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Politique - Polémique

Tensions communautaires à Bourj Hammoud : que s'est-il passé ?

« L'Orient-Le Jour » a appris que les deux incidents opposant des arméniens à des chiites le week-end dernier n'étaient pas liés l'un à l'autre.

Tensions communautaires à Bourj Hammoud : que s'est-il passé ?

Un vendeur de bananes dans une rue de Bourj Hammoud, le 1er octobre 2023. Photo d’illustration Matthieu Karam

Comment deux incidents isolés ont pu si vite déraper et tourner en une bagarre aux relents confessionnels ? Les deux bagarres qui se sont succédé vendredi et samedi derniers dans le quartier de Bourj Hammoud, à majorité arménienne mais connu par sa mixité confessionnelle et sociale, sont révélatrices de ce sectarisme enfoui chez les Libanais, mais prêt à être déterré à la moindre turbulence. Dans les deux cas, il s'agit d'incidents (sans lien l'un avec l'autre) opposant des Libanais arméniens à leurs concitoyens membres de la communauté chiite. Assez pour provoquer une polémique dans les médias et sur les réseaux sociaux. L'ancien ministre et cadre des Forces libanaises, Richard Kouyoumjian, est notamment monté au créneau pour dénoncer de « nouveaux ottomans » qui chercheraient, selon lui, à « s'attaquer à la dignité des Arméniens ». Mais du côté des partis de cette communauté, qui entretiennent de très bonnes relations avec le tandem chiite, l'heure est plutôt à l'apaisement.

Ainsi, dans un communiqué publié jeudi, le parti arménien Tachnag a tenu à « mettre en lumière la spécificité de la région de Bourj Hammoud », affirmant qu'il « déploie depuis des décennies tous les sacrifices et efforts possibles pour y préserver le vivre en commun ». Le communiqué met encore en garde contre les risques d’incidents graves mettant en péril le vivre-ensemble. « Nous ne pouvons pas admettre les tentatives de provocations communautaires dans une phase aussi délicate. Les habitants ne peuvent non plus accepter la prolifération des armes et l’agression des lieux de culte », rajoute le texte.

Les détails de l'affaire

Mais que s'est-il passé le weekend dernier ? Selon des informations obtenues par notre journal auprès de sources sécuritaires, l’affaire avait commencé par un accident de route banal lorsqu’un tuk-tuk conduit par un chiite du nom de Ali Zbib, a heurté un passant dénommé Mardig, un Arménien très connu dans le quartier mais qui était vraisemblablement ivre. Une rixe a alors opposé les deux hommes avant que des éléments du parti Tachnag n’interviennent pour calmer le jeu. La situation a vite dégénéré lorsque Ali Zbib, qui ne serait toutefois pas membre d'un parti politique, a appelé des amis à la rescousse. Accompagné de ses deux soutiens, un individu de la famille Najmeddine et un autre de la famille Fouaani, et escorté par d’autres bagarreurs, Ali Zbib s’est aussitôt dirigé vers un centre relevant du Tachnag avec l’intention d’attaquer les lieux, en criant : « Chiites ! Chiites !»  Une bagarre a éclaté avec des membres assurant la sécurité du siège du parti arménien. Un des agents de sécurité a alors tiré en l’air pour repousser les émeutiers qui ont quitté les lieux pour y revenir avec des armes et tirer à leur tour en l’air.

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Les forces de l’ordre sont alors intervenues pour faire régner l’ordre. Le lendemain, et toujours selon les informations obtenues auprès de l’armée, un jeune du quartier dont l’identité n’a pas été révélée par les militaires « a tiré sur une caméra qui permet de surveiller les alentours du siège de la formation arménienne ». « Les services de renseignements de l’armée ont alors perquisitionné les domiciles de Najmeddine, Fouaani, et Zbib qui sont en fuite », précise la source avant de conclure que l’incident « est en voie de règlement ».

Samedi soir, un autre incident « tout aussi futile » note une source sécuritaire a opposé d’une part un Arménien de la famille Ikizian à deux autres individus, chiites, issus des familles Deghlaoui et Orfali. Une altercation a eu lieu entre les deux groupes, avant de dégénérer en échange de tirs de feu tuant Deghlaoui et faisant plusieurs autres blessés. La tension suscitée par ces deux incidents a poussé le parti Tachnag qui entretient de très bons liens avec le tandem chiite, Amal et Hezbollah, à faire intervenir des représentants des partis pour calmer le jeu en dépit du fait que dans les deux incidents, aucune des personnes impliquées ne relève d'Amal ou du Hezbollah.

Le Tachnag a aussitôt réagi en publiant un communiqué dénonçant les actes de vandalisme commis par les membres du groupe proche de Ali Zbib et qui « étaient connus pour leurs lourds précédents ». « Ils ont tenté de s’introduire par la force au siège (du Tachnag) et ont attaqué l’église arménienne orthodoxe » voisine. Toutefois, une source proche du parti arménien nuance en indiquant à L’OLJ que l’église n’a pas été attaquée à proprement parler, mais que les bagarreurs ont tenté « d’accéder par la force au parking qui est commun à l’église et au centre du parti ». « L’ironie de l’histoire, , remarque la source, c'est que le groupe s’est attaqué au centre du Tachnag qui est celui-là même qui avait accueilli durant la guerre civile ainsi que la guerre de juillet 2006 contre Israël les réfugiés de la communauté chiite. »

