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Sport - Liga

Vinicius de nouveau victime de racisme dans un stade espagnol

À la suite des nouvelles insultes racistes dont l’attaquant brésilien du Real Madrid a été victime ce dimanche à Valence, le club madrilène a décidé de porter plainte tout en exhortant la Liga à prendre des mesures fortes contre ce fléau. Une enquête a été ouverte par la justice espagnole.

Vinicius de nouveau victime de racisme dans un stade espagnol

Vinicius Junior pointant du doigt un supporter de Valence après avoir reçu des insultes à caractère raciste de la part du public du stade Mestalla, en marge du match de championnat d’Espagne entre le Valence CF et le Real Madrid (1-0), dimanche. Jose Jordan/AFP

« Ce n’était pas la première fois, ni la deuxième, ni la troisième. Le racisme est normal en Liga. » Sur ses réseaux sociaux, Vinicius Jr n’a pas tardé à faire part de son profond ras-le-bol. Comme il l’insinue dans ce message posté dans la nuit de dimanche à lundi, cette triste scène survenue à Valence n’a rien d’inédit.

Elle produit au contraire une forte impression de déjà-vu, et donne le sentiment qu’en dépit des campagnes et des effets d’annonce en tout genre, les mêmes causes provoquent inlassablement les mêmes effets.

Après avoir été une énième fois la cible d’insultes racistes proférées par le public adverse au cours de la rencontre, l’attaquant brésilien a été injustement exclu dans le temps additionnel, désigné comme seul et unique responsable d’une échauffourée impliquant de nombreux joueurs madrilènes et valenciens.

« Ce qui s’est passé est une honte »

Ce dernier a ensuite quitté la pelouse sous les hourras du stade de Mestella, dont émanaient de façon distincte et répétitive des cris sans équivoque : « Mono ! Mono ! », terme signifiant « singe » en espagnol.

« Je ne veux pas parler de football, je suis furieux », a lancé, sur un ton glacial, Carlo Ancelotti au micro de Movistar+ juste après le coup de sifflet final. « Ce qui s’est passé est une honte, a poursuivi l’entraîneur merengue. Tout le stade a traité Vinicius de singe. Ils ont commencé à l’insulter dès la première minute. La Liga a un très grave problème avec ça. »

Avant ce triste épilogue, la partie avait déjà été interrompue à la 71e minute pour la même raison : « C’est lui ! C’est lui ! » s’indignait Vinicius auprès de l’arbitre en pointant du doigt un supporter qu’il accusait de l’insulter derrière le but valencien. « Je ne joue plus », ajoutait-il à l’arbitre Ricardo Bengoetxea alors que ce dernier s’apprêtait à siffler la reprise du match après cinq minutes d’interruption.

Mais hormis une annonce faite au micro du stade, évoquant la menace d’une suspension de la rencontre en cas de signalement d’un nouveau comportement raciste, rien n’est venu perturber le bon déroulement de la rencontre, qui s’est conclue sur le score de 1-0 en faveur du club « che », grâce à un but du jeune Diego Lopez à la 33e minute.

« Tu n’es pas seul »

Un résultat bien anecdotique au vu de la gravité des événements, qui n’ont pas manqué de provoquer une immense vague d’indignation. Dans la foulée de la rencontre, des messages de soutien envers le joueur du Real ont afflué des quatre coins du globe.

À commencer par le Brésil, où le président Luis Inazio Lula da Silva s’est ému du « racisme » subi par Vinicius : « On l’a traité de singe. Il n’est pas possible, en plein XXIe siècle, d’avoir des préjugés raciaux aussi forts dans autant de stades de football », a-t-il déclaré.

« Nouvel épisode de racisme en Liga, et une fois de plus Vini est la victime », a également déploré Ronaldo, la légende de la Seleçao. « Cela durera tant que l’impunité et la complicité » perdureront.

« Avec toi », a également réagi Neymar, tout comme son coéquipier au PSG Kylian Mbappé, qui a également pris position : « Tu n’es pas seul. Nous sommes avec toi et te soutenons », a-t-il écrit en anglais sur Instagram.

