« Son visage était serein, sans blessure ... J'ai vu le sayyed martyrisé comme je le voyais en vie ». Dix jours après l'assassinat du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah dans une frappe monstre sur la banlieue-sud de Beyrouth, Hussein Karim, directeur d'une brigade des pompiers affiliée au parti chiite, qui affirme avoir extrait sa dépouille, s'est livré devant la caméra de la chaîne al-Manar.
« Raconte-moi ce que tu as vu. Ne sois pas avare au niveau des détails », lance au pompier la journaliste de la chaîne du parti chiite, toute vêtue de noir. Vêtu de son uniforme, ce dernier raconte : « Nous étions deux pompiers. Nous sommes descendus dans la zone (où se trouvait Hassan Nasrallah). Nous avons aperçu des corps purs, bénis, allongés confortablement, calmes... sans aucune dégradation. J'ai vu le sayyed martyrisé comme je le voyais en vie ». S'il affirme avoir tenté de « maîtriser » ses sentiments ce jour-là, il ne peut contenir ses émotions devant la caméra de la chaîne.
القصة الكاملة لاولى اللحظات من وجود جثمان السيد pic.twitter.com/KCO3Jz96OE
— Poutivar 🇱🇧 (@Pou_tivar) October 7, 2024
Le même « prestige »
« Aujourd'hui, mes émotions prennent le dessus, mais le jour où j'ai extrait la dépouille de Hassan Nasrallah, j'ai retenu mes sentiments. J'avais un but clair : que le corps béni de Hassan Nasrallah soit honoré et extrait avec respect, pour faire échec à l'ennemi qui avait pour objectif d'abîmer ce corps », affirme-t-il. Selon lui, Hassan Nasrallah a « conservé le même prestige qui impressionnait », même après sa mort.
« Quand j'ai vu ses cheveux blancs, j'ai prié pour que ce ne soit pas lui. Quand je me suis retourné et que j'ai aperçu son visage, j'ai remercié Dieu », souligne-t-il. Quelques instants plus tard, Hussein se ressaisit et assume son rôle de secouriste. « J'ai effectué un massage cardiaque en espérant pouvoir le secourir », mais en vain, raconte-t-il. Avant de se laisser emporter, d'une voix tremblante : « Je n'ai pas pu lui parler, je n'ai pas su quoi lui dire. J'ai essuyé son visage, sa barbe, j'ai touché ses mains et son doigt avec lequel il menaçait pour en puiser de la force. Il n'avait pas sa bague à la main. Son visage était serein, sans blessure. Je me suis excusé de l'avoir touché sans permission ».
Selon Hussein, Ali Karaké, chef du front sud du Hezbollah, se trouvait aux côtés de Hassan Nasrallah, ainsi que d'autres victimes. « Ni Alaa, le secouriste qui m'accompagnait, ni moi avons pu retirer nos masques en ces lieux enveloppés de gaz toxiques et mortels. Alaa a eu un souci avec son masque à oxygène et il en est mort », déplore-t-il.
« Ça m'étonne de voir que certains refusent de croire que le sayyed est mort. Même le prophète Mohammad est mort », conclut le secouriste.
"les morts sont tous des braves types"
00 h 19, le 09 octobre 2024