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Politique - Décryptage

Malgré l’appui franco-saoudien à son initiative, Berry soucieux de la position chrétienne


Pour la première fois depuis des semaines, voire des mois, le président de la Chambre Nabih Berry affiche, selon ses proches, un optimisme au sujet de l’échéance présidentielle. À la lumière de la position de l’émissaire français Jean-Yves Le Drian, qui a ouvertement appuyé son initiative pour le dialogue, et de ce qu’il considère comme une position plus positive saoudienne, Berry serait donc convaincu qu’il y a une possibilité réelle d’élire rapidement un président. Mais il faudrait pour cela que les différents blocs parlementaires, notamment ceux qui représentent les composantes du tissu social et confessionnel libanais, acceptent son initiative et participent aux sept jours de dialogue avant d’aller vers les séances électorales.

Selon ses proches, Nabih Berry serait en effet satisfait de l’accueil fait par l’émissaire français à l’initiative de dialogue qu’il a lancée le 31 août dans le cadre du discours prononcé à l’occasion de la commémoration de la disparition de l’imam Moussa Sadr. « Cette idée lui était venue après mûre réflexion et surtout face à l’impasse totale dans laquelle était plongé le pays depuis la séance parlementaire électorale du 14 juin », selon ses proches. Celle-ci s’était, en effet, terminée par un équilibre dans les rapports des forces, montrant qu’aucun camp n’est en mesure d’amener seul son candidat à la tête de l’État. C’est d’ailleurs ainsi qu’était née l’idée de la nécessité d’un dialogue préalable entre les différentes parties pour parvenir à l’élection d’un président.

Même lors de l’entretien de Berry avec l’émissaire américain Amos Hochstein lors de la courte visite de ce dernier au Liban à la fin du mois d’août, l’impasse présidentielle avait été évoquée et le président de la Chambre avait eu le sentiment qu’il fallait à tout prix faire quelque chose, car la situation interne ne pouvait qu’empirer si rien n’était fait. Il a donc choisi de lancer cette initiative qui, dans son optique, répond aux demandes des deux parties en conflit, le camp du 8 Mars qui prône un dialogue préalable pour aboutir à une entente sur un candidat et celui de l’opposition qui préfère que le processus électoral suive son cours normal qui ne devrait s’arrêter qu’avec l’élection d’un président.

À travers ce scénario en deux temps, Berry croyait pouvoir contenter tout le monde. Mais il a été surpris par les réactions des différentes parties à son initiative. Certes, le Hezbollah l’a accueillie favorablement, mais aussi – ce qui est considéré comme un indice positif – le camp du leader druze Walid Joumblatt ainsi que le bloc dirigé par son fils Taymour. Les groupes sunnites n’ont pas donné de réponse précise et le président de la Chambre espère que la récente initiative saoudienne de regrouper les députés sunnites sous la houlette de l’ambassadeur Walid Boukhari en présence du mufti Abdellatif Deriane soit une sorte d’encouragement pour les pousser à aller vers le dialogue qui serait suivi de l’élection.


Restent les blocs chrétiens qui constituent un véritable casse-tête pour le tandem chiite. Les proches de Berry ne cachent ainsi pas leur surprise face au refus ferme de tout dialogue de la part des Forces libanaises et des Kataëb. Les milieux de Aïn el-Tiné se demandent si cette décision est le fruit de la conviction propre de ces partis ou bien si elle est inspirée par une partie externe. Dans ce cas, « cela signifierait qu’en dépit des encouragements clairs de Jean-Yves Le Drian, qui a assuré à plusieurs reprises à ses interlocuteurs libanais qu’il parle au nom du groupe des cinq (USA, Égypte, France, Qatar et Arabie saoudite), certaines parties étrangères ne seraient pas favorables à ce scénario », estiment les proches de Berry. Ce dernier continue à miser sur la position du bloc du Liban fort (CPL) qui, en dépit d’un premier accueil favorable, a émis par la suite des réserves au sujet de la procédure, en craignant l’existence d’éventuelles intentions cachées. Il a été ainsi clairement question, dans les milieux aounistes, d’un scénario basé sur le fait de faire sauter le quorum des deux tiers des députés requis pour toute séance d’élection si le candidat du tandem chiite, le chef des Marada Sleiman Frangié, n’est pas assuré d’être élu.