Des réactions d’autant plus vives et nombreuses que les incidents racistes à l’encontre de Vinicius sont devenus monnaie courante dans le championnat d’Espagne de football depuis plusieurs années. Pour n’en citer qu’un, le dernier affrontement entre l’Atletico Madrid et le Real avait donné lieu à des scènes similaires, lorsqu’une marionnette à l’effigie du joueur auriverde avait été pendue au pied d’une tribune des fans des « Colchoneros ».

« La Fédération est consternée par ce qui s’est passé. Ces attitudes doivent être éradiquées », a commenté dans la nuit la fédération espagnole, compétente pour ces problématiques via son « Comité de Competición » qui équivaut à la commission de discipline française.

Elle demande également l’adoption de « mesures plus énergiques », qui pourraient aller jusqu’à la fermeture de tribunes, voire de stades en cas de récidive.

De son côté, le Real Madrid lundi a saisi le bureau du procureur contre les crimes de haine et la discrimination, « afin que les faits fassent l’objet d’une enquête et que les responsabilités soient purgées », a-t-il écrit dans un communiqué.

Depuis les faits, une enquête a été ouverte par le parquet de Valence pour un « délit de haine » présumé.

Le Conseil supérieur des sports (CSD) espagnol a affirmé qu’il était en train d’analyser les images afin d’identifier « les auteurs de ces insultes et comportements pour proposer les sanctions appropriées ». Le CSD a aussi rappelé que, pour des faits similaires de racisme, il a déjà proposé cette saison 4 000 euros d’amende et une interdiction de stade d’un an pour les auteurs de ces insultes.

« Arrêter le match »

Mais il fallait bien qu’une voix dissonante se glisse au milieu de toutes ces réactions unanimes. En réaction aux propos tenus en après-match par Carlo Ancelotti, estimant que le championnat d’Espagne avait « un problème avec le racisme », Javier Tebas, le patron de la Liga, a réfuté toute inaction de son instance : « Avant de critiquer et d’insulter la Liga, il serait nécessaire que vous vous informiez correctement », a-t-il rétorqué à l’égard du coach italien.

Pour mettre en avant sa « réactivité », la Liga affirme dans un communiqué avoir transmis neuf plaintes cette saison pour des incidents subis par Vinicius, dont une seule a débouché sur une sanction (Valladolid mi-décembre).

« Insuffisant », a néanmoins jugé Ancelotti. « Que s’est-il passé jusque-là ? Des rapports qui n’ont abouti à rien (...). La solution, c’est d’arrêter le match. »

Le club de Valence, hôte de l’incident, a assuré dans un communiqué qu’il « condamnait publiquement toute sorte d’insultes, d’attaques », et qu’il « prendrait les mesures les plus sévères », en se cachant toutefois derrière ce qu’il désigne comme des « actes isolés ».

« Le racisme n’a pas sa place dans le football ou la société », a de son côté clamé le patron de la FIFA, Gianni Infantino, rappelant l’existence d’une procédure spécifique.

« D’abord, on arrête le match et on fait une annonce. Ensuite, les joueurs quittent la pelouse et on annonce la suspension du match si les attaques recommencent. Le match reprend, et si les attaques reprennent, les trois points vont à l’adversaire. »

Mais vu la faiblesse de la fréquence (pour ne pas dire l’inexistence) avec laquelle cette procédure est appliquée, l’heure est peut-être venue d’enfin inscrire dans le marbre des règlements une marche à suivre que plus aucun arbitre ne pourra ignorer. Car jusqu’à présent, le message n’est visiblement pas encore passé.

« Ce n’était pas la première fois, ni la deuxième, ni la troisième. Le racisme est normal en Liga. » Sur ses réseaux sociaux, Vinicius Jr n’a pas tardé à faire part de son profond ras-le-bol. Comme il l’insinue dans ce message posté dans la nuit de dimanche à lundi, cette triste scène survenue à Valence n’a rien d’inédit. Elle produit au contraire une forte...

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