John Fogerty, ancien leader de Creedence Clearwater Revival qui s’est battu 50 ans pour récupérer ses droits sur ses chansons, a donné hier à la Seine Musicale à Boulogne-Billancourt un unique concert en France, où cette légende du rock n’est plus venue depuis quinze ans. Le nom de celui qui vient d’avoir 78 ans est à jamais lié à celui du groupe qui emporta tout sur son passage en Amérique du Nord puis dans le monde de 1968 à 1972. Pourtant, après la fin de CCR et jusqu’au début de 2023, Fogerty n’était plus le propriétaire de son œuvre. Une bonne partie des chansons du groupe, interprétées dans un style direct et pêchu, furent des tubes, au succès fulgurant, à tel point que le magazine Rolling Stone le désigna groupe américain de l’année en 1969. C’est en 1968 que John Fogerty, son frère Tom, Doug Clifford et Stu Cook prennent le nom de Creedence Clearwater Revival. En quatre ans et six albums, ces Californiens au look de cow-boys, blue-jeans et chemises à carreaux, raflent la mise. Dans un style à contre-courant des tendances d’une époque s’intéressant plutôt aux expérimentations psychédéliques, avec des chansons sans fioritures, ravivant les racines du rock’n roll et du rythm’n blues, qui jettent les bases du swamp rock. Le grand public adhère à la spontanéité de ces chansons dont les paroles, chantées d’une voix claire et incandescente par John Fogerty, évoquent le terroir, les bayous et le sud profond des États-Unis, où les membres du groupe n’ont pourtant jamais mis les pieds.
CCR sera à Woodstock, Proud Mary, ballade rock aux accents country, reprise par Ike & Tina Turner ou Elvis Presley, Green River, leur deuxième disque, un énorme succès commercial, et la chanson Fortunate Son figurera dans la bande-son du film Forrest Gump. Cependant, la médaille a son revers. Après un enchaînement effréné d’enregistrements et tournées, l’inspiration de John Fogerty s’étiole. Mais un contrat coercitif avec sa maison de disques Fantasy l’emprisonne. Il s’en libère en abandonnant ses droits sur le catalogue de Creedence. « Fogerty brade alors son passé pour être propriétaire de son futur », explique Steven Jezo-Vannier, auteur du livre Creedence Clearwater Revival (2015). Un long bras de fer juridique va ensuite opposer Fogerty, qui refusera même de chanter les titres de son ancien groupe pendant qu’il tente de récupérer ses droits, et Fantasy. « La bataille va durer. Ça n’est qu’au début des années 2000 que ça va se détendre lorsque Concord, qui rachète Fantasy, lui laisse récupérer ses droits d’exploitation », précise Steven Jezo-Vannier. Ultime étape de cet interminable feuilleton, John Fogerty rachète début 2023 des parts majoritaires.
Source : AFP