Le Hezbollah a confirmé mercredi des « combats » avec l’armée israélienne au cours des dernières heures, notamment au niveau des localités frontalières de Maroun el-Rass et Adaïssé, tandis que l’armée libanaise a signalé que des patrouilles israéliennes avaient « franchi brièvement » la ligne bleue. Ces combats ont fait suite à d’importants échanges de tirs dans la matinée entre le Hezbollah et l’armée israélienne. Ils sont les premiers confirmés par le parti-milice depuis l’annonce par Israël, lundi soir, du lancement « d’opérations ciblées et limitées » en territoire libanais. Dans ce cadre, l’armée israélienne, qui semble avoir verrouillé les informations issues du champ de bataille, a tout de même confirmé en fin de journée la mort d’au moins huit de ses soldats. Selon certains médias israéliens, comme le quotidien Yediot Aharonot, qui récupèrent des informations du front, au moins 30 combattants du Hezbollah avaient été tués dans un raid aérien sur une mosquée, sans plus de détails sur le lieu. Dans sa version en hébreu, le quotidien semblait toutefois moins optimiste sur le déroulement de l’offensive israélienne, n’hésitant pas à parler de « catastrophe ». Dans la journée, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a montré les troupes israéliennes évacuer plusieurs blessés transportés sur des brancards vers un hélicoptère militaire. Du côté du Hezbollah, la communication a été diamétralement opposée, avec pas moins de 25 communiqués publiés pendant la journée pour décrire les opérations à la frontière. Une importante partie d’entre elles se sont concentrées sur Maroun el-Rass et Adaïssé, dans le caza de Bint Jbeil. C’est en face de la première de ces localités libanaises que le parti chiite, qui a récemment perdu son secrétaire général Hassan Nasrallah dans une frappe israélienne massive dans la banlieue sud de Beyrouth, a revendiqué la destruction de cinq chars israéliens de type Merkava. Au cours de la journée, un porte-parole du parti, Mohammad Afif, a confirmé ces combats lors d’une tournée organisée pour les médias dans les quartiers détruits de la banlieue sud de Beyrouth par les récents bombardements israéliens, indiquant que « l’ennemi commence à reconnaître ses pertes, ce qui est très rare dans son cas ». « Nous avons assez de combattants courageux et bien entraînés, et nous avons assez d’armes, pour tenir sur le front du Sud », a ajouté M. Afif. Cependant, cette communication confiante cache peut-être quelque chose. Depuis le 27 septembre, le Hezbollah, qui annonçait auparavant chaque perte dans ses rangs par un communiqué, n’a plus annoncé de mort parmi ses combattants, se contentant de regretter ses hauts gradés et responsables tués.
Distance de 400 mètres
De son côté, l’armée libanaise a annoncé que des patrouilles de l’armée israélienne avaient effectivement franchi la ligne bleue et étaient entrées en territoire libanais « sur une distance de 400 mètres environ », en deux endroits de la ligne frontalière, à Kherbet Yaroun – voisin de Maroun el-Rass – et au niveau de la porte de Adaïssé. Ces patrouilles se sont repliées « après peu de temps », selon la troupe. La nuit de mardi à mercredi a, une nouvelle fois, été marquée par de violents bombardements contre la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que contre la région de Choueifate, au sud de la capitale. La chaîne de télévision du Hezbollah, al-Manar, a fait état de 11 raids. Ils avaient été précédés d’appels aux habitants, de la part de l’armée israélienne, à évacuer les zones immédiatement. Dans la matinée, des tirs d’artillerie soutenus avaient été signalés le long de la ligne bleue, au niveau notamment du caza de Marjeyoun, selon les communiqués successifs publiés par le parti chiite et les sources locales de notre correspondant Mountasser Abdallah. L’artillerie israélienne avait notamment pilonné avec des obus les collines entourant Adaïssé, Kfar Kila, Deir Mimas, Aaziyé, Tel Nahas, Bourj el-Moulouk et Khiam. Des dizaines de projectiles ont été tirés. Des raids ont également frappé la banlieue sud de Beyrouth ainsi que Choueifate.
Le Liban ne veut pas la guerre
De son côté, le Hezbollah a revendiqué des frappes sur des positions israéliennes tout au long de la frontière, notamment au niveau de Misgav Am, face à Adaïssé, et Kyriat Shmona, dans la même zone. L’armée israélienne avait en outre annoncé que des blindés d’infanterie régulière et des unités blindées se joignent à son « opération terrestre » au Liban. Selon le site de l’armée, les combattants de la 36e division, y compris ceux de la brigade Golani, d’infanterie, de la 188e brigade blindée et de la brigade Etzioni (des réservistes des forces d’infanterie) ont rejoint la mobilisation le long de la frontière. Ces troupes sont « soutenues par l’aviation et l’artillerie », selon le communiqué.
Sur le plan diplomatique, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « a insisté sur le fait que la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban doivent être respectées », lors d’une intervention mercredi devant le Conseil de sécurité. M. Guterres a rappelé avoir déjà informé la semaine dernière le Conseil de sécurité « de la situation alarmante au Liban ». « Depuis lors, les choses sont passées de mal en pis », a-t-il dit, mettant en garde que « les incendies qui ravagent le Moyen-Orient sont en train de se transformer en un véritable brasier ». Le secrétaire général a souligné que « les échanges de tirs quasi quotidiens entre le Hezbollah et d’autres groupes armés non étatiques au Liban avec l’armée israélienne constituent des violations répétées de la résolution 1701 du Conseil de sécurité ». « L’utilisation quotidienne d’armes par des groupes armés non étatiques est en violation des résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité », a-t-il dit. Présent lors de cette réunion, le chargé d’affaires du ministère libanais des Affaires étrangères, Hadi Hachem, est également monté au créneau. « Le peuple libanais et le gouvernement libanais ne veulent pas la guerre. Ils veulent la mise en œuvre de la résolution 1701, dans toutes ses dispositions », a-t-il affirmé. Le diplomate a aussi rappelé que « le Liban a accepté l’initiative (de cessez-le-feu de 21 jours) franco-américaine à laquelle Israël avait également initialement accepté, mais qu’il a ensuite rejetée ».En outre, le président français Emmanuel Macron a « exprimé la volonté de la France d’agir pour le Liban » et « a demandé qu’Israël mette fin au plus vite à ses opérations militaires », selon un communiqué de l’Élysée. Il a également annoncé dans ce cadre que la France « organisera très prochainement une conférence de soutien au peuple libanais et à ses institutions ». Les États-Unis ont, eux, indiqué vouloir « coordonner » avec les Israéliens une réponse à l’Iran après son attaque aux missiles contre Israël et ont déployé des forces supplémentaires dans la région.
Les familles de ces soldats peuvent remercier leur cher Bibi. Huit soldats de moins dans l'armée "la plus morale du monde", c'est toujours un début...
12 h 20, le 03 octobre 2024