Naïm Kassem répète l'exercice. Un peu plus d'une semaine après son premier discours, le secrétaire général du Hezbollah - qui assure l'intérim après l'assassinat par Israël de Hassan Nasrallah le 27 septembre - est monté au créneau pour une deuxième prise de parole surprise. L'occasion pour lui de rassurer sa base populaire qui subit de plein fouet les conséquences de la guerre contre Israël, mais aussi d'exprimer la position du Hezbollah concernant les dossiers politiques ouverts ces derniers jours, qu'il a qualifié de « détails tant que les canons grondent ». « L'important, a-t-il dit, c'est qu'un cessez-le-feu soit atteint. Avant cela, aucune autre discussion n'a de place pour nous. »
« Le grand frère du Hezbollah »
Dans ce cadre, Naïm Kassem a salué le président du Parlement, Nabih Berry, le « grand frère du Hezbollah ». « Nous soutenons l'initiative politique menée par Nabih Berry, dont l'objectif principal est le cessez-le-feu » a-t-il dit. Depuis l'assassinat de Hassan Nasrallah, un coup dur pour le camp pro-Hezbollah, le chef du législatif s'active sur plusieurs fronts. Il martèle l'attachement du Liban officiel à la résolution 1701 du Conseil de sécurité (qui a mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah) mais aussi à la proposition franco-américaine pour un cessez-le-feu formulée le 25 septembre dernier. Naïm Kassem a donc confirmé qu'il se tenait derrière les efforts de Nabih Berry dans ce sens, à l'heure où Israël semble plutôt déterminé à aller jusqu'au bout de cette guerre et porter un coup dur au Hezbollah.
Toutefois, le président du Parlement a également ressuscité le dossier de l'élection présidentielle, bloquée depuis bientôt deux ans, en « n'insistant plus » sur la tenue d'un dialogue avant la convocation d'une séance électorale. En parallèle, le site Axios a affirmé, citant des sources diplomatiques américaines, que Washington souhaitait profiter de la position difficile dans laquelle se trouve le Hezbollah pour obtenir l'élection à Baabda du chef de l'Armée, Joseph Aoun. Toutefois, le numéro 2 du parti chiite a donné sa réponse, insinuant que l'élection (et donc une éventuelle concession à Washington) ne se fera pas sous les bombes, sans toutefois exprimer un refus de cette candidature.
Fait notoire : le secrétaire général adjoint du parti n'a pas fait le lien entre un cessez-le-feu au Liban et un arrêt des combats à Gaza. De quoi confirmer le pas en arrière du Hezbollah, déjà implicitement exprimé par des députés du parti, qui refusait jusqu'ici de dissocier les deux fronts. Pourtant, lors de sa visite à Beyrouth la semaine dernière, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Aragchi, avait dit que l'arrêt des affrontements dans les deux arènes devait être « simultané ». Une affirmation qui lui a valu des critiques au Liban, notamment de la part de l'opposition chrétienne, mais aussi du leader druze Walid Joumblatt. Lundi, ce dernier avait critiqué « ceux qui veulent nous apprendre à tenir bon alors que nous pouvons leur donner des leçons ». « Nous ne lierons pas notre destin à Gaza », a également martelé M. Joumblatt.
« C'est l'Iran qui décide »
De son côté, Naïm Kassem s'en est pris à ceux qui critiquent Téhéran. « Qu'avez-vous offert, vous, à la Résistance ? » a-t-il lancé. « La bataille en cours est celle de la libération de la Palestine, et non pas celle de l'influence iranienne dans la région comme certains l'affirment », poursuit le leader. Il a toutefois semblé reconnaître que la République islamique avait ses propres calculs. « Soutenir la Résistance est un honneur pour l'Iran. Mais au final, c'est lui qui décide quand et comment il le fait ». Comme une façon d'appeler la communauté internationale à négocier avec le régime de Téhéran pour faciliter la conclusion d'un cessez-le-feu.
Naïm Kassem a également affirmé que le parti pouvait tenir bon sur le terrain et pousser les Israéliens à revenir à la table des négociations. « Par l'affrontement direct (dans le cadre de l'offensive terrestre), l'armée israélienne subira de lourdes pertes, qui pourraient bien constituer un prélude à la fin de la guerre », a-t-il estimé. De quoi redonner de l'espoir aux Libanais, à l'heure où la guerre qu'ils subissent n'a pas de fin en vue. « La confrontation terrestre a commencé il y a sept jours, et l'ennemi n'a pas avancé. Il a été abasourdi par son propre échec face à la Résistance », a ajouté le dignitaire chiite, estimant que les « quelques mètres » qu'Israël a saisi jusque-là sont « sans valeur ». « Même le chef d'État-major israélien, (Herzi) Halevi, a estimé que le résultat de 12 mois de guerre au Nord était un échec », a-t-il insisté. « Toi, Halevi... ton armée va continuer à subir des échecs », a-t-il également affirmé. Cette interpellation - tout comme le recours occasionnel à l'arabe dialectal - est piochée dans le registre de son ancien chef, Hassan Nasrallah, connu pour ses talents oratoires encore inégalés.
« Nous triompherons face à Israël »
Naïm Kassem s'est également adressé aux quelques « centaines de milliers » de Libanais déplacés par la guerre et les autres victimes du conflit pour leur remonter leur moral. « Israël cible tous les villages et localités où la résistance a une présence populaire pour tenter de retourner notre rue contre nous... Ils ne pourront jamais faire cela », a-t-il assuré. Et d'ajouter : « Vous (les déplacés) vivez dans des conditions difficiles, nous le savons et nous essayons d'aider. Mais sachez que vos sacrifices se rajoutent aux nôtres et que, si Dieu le veut, nous en récolterons ensemble le résultat... Nous triompherons face à Israël ».
Le leader du Hezbollah semble également conscient du fait que la décision du parti d'ouvrir un « front de soutien » au Hamas à Gaza depuis le Sud, qui a conduit 11 mois plus tard au déclenchement d'une guerre totale au Liban, est fortement critiquée, même dans les milieux chiites. « L'objectif de notre front de soutien était d'aider Gaza et de défendre le Liban, a-t-il dit. Mais il est maintenant clair que s'attaquer au Liban faisait partie des objectifs d'Israël depuis le début et qu'il l'aurait fait tôt ou tard ». Une façon de présenter le conflit en cours comme visant à défendre le Liban, et non pas le Hamas voire les intérêts iraniens. Il a, dans ce cadre, évoqué la mémoire de Hassan Nasrallah. « Un an après le Déluge d'al-Aqsa, paix à l'âme du sayed des martyrs», a-t-il dit, pour se cacher derrière la mémoire de cette figure quasiment sacrée dans la rue chiite.
Le cheikh Kassem a toutefois affirmé que le parti a « surmonté tous les coups durs » qui lui ont été assenés et qu'il « a assuré des remplacements à toutes les positions vacantes ». Et de promettre : « Nous élirons un nouveau secrétaire général conformément aux mécanismes prévus, et nous l'annoncerons lorsque cela aura été finalisé ». Pas un mot, toutefois, sur le sort de Hachem Safieddine, le successeur désigné de Hassan Nasrallah, qui aurait, lui aussi, été ciblé par une frappe israélienne la semaine dernière.
Blague du jour: il se vante d'avoir deplacer 100,000 israeliens comme une victoire divine, et demande au 1,200,000 de ses déplacés a lui de se sacrifier encore. Wahahaahahaha
09 h 32, le 09 octobre 2024