attendent une riposte », estime Mohanad Hage Ali, chercheur au Malcolm H. Kerr Carnegie Middle East Center à Beyrouth. « Un an s’est écoulé, et durant cette période, nous n’avons pas vu de surprises majeures ou d’utilisation de différents types de drones sophistiqués. Le recours à ce type d’armes a même diminué après qu’Israël a ciblé et détruit des entrepôts qui appartiendraient au Hezbollah », ajoute le chercheur. « On ne sait pas très bien ce qui les retient. Seul le parti le sait. L’arsenal du Hezbollah semble limité à ce stade. S’il devait y avoir une surprise, je serais vraiment surpris. Il s’est écoulé suffisamment de temps pour que nous puissions juger de ce que nous avons vu jusqu’à présent, et cela ne semble pas prometteur pour le parti », avance M. Hage Ali.
A contrario, Kassem Kassir, un analyste proche du Hezbollah, assure que le Hezbollah pourrait utiliser de nouvelles armes « si Israël prend pour cible la ville de Beyrouth ou des installations vitales comme l’aéroport international ou le port de la capitale ».
Israël a déjà attaqué Beyrouth à trois reprises depuis le début de l’escalade, dans ce qui semble être des frappes ciblées : le 29 septembre, le 2 octobre et ce jeudi 10 octobre. La première fois, une frappe aérienne a visé un immeuble résidentiel près de la gare routière de Cola, tuant trois membres du Front populaire de libération de la Palestine. La deuxième attaque a touché un centre médical dans le quartier de Bachoura, dans le centre de la capitale, non loin du Grand Sérail, le siège de la présidence du Conseil. Neuf secouristes affiliés au Hezbollah ont été tués dans cette frappe et 14 autres personnes blessées. La dernière attaque en date, celle de jeudi, a touché le quartier résidentiel de Ras el-Nabeh.
« Seul le Hezbollah connaît ses propres capacités »
Revenant sur la vidéo du Hezbollah, Kassem Kassir estime que toute analyse de ces images « n’est que pure spéculation sur les capacités du groupe et n’est pas un élément sur lequel nous pouvons nous appuyer avec certitude ». Il évoque toutefois la possibilité que le parti puisse avoir recours à des armes sophistiquées, sans entrer dans les détails.
L’expert militaire Riad Kahwaji insiste pour sa part sur le fait que seul « le Hezbollah connaît ses propres capacités et les vidéos publiées par la formation ne montrent pas nécessairement ses capacités sur le terrain ». Mais selon lui, le Hezbollah ne disposerait pas « d’autres armes ». « Il n’y a plus rien. Le parti a utilisé des armes aussi grosses que des missiles balistiques. Ce ne sont que des paroles en l’air pour remonter le moral des troupes et donner l’impression d’être fort et défiant. Israël a franchi toutes les lignes rouges en ce qui concerne l’ampleur des bombardements, le type de cibles et l’incursion dans le Sud », rappelle-t-il. « Les dépôts d’armes et de munitions du Hezbollah sont pris pour cible et détruits quotidiennement, ce qui dégrade leur puissance de feu, et l’élimination continue de leurs commandants perturbe leurs opérations », souligne Riad Kahwaji.
Mohanad Hage Ali partage cet avis : « De nombreuses capacités de lancement ont été attaquées et gravement endommagées. Même s’ils disposent de nouvelles roquettes, il semble que leur efficacité ait été compromise », estime-t-il. « Israël a mené des attaques et des raids aériens continus qui ont empêché le parti de se regrouper ou de reprendre l’élan. Le Hezbollah est sur la défensive et cherche à obtenir un cessez-le-feu qui n’est pas probable dans un avenir proche », poursuit Riad Kahwaji. Mais pour Kassem Kassir, le parti chiite attend une escalade significative de la part d’Israël, telle que des frappes sur des infrastructures libanaises clés, avant de révéler toutes ses capacités.
Le Hezbollah n’a pas répondu aux demandes de commentaires de L’Orient Today.
L'armement vous dites ou Larmes-et-ment que le hezb nous sert à longueur de décennies??
15 h 27, le 11 octobre 2024