
Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil lors de notre podcast "Aux urnes citoyens !", face à notre co-rédacteur en chef Anthony Samrani. Photo OLJ
Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a estimé, dans un entretien avec l'influenceur Mario Nawfal, publié sur les réseaux sociaux, que la plus grande « méprise » faite par l'Occident concernant le Hezbollah, son ancien allié, est de le considérer comme « terroriste ». Répondant à une question sur le lien entre une série d'assassinats politiques au début des années 2000 au Liban, M. Bassil a estimé qu'ils ont pu être mis en scène pour « criminaliser et encercler » le parti chiite et que toutes les accusations contre celui-ci ont été « politisées ».
Le CPL et le parti chiite pro-iranien étaient alliés politiques depuis la signature de l'entente de Mar Mikhaël, en 2006, mais leurs liens se sont distendus sur fond de divergences sur le dossier présidentiel mais aussi sur l'ouverture par le Hezbollah d'un front « de solidarité » avec le Hamas, le 8 octobre 2023.
Le Hezbollah et le CPL « alliés » ?
Dans son entretien, le chef du CPL est d'ailleurs revenu sur sa relation avec le Hezbollah, qu'il a refusé à plusieurs reprises de qualifier d'« allié » politique. Il s'agit « d'un parti libanais avec lequel nous avons un accord », qui a été mis en suspens, a-t-il indiqué, refusant également de dire qu'il s'agit d'un « parti ennemi ». « Nous ne pouvons dire d'aucun parti qu'il est un ennemi », a-t-il affirmé.
« Nous sommes dans un état de guerre, mais pas seulement à cause du Hezbollah. Nous sommes d'accord avec lui qu'il faut défendre le Liban contre Israël et les attaques terroristes, mais nous ne sommes pas d'accord avec la politique de l'unification des fronts » prônée par le parti chiite avec ses alliés du « front de la résistance », notamment le mouvement palestinien Hamas. Il s'est interrogé sur les raisons pour lesquelles le Liban devrait entrer en guerre pendant que l'on se demande « où sont l'Egypte, la Jordanie.. » « Même l'Iran n'est pas en guerre », a-t-il lancé, reprochant au parti chiite de « donner la priorité à d'autres intérêts que ceux du Liban ».
« Construire l'État n'élimine pas la résistance »
M. Bassil a encore souligné que le chef du parti chiite Hassan Nasrallah « ne veut pas d'une guerre totale au Liban » parce qu'il est conscient du « coût élevé » d'un tel conflit, mais qu'il veut toutefois assurer la victoire du Hamas contre Israël, quitte à « jouer avec le feu ». Les échanges de tirs avec l'armée israélienne ont connu plusieurs poussées de fièvre ces dernières semaines, notamment après l'assassinat de cadres du Hezbollah, faisant craindre une extension du conflit. « Nous avons le droit d'avoir peur qu'Israël fasse avec le Liban la même chose qu'avec les Palestiniens », a-t-il ajouté.
Le chef du parti aouniste a affirmé, dans ce contexte, qu'il souhaitait dire à Hassan Nasrallah que les priorités du parti « d'avoir une résistance puissante », et du CPL, « de construire l'État », « ne devraient pas être contradictoires ». « Construire l'État n'élimine pas le Hezbollah et la résistance », a-t-il lancé. Il a encore déclaré que « ce que fait le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est impardonnable ».
Assassinats
Interrogé sur la plus grande « méprise », à ses yeux, de l'Occident vis-à-vis du Hezbollah, Gebran Bassil a estimé qu'il s'agit de sa qualification de groupe « terroriste » par une grande partie de la communauté internationale. « Le Hezbollah a reçu le plus grand nombre de voix aux dernières élections, et nous ne pouvons pas dire aux gens (qui l'ont élu) qu'ils sont terroristes », a-t-il dit.
Il a en outre estimé que « si toutes les théories sont plausibles » concernant les forces responsables d'une série d'assassinats et de tentatives d'assassinats, au début des années 2000, de personnalités politiques et médiatiques hostiles à l'occupation syrienne au Liban, ces attentats ont été « politisés ». Dénonçant une possible « conspiration » contre le Hezbollah, M. Bassil a affirmé qu'il n'y a « aucune preuve » de l'implication du parti chiite dans ces attentats qui ont, selon lui, « criminalisé et encerclé » le groupe pro-iranien. Les accusations contre le parti « ont toujours été politisées ». « Nous condamnons les deux possibilités », qu'il s'agisse d'une conspiration par Israël pour viser le Hezbollah ou d'une implication de ce dernier.
Si beaucoup des assassinats de cette période sont restés sans suite judiciaire, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a condamné entre 2020 et 2022 trois des quatre accusés, proches du Hezbollah, de l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, en 2005. L'un des accusés, Salim Ayache, a été condamné en première instance, et les deux autres, Hussein Oneissi et Hassan Habib Merhi, en appel. Le TSL n'a cependant pas pu établir de lien direct entre l’attentat et les dirigeants chiites. Moustapha Badreddine, le principal suspect décrit comme le « cerveau » de l'attentat par les enquêteurs, a été tué en Syrie en 2016.
Concernant les sanctions émises contre lui par le Trésor américain en novembre 2020, M. Bassil a réaffirmé que Washington « n'a aucune preuve » de corruption à son égard et voulait faire pression sur lui pour qu'il désavoue « publiquement » le Hezbollah.
Flatteur opportuniste, Champion de discours contradictoire Non crédible et non fiable
20 h 41, le 25 juillet 2024