Comment deux incidents isolés ont pu si vite déraper et tourner en une bagarre aux relents confessionnels ? Les deux bagarres qui se sont succédé vendredi et samedi derniers dans le quartier de Bourj Hammoud, à majorité arménienne mais connu par sa mixité confessionnelle et sociale, sont révélatrices de ce sectarisme enfoui chez les Libanais, mais prêt à être déterré à la moindre...
commentaires (11)

Bizarre, des arméniens pro syriens, des syriens qui ont d'excellentes relations avec la Turquie. Enfin, sa prouve au moins que les arméniens ne sont pas rancuniers. Mais, ils ont donc la nationalité arménienne? Je suis confus. Sont il des réfugiés qui ont le droit de voter et qui élisent un pro syrien? L'article ne mentionne pas de libanais, donc je suis confus. Syrie .qui a des relations avec le Liban de maître à asservis? Je reste confus.

C.D.R

23 h 00, le 21 juillet 2024

Tous les commentaires

Commentaires (11)

  • Bizarre, des arméniens pro syriens, des syriens qui ont d'excellentes relations avec la Turquie. Enfin, sa prouve au moins que les arméniens ne sont pas rancuniers. Mais, ils ont donc la nationalité arménienne? Je suis confus. Sont il des réfugiés qui ont le droit de voter et qui élisent un pro syrien? L'article ne mentionne pas de libanais, donc je suis confus. Syrie .qui a des relations avec le Liban de maître à asservis? Je reste confus.

    C.D.R

    23 h 00, le 21 juillet 2024

  • C’est la faute du Tachnag qui ont accepté les chiites

    Eleni Caridopoulou

    01 h 26, le 21 juillet 2024

  • Cet incident illustré par une photo de vendeur de bananes, est un conflit entre prosyriens. Comment ça ? Les Arméniens formaient l’électorat sûr du fief d’un grand prosyrien ouvertement déclaré et récemment Tachnag, contrairement aux attentes, votait pour un non moins prosyrien. Parfois les petites étincelles font les grands feux, mais on a déjà au Liban une autre guerre d’envergure en cours, ça suffit pour le moment. Lire: https://www.lorientlejour.com/article/1341775/pourquoi-le-tachnag-a-t-il-vote-frangie-.html

    NABIL

    16 h 05, le 20 juillet 2024

  • On pourrait dire aussi que du temps de Michel el Mourrr et des milices de différentes obédiences, (on) s’opposait régulièrement les armes à la main. Des heurts réguliers sont relatés et parfois à la canonnade lourde. Ma mémoire, source infaillible, me dit que le Tachnag, qui n’était que prosyrien, n’avait que des conflits de bon voisinage avec les autres communautés. Bref, parler de "vivre-ensemble" dans cette zone de démunis, n’est qu’une une vision de l’esprit, ou bien d’un projet politique voulant greffer ce concept mais qui ne prend pas…

    NABIL

    15 h 53, le 20 juillet 2024

  • ""… Tachnag qui est celui-là même qui avait accueilli durant la guerre civile ainsi que la guerre de juillet 2006 contre Israël les réfugiés de la communauté chiite"". On pourrait dire que Nabaa Bourj-Hammoud est une terre d’accueil, et les faits parlent d’eux-mêmes. Ce bidonville a abrité au début de la guerre civile, les chrétiens chassés de leurs maisons, après avoir déporté les chiites et autres déshérités qui y habitaient. L’incident relaté montre que la ceinture ou plutôt le croissant chiite autour de Beyrouth va se former tôt ou tard et cette communauté y revient en force et en nombre.

    NABIL

    15 h 37, le 20 juillet 2024

  • Ces farouches baroudeurs des deux bords oublient une chose essentielle qui calmerait aussitôt leurs ardeurs pugnaces : L'Iran est le pays de la planète qui appuie le plus sa voisine l'ARMÉNIE contre les attaques haineuses des azerbaidjanais ! Édifiant !

    Chucri Abboud

    13 h 38, le 20 juillet 2024

  • Les petits quartiers chiites implantés dans les régions à majorité chrétienne font l’effet d’un cheveu dans la soupe bien que cette communauté possède à elle seule deux grands fiefs, l’un ds la banlieue sud de la capitale et l’autre au sud du pays. De ce fait, le baratin au sujet vivre ensemble est un grand mensonge tant il est menacé de dégénérer en guerre civile à chaque petit incident. L’idéal est de se respecter et s’apprécier mutuellement, mais de loin.

    Hitti arlette

    12 h 08, le 20 juillet 2024

  • Les chiites se croient tout permis partout où il se trouvent forts de leurs armes et que leur barbu leur fournit pour soit disant se défendre alors qu’ils ne cessent de provoquer les habitants qui les ont accueillis pour instaurer un climat de terreur et ainsi trôner dans les régions qui leur ont ouvert leur porte. Gratitude et reconnaissance? Ça ne figure pas dans leur jargon. Plutôt terreur et népotisme pour régner. Le Tachnag a de bonnes relations avec les leaders chiites? Tant mieux pour eux, qu’ils assument alors leur alliance contre nature.

    Sissi zayyat

    10 h 32, le 20 juillet 2024

  • Et ça reprend comme dans les années 1970

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 02, le 20 juillet 2024

  • Vivre ensemble ….. lol

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 40, le 20 juillet 2024

  • 2 négations ne font pas une communauté.

    Marie Claude

    08 h 09, le 20 juillet 2024

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