« Ce n’est pas la première fois qu’Israël brandit le spectre d’un élargissement de la guerre sans passer à l’action »

La roquette qui a touché samedi un terrain de football à Majdel Chams, ville druze du Golan syrien annexé, faisant douze morts, des adolescents entre dix et 16 ans, a aussitôt ravivé les appréhensions, faisant craindre plus que jamais un dérapage vers une guerre totale ou du moins, plus élargie.

Bien que le Hezbollah ait rejeté toute responsabilité derrière cette frappe, Israël a aussitôt désigné le parti chiite comme l’auteur du crime. Comment pourrait évoluer ce nouvel épisode de la confrontation en cours entre les deux belligérants et à quelles conséquences faut-il s’attendre dans les jours à venir ? Joe Macaron, expert du Proche-Orient et Chercheur au Wilson Center, répond aux questions de L’Orient-Le Jour.

Comment réagissez-vous à ce nouveau développement dans le Golan ?

Généralement, le Hezbollah ne dément pas une opération dont il est l’auteur. D’autant que le Golan est une région extrêmement sensible. Il n’est toujours pas clair pour l’heure quelles sont les circonstances de cette opération, qui en est l’auteur véritable et s’il s’agit d’une erreur de calcul ou pas de la part du Hezbollah.

Pourquoi selon vous Israël s’est dépêché d’imputer la responsabilité de la frappe au Hezbollah ?

Ce qui est clair c’est que Benjamin Netanyahu et son équipe cherchent l’escalade alors qu’il se trouve aux Etats Unis. Il souhaite accentuer la pression surtout que l’administration US ne s’est pas encore clairement prononcée sur la pertinence d’une telle escalade et n’a toujours pas donné son feu vert à une extension de la guerre. Il y a clairement une tentative d’amplifier ce dernier développement de la part de l’Etat hébreu.

Comment pourrait réagir le Hezbollah en cas de riposte virulente de la part d’Israël? 

Pour l’heure et en dépit des discours enflammés du côté israélien, je ne pense pas que la situation va dégénérer. Ce n’est pas la première fois qu’Israël brandit le spectre d’un élargissement de la guerre sans pour autant passer à l’action.

Le Hezbollah a jusqu’ici  démontré qu’il continue d’absorber les coups. Il est possible qu’il y ait une exacerbation de la tension dans les prochains jours mais je ne pense pas que cela va nécessairement conduire à une guerre ouverte. On doit toutefois attendre de voir comment la situation va évoluer dans les prochaines 48 heures.