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Politique - Gouvernement

Les ministres réunis aujourd’hui pour débattre de la démission de Salamé et des réfugiés

Les grandes décisions devront attendre le Conseil des ministres qui se réunira vendredi en bonne et due forme.

Les ministres réunis aujourd’hui pour débattre de la démission de Salamé et des réfugiés

Le gouvernement sortant de Nagib Mikati, réuni en Conseil des ministres au Grand Sérail, le 18 janvier 2023. Photo Dalati et Nohra

De retour de Djeddah où il a représenté le Liban au sommet de la Ligue arabe, le Premier ministre, Nagib Mikati, a prévu de réunir aujourd’hui son équipe ministérielle à des fins de consultation. Le Sérail a bien pris soin en amont de qualifier cette réunion de « simple rencontre d’échange » entre les composantes du gouvernement et non de Conseil des ministres en bonne et due forme. C’est une appellation voulue pour permettre au Courant patriotique libre de faire acte de présence sans s'en renier.

À ce jour, le CPL interprète le concept d’expédition des affaires courantes au sens restrictif et refuse de prendre part aux réunions du cabinet à moins d’une situation urgente ou exceptionnelle. Dans les milieux proches de M. Mikati, on ne parle pas non de plus d’ordre du jour mais de « sujets d’actualité », une autre terminologie prudemment choisie. Parmi les sujets qui seront débattus, le dossier des réfugiés syriens, une « priorité » de l’avis de plusieurs ministres, et bien entendu le mandat d’arrêt international émis par la justice française contre le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé. Deux dossiers pour le moins épineux et qui ne manqueront pas de susciter des débats qui risquent d’être houleux. Le cas du gouverneur divise les différents protagonistes politiques entre ceux qui souhaitent sa démission ou sa révocation imminente et ceux qui estiment que l’exécutif ne peut pas le contraindre à rendre le tablier tant qu’il n’est pas officiellement accusé.

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Une tâche rendue encore plus difficile depuis que le gouverneur a donné le ton jeudi soir en indiquant dans un entretien télévisé qu’il ne partira pas avant la fin de son mandat, fin juillet. Une attitude pour le moins surprenante aux yeux de plusieurs acteurs de la société civile d’abord et de plusieurs partis politiques ensuite, à leur tête le CPL, les Kataëb, le Bloc national et, de manière moins catégorique, les Forces libanaises qui réclament son départ sans plus attendre.« Ce n’est pas à l’exécutif de demander, à ce stade, la démission de Riad Salamé tant qu’il n’y a pas encore d’accusation claire contre lui », commente le ministre de la Culture, Mohammad Mortada, proche du mouvement Amal. Ce dernier se base sur une interprétation personnelle du Code de la monnaie et du crédit qui prévoit notamment dans son article 19 la démission du gouverneur en cas de mauvaise gestion de ses fonctions. « Sur le plan éthique, c’est à lui de prendre l’initiative et non au gouvernement de le faire », dit le ministre. Un avis que contestent nombre de juristes qui estiment que le patron de la BDL aurait dû quitter son poste dès lors que des doutes sérieux ont été émis à son égard.

« Sonder leurs opinions »

« L’exécutif ne pourra aucunement se soustraire à cette responsabilité et devra incessamment prendre les mesures nécessaires pour démettre le gouverneur de ses fonctions », affirme un juriste financier sous le couvert de l’anonymat. « Le seul fait qu’il soit poursuivi par la justice et fasse l’objet d’un mandat d’arrêt suppose qu’il soit démis de ses fonctions ou, au moins, suspendu le temps qu’il puisse lui-même prouver son innocence », ajoute le juriste.

Le mouvement Amal rechigne à ce jour à voir Wassim Mansouri, le premier vice-gouverneur de la BDL qui doit légalement prendre la relève en cas de vacance, assumer cette responsabilité. Ce serait une des raisons pour lesquelles le parti de Nabih Berry n’est pas pressé de demander la démission de M. Salamé. L’autre raison serait liée aux menaces directes proférées par le gouverneur à l’encontre de la classe dirigeante, à laquelle il fait assumer une partie de la responsabilité de l’effondrement. À ce jour, ni le chef du gouvernement ni le chef du Parlement ne se sont prononcés sur la question. D’où la réunion d’aujourd’hui à laquelle Nagib Mikati espère attirer un maximum de ministres