Rechercher
Rechercher

Campus - PATRIMOINE

À l’USEK, une thèse en histoire de l’art pour valoriser l’héritage mobilier au Liban

Patricia Cortas a étudié le patrimoine mobilier que l’on retrouve dans de nombreuses maisons traditionnelles aux trois arcs, appartenant à des familles bourgeoises ou de notables.

À l’USEK, une thèse en histoire de l’art pour valoriser l’héritage mobilier au Liban

Dans sa thèse pour laquelle elle a obtenu, à l’issue de sa soutenance, la mention très honorable, Patricia Cortas met en évidence le fait que l’équipement mobilier traditionnel au Liban a connu une mutation à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Photo Jad Salameh

Dans sa thèse intitulée « Identification de l’héritage mobilier au Liban : de la moitié du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle », soutenue le 9 mai à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), la chercheuse traite d’un sujet qui permet de combler des lacunes dans l’histoire de l’art au Liban. « Consciente qu’il existe très peu de références et de spécialistes dans le domaine de l’histoire du mobilier dans notre pays, j’ai souhaité m’engager dans un travail de recherche mené sur le terrain pour contribuer à créer, en suivant la stratégie de la saturation théorique des données, une base de données qui n’existe pas encore au Liban et qui servira à débuter un travail de préservation du patrimoine mobilier au pays du Cèdre », résume Patricia Cortas. Titulaire, depuis 2013, d’une licence en design et arts appliqués suivie, en 2015, d’une maîtrise en architecture d’intérieur, toutes les deux de l’USEK, la jeune femme a souhaité étudier des meubles traditionnels d’influence occidentale fabriqués localement tout en s’intéressant aux métiers d’art du bois (ébéniste, menuisier, sculpteur, restaurateur de meubles, etc.). « Le mobilier fabriqué localement est considéré comme faisant partie du patrimoine et nécessite d’être identifié et valorisé puisqu’il fait partie intégrante de l’histoire et de la culture artistique libanaises », souligne la chercheuse qui travaille, depuis 2017, comme architecte d’intérieur.

Une étude sur le terrain

Afin de développer sa thèse dirigée par le professeur Antoine Fischfisch, Patricia Cortas a mené localement de nombreuses recherches afin d’identifier 35 maisons traditionnelles aux trois arcs, appartenant à des familles bourgeoises ou de notables, dont l’aménagement intérieur se compose d’une variété de meubles d’influence occidentale fabriqués au Liban. Pour son étude, elle a examiné dans les moindres détails le mobilier de 21 de ces demeures situées à Beyrouth (Rmeil, Achrafieh, Saïfi, Zoqaq el-Blatt et Minet el-Hosn), à Beit Chabeb, à Ajaltoun, à Ghazir, à Amchit et à Douma. « Afin de pouvoir collecter les données et les analyser, j’ai dû prendre d’innombrables photos de l’intérieur et de l’extérieur de ces maisons. De même, j’ai collecté des informations au sujet de l’architecture et de l’histoire de chacune de ces demeures et je me suis penchée sur la description minutieuse de tout ce qui s’y trouve », raconte Patricia. Dans sa thèse, sont répertoriées, pour chacune des demeures, les pièces du mobilier d’époque que nous retrouvons et qui nous renseignent sur l’architecture, l’agencement des espaces intérieurs des maisons aux trois arcs de ces familles, l’état de conservation des différents meubles et l’artisanat local. En plus de catégoriser les différents meubles, la chercheuse consacre des parties à l’étude du meuble traditionnel dans son contexte social et aux comparaisons entre le mobilier local et occidental. « J’ai également fourni des informations au sujet du travail des artisans œuvrant dans chaque localité : menuisiers et sculpteurs sur bois, fabricants de meubles d’influence occidentale et héritiers du savoir-faire ancestral », ajoute la jeune femme. Celle-ci précise par ailleurs qu’il existe actuellement très peu d’artisans exerçant encore, au Liban, les métiers de l’art du bois capables de préserver l’héritage mobilier dont il est question dans son travail de recherche. La collecte de données nécessaire à cette étude n’a pas été facile : la jeune femme, qui a sillonné les routes du Liban, a dû faire preuve de persuasion pour obtenir l’accord de certains propriétaires qui ne souhaitaient pas dévoiler leur mobilier. « À cela s’ajoute le fait que la double explosion au port de Beyrouth a endommagé les demeures que j’avais retenues dans la capitale. J’ai dû attendre jusqu’à un an pour que soient achevés les travaux de rénovation », confie-t-elle.

Protéger le patrimoine mobilier au Liban

Dans sa thèse pour laquelle elle a obtenu, à l’issue de sa soutenance, la mention très honorable, Patricia Cortas met en évidence le fait que l’équipement mobilier traditionnel au Liban a connu une mutation à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Des meubles d’influence occidentale (canapés, fauteuils, commodes, consoles avec miroirs, buffets à deux corps, etc.) ont été introduits dans les demeures aux trois arcs des familles bourgeoises et chez les notables, ce qui a contribué à faire changer la conception de leur aménagement intérieur. La chercheuse y explique également que le ministère de la Culture doit jouer un rôle non négligeable dans la préservation du patrimoine mobilier au Liban, notamment en sensibilisant la population locale, par le biais de nombreuses activités socioculturelles à mettre en place, à l’importance de cet héritage. « Au Liban, les chercheurs et les spécialistes en histoire de l’art, qui identifient les meubles d’héritage, font partie des acteurs principaux qui peuvent valoriser ce patrimoine mobilier », relève la jeune femme qui souhaite poursuivre ses recherches et publier de nombreux articles à propos du patrimoine mobilier au pays du Cèdre. « Alors qu’il y a au Liban un manque de collecte de données et de lois pour la préservation du patrimoine mobilier, Patricia Cortas a fourni un travail de qualité innovant et difficile à accomplir puisque ses recherches sur le terrain sont réparties sur plusieurs localités. Les résultats pourront être un déclic pour des recherches ultérieures menant vers de nouvelles découvertes nécessaires à la préservation de nos richesses nationales », remarque le professeur Antoine Fischfisch, architecte ayant dirigé cette thèse. Patricia a eu l’occasion d’exposer son travail de recherche lors de l’événement intitulé « Doctoral Studies National Research Days » organisé les 18 et 19 mai à l’USEK et au cours duquel elle a remporté le 3e prix pour la présentation orale de sa thèse.


Dans sa thèse intitulée « Identification de l’héritage mobilier au Liban : de la moitié du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle », soutenue le 9 mai à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), la chercheuse traite d’un sujet qui permet de combler des lacunes dans l’histoire de l’art au Liban. « Consciente qu’il existe très peu de références...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut