« Il est très difficile de vivre dans ce pays, tant pour les humains que pour les animaux », a dénoncé ce mercredi Deniz Yücel, porte-parole du Parti républicain du peuple (CHP), s’indignant du « massacre » à venir des chiens errants qui peuplent les rues du pays. En cause : un projet de loi porté par le parti présidentiel AKP (parti de la Justice et du Développement), destiné à contrer la prolifération des près de quatre millions d’animaux livrés à eux-mêmes. En substance, l’initiative discutée depuis mercredi au Parlement turc prévoit la capture massive des canidés, leur stérilisation et leur puçage par les municipalités. Si les animaux, placés dans des refuges, ne sont pas adoptés dans les trente jours, ils seront « euthanasiés », a indiqué le gouvernement. Le même sort sera réservé aux chiens « considérés comme présentant un risque de rage et ceux qui sont agressifs », a déclaré le président du groupe parlementaire de l'AKP, Abdullah Guler, en mentionnant des raisons sanitaires et sécuritaires. L’information, qui a fuité dans la presse le mois dernier, a suscité un vent de colère parmi l’opposition au Parlement, mais aussi dans la rue, où les défenseurs de la cause animale organisent depuis début juin des manifestations massives dans les grandes villes du pays, pour demander au gouvernement, soutenu par leurs alliés d’extrême droite du parti du Mouvement nationaliste (MHP), de retirer le projet de loi.
« Castrez, vaccinez et maintenez en vie », scandaient les manifestants rassemblés devant le Parlement à Ankara, en ouverture des débats ce mercredi. « Cela n'a pas apporté de solution », avait déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan début juin, en référence à la législation actuelle qui oblige depuis 2021 les municipalités locales à stériliser et vacciner les chiens errants avant de les relâcher dans leurs zones d'origine. Estimant que le « problème des chiens errants n'existe dans aucun pays développé », le reïs a cité notamment l'augmentation des cas de rage, alors que la Turquie est classée « à haut risque » pour la circulation de la maladie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cinquante-cinq décès ont été causés par des chiens, par morsure ou dans des accidents de la circulation, au cours des cinq dernières années selon l’organisation. Ils seraient au nombre de 107, dont 50 enfants, au cours des deux dernières années, selon un rapport publié en juin par l'association Safe Streets and Defense of the Right to Life, une association fondée par les parents d'une fillette de 10 ans décédée dans un accident de voiture alors qu'elle fuyait une meute de chiens en 2022, et qui milite depuis pour le ramassage de tous les chiens errants dans les rues, rapporte Al-Monitor.
La tragédie de Hayirsizada
Dans l’opinion publique turque, habituée à coexister avec les chiens des rues, la mesure n’est guère appréciée. Réalisé en septembre dernier, un sondage de l'institut Metropoll révèle que moins de 3% des Turcs seraient favorables à l'euthanasie des animaux errants. D’autant que la polémique réveille le souvenir de la tragédie de Hayirsizada (l'île maudite, en turc) en 1910 quand près de 80 000 chiens d’Istanbul furent déportés sur une île déserte en mer de Marmara où la plupart moururent de faim et de froid. Un massacre planifié à l’époque comme un moyen de moderniser la ville ottomane. Aujourd’hui, les manifestants craignent que le sujet ne serve de manœuvre politique à l’AKP, habitué à jouer sur les angoisses sécuritaires pour en tirer des bénéfices électoraux.
Avant la débâcle du parti présidentiel lors des élections municipales de mars dernier, à l’issue duquel le CHP a enregistré un score historique, la presse progouvernement turc avait mis l’accent sur les attaques de chiens contre les passants, y voyant là le laxisme des municipalités aux mains de la première force d’opposition du pays. Ce mercredi, celle-ci a indiqué par l’intermédiaire de son porte-parole que les villes gérées par le CHP n’appliqueraient pas le projet de loi, s’il est adopté, préférant « continuer à défendre le droit à la vie des animaux errants jusqu’au bout ».
L'AKP fait un pas en arrière
Face au tollé provoqué par le projet de loi, le parti présidentiel compte introduire un amendement visant à spécifier les conditions dans lesquelles les chiens errants seront euthanasiés, la proposition initiale prévoyant d’abattre les chiens présentant une menace pour la « sécurité publique » ainsi que ceux qui n’auront pas été adoptés dans les trente jours suivants leur placement dans des refuges. La modification apportée dispose donc que les chiens errants ne seront euthanasiés que si leur comportement constitue une menace pour la vie humaine et animale, s’ils ont une maladie en phase terminale ou si leur abattage est nécessaire pour empêcher la propagation d’une maladie infectieuse aiguë. L'euthanasie doit être pratiquée sous la surveillance d'un vétérinaire. Les animaux pris en charge par les services de protection seront également gardés dans des refuges pour animaux jusqu'à leur adoption.
Des animaux errants comme les chiens en Turquie, les chats ( contre les rats) dans les anciennes colonies britanniques comme la Terre Sainte par exemple. Les Kangouros ou les dromadaires en Australie. Les Poissons exportés dans d'autres pays comme le Saint pierre en Afrique . La bêtise humaine n'a pas de frontières. Dans les grands parc parisiens en soirée , les parents avec de jeunes enfants ne vont plus se promener : les rats.
13 h 45, le 23 juillet 2024