Les milieux proches de Berry s’étonnent de la volte-face du CPL et de son chef Gebran Bassil. Ils rappellent que Berry lui-même a comparé les séances successives d’élection au processus d’élection du pape au Vatican, qui prévoit une séance ininterrompue jusqu’à ce que la fumée blanche se dégage. Autrement dit, pour les milieux de Aïn el-Tiné, les réserves du CPL et même d’autres parties ne seraient pas justifiées. L’émissaire présidentiel français a lui aussi exprimé devant ses interlocuteurs libanais sa conviction que l’initiative de Berry ne comporte pas de pièges sur le plan du quorum et qu’il s’agit d’un processus qui pourrait réellement aboutir à l’élection d’un président si les différentes parties acceptent d’y participer sans préjugés ni idées préconçues. Enfin, l’initiative de l’ambassadeur saoudien de réunir hier les députés sunnites en présence de Le Drian est aussi un message clair en faveur de la mission française, qui appuie clairement l’initiative de Berry.

Pour toutes ces raisons, les milieux proches de Berry restent convaincus que cette initiative, qui est désormais appuyée par la France, mais aussi par le groupe des cinq, Arabie en tête, pourrait réellement ouvrir une brèche dans l’impasse actuelle. À condition que les Libanais décident d’y répondre positivement et de cesser de miser sur des changements dans les rapports de force internes, régionaux et internationaux.



Pour la première fois depuis des semaines, voire des mois, le président de la Chambre Nabih Berry affiche, selon ses proches, un optimisme au sujet de l’échéance présidentielle. À la lumière de la position de l’émissaire français Jean-Yves Le Drian, qui a ouvertement appuyé son initiative pour le dialogue, et de ce qu’il considère comme une position plus positive saoudienne,...

commentaires (7)

La position des partis Chrétiens, en particulier des FL et des Kataeb, est la preuve sans faille que ces partis n’obéissent qu'a eux même et selon les intérêts du pays et non au nom des ambassades, tels que le prétend la propagande du tandem Chiite, qui eux par contre ne font que cela. Berry a raison de ce soucier de ses irascibles compatriotes car ils résistent dans ce coin de terre depuis plus de 1500 années et n'est pas encore naît celui qui va les en déloger. Il faut tout faire, en ce moment, pour leur rogner les ailes en se débarrassant, avant toute chose, des armes du Hezbollah. Le reste viendra tout seul.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

15 h 52, le 18 septembre 2023

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Commentaires (7)

  • La position des partis Chrétiens, en particulier des FL et des Kataeb, est la preuve sans faille que ces partis n’obéissent qu'a eux même et selon les intérêts du pays et non au nom des ambassades, tels que le prétend la propagande du tandem Chiite, qui eux par contre ne font que cela. Berry a raison de ce soucier de ses irascibles compatriotes car ils résistent dans ce coin de terre depuis plus de 1500 années et n'est pas encore naît celui qui va les en déloger. Il faut tout faire, en ce moment, pour leur rogner les ailes en se débarrassant, avant toute chose, des armes du Hezbollah. Le reste viendra tout seul.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    15 h 52, le 18 septembre 2023

  • Il devrait non seulement se soucier mais craindre les chretiens…..!

    Robert Moumdjian

    16 h 20, le 16 septembre 2023

  • Il se prend pour qui précisément Berri pour décider pour les chrétiens ??

    Wow

    18 h 58, le 15 septembre 2023

  • - DANS LA TRAPPE BERRIOTE, - S,EST LAISSE PRENDRE PLUS D,UN, - MEME S,ILS N,ONT EN COMMUN, - NI TURBAN ET NI CULOTTE. - ILS DEMANDENT AUX CHRETIENS, - QUI RECLAMENT L,ANABASE, - DE SE SOUMETTRE A L,UKASE - DES VENDUS ET DES VAURIENS.

    PARTISAN(E) EN PLACE. LA CENSURE BAT SON PLEIN

    14 h 26, le 15 septembre 2023

  • "Berry lui-même a comparé les séances successives d’élection au processus d’élection du pape au Vatican, qui prévoit une séance ininterrompue jusqu’à ce que la fumée blanche se dégage.". Comparaison très judicieuse. car c'est bien ce qu'exige la Constitution... Sauf que c'est justement ce à quoi Berry se refuse depuis un an! Maintenant, il propose de le faire si - et seulement si - on accepte son "dialogue". Geagea et Gemayel ont raison de refuser que l'application de la Constitution soit soumise à condition.

    Yves Prevost

    08 h 05, le 15 septembre 2023

  • Le dialogue revolver sous le veston… Quels démocrates !

    LeRougeEtLeNoir

    06 h 13, le 15 septembre 2023

  • Soucieux! Quelle bonne nouvelle

    MICHAEL KASSOUF

    00 h 52, le 15 septembre 2023

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