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Israël : le Parlement accorde des fonds controversés aux juifs ultra-orthodoxes

Israël : le Parlement accorde des fonds controversés aux juifs ultra-orthodoxes

Des Israéliens protestent contre la proposition de budget national de leur gouvernement, le 23 mai 2023, près de la Knesset (parlement israélien) à Jérusalem. Photo par Menahem Kahana/AFP

Le Parlement israélien a accordé mercredi des fonds supplémentaires à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros pour les juifs ultra-orthodoxes dans un vote dénoncé par l'opposition au gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Cette rallonge est incluse dans le projet de loi de finances 2023-2024 adopté par les députés et prévoyant une budget s'élevant à 484 milliards de shekels (120,5 milliards d'euros) pour 2023, et 514 milliards de shekels (environ 128 milliards d'euros) pour 2024. Rapporté à la prévision de PIB du Fonds monétaire international (FMI) pour 2023, le déficit budgétaire inscrit dans la loi correspond à moins de 0,9% du PIB (contre un déficit estimé par le FMI à moins de 0,7% du PIB en 2022).

Mardi, des milliers de personnes avaient manifesté à Jérusalem contre l'attribution de financements publics supplémentaires aux juifs ultra-orthodoxes, accusant la coalition au pouvoir de "piller" le pays. Dans le cadre d'un accord avec l'un des partis ultra-orthodoxes de cette coalition, M. Netanyahu avait annoncé la veille que l'Etat accorderait aux hommes juifs ultra-orthodoxes mariés qui poursuivent des études religieuses plutôt que de travailler une enveloppe de 250 millions de shekels (62,5 millions d'euros), en plus des allocations dont bénéficie déjà la communauté ultra-orthodoxe. La mesure a été approuvée dans la nuit de mardi à mercredi à une majorité de 64 députés (sur les 120 que compte la Knesset), correspondant aux élus du "bloc de droite" de M. Netanyahu.

"Destructeur" 

Le Premier ministre s'est félicité du vote "qui nous donne de la stabilité économique et politique pour quatre ans" dans une vidéo diffusée mercredi par son bureau. "Nous allons poursuivre nos efforts pour arriver un accord aussi large que possible sur la réforme judiciaire", a ajouté M. Netanyahu, faisant allusion au projet de réforme qui divise l'opinion depuis janvier et que le gouvernement a été contraint de suspendre face à un mouvement de contestation d'ampleur exceptionnelle.

Le président israélien Isaac Herzog mène des négociations depuis deux mois environ avec des représentants du gouvernement et de l'opposition afin d'arriver à un compromis sur les termes de cette réforme. Sur son compte Facebook, le chef de l'opposition Yaïr Lapid a dénoncé "le budget le pire et le plus destructeur de l'histoire du pays".

Avec l'inflation élevée, la hausse des taux d'intérêt et la dévaluation du shekel ces derniers mois, un budget prévoyant des "moteurs de croissance" aurait été préférable à des "transferts d'argent" vers les institutions ultra-orthodoxes, selon Asher Blass, professeur d'économie au Ashkelon Academic College.

"Laissés pour compte" 

Interrogé par l'AFP, Yossef Hazki, un retraité âgé de 80 ans habitant Ramat Gan, dans la banlieue de Tel-Aviv, estime que les "laïcs sont laissés pour compte" dans le nouveau budget, accusant le gouvernement de défendre uniquement les intérêts sectoriels de son électorat. Pour lui, les subventions supplémentaires attribuées aux ultra-orthodoxes sont un "crime" et "il faudrait au minimum donner cet argent aux jeunes qui servent dans l'armée".

Le service militaire (32 mois pour les hommes et deux ans pour les femmes) est obligatoire pour les jeunes Israéliens mais la quasi-totalité des ultra-orthodoxes y échappe, grâce à un accord offrant aux jeunes hommes étudiants à plein temps dans des écoles talmudiques d'obtenir chaque année un report d'incorporation. Les jeunes filles religieuses en sont elles automatiquement exemptées. Les ultra-orthodoxes ("haredim" en hébreu) représentent environ 14% de la population juive d'Israël, selon l'Institut israélien pour la démocratie (IDI), soit près de 1,3 million de personnes. Selon cet institut, le taux de pauvreté de cette communauté atteignait près de 44% en 2019, contre 22% pour l'ensemble de la population israélienne, et si la majorité des femmes de ce milieu travaillent (78%), seuls 51% des hommes ont un emploi.

Sivan Sharon, une Israélienne âgée de 38 ans, qui travaille dans la high tech, secteur moteur de l'économie israélienne, déplore que "les impôts que nous payons (...) n'aillent pas à ceux qui en ont vraiment besoin." "Au bout du compte, ils vont à une population qui choisit de ne pas travailler et le gouvernement encourage cela", estime-t-elle, alors que "cet argent (pourrait) servir à aider les populations les plus faibles, les soldats, aller à la santé et à l'éducation, les besoins ne manquent pas".

Le Parlement israélien a accordé mercredi des fonds supplémentaires à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros pour les juifs ultra-orthodoxes dans un vote dénoncé par l'opposition au gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Cette rallonge est incluse dans le projet de loi de finances 2023-2024 adopté par les députés et prévoyant une budget s'élevant à 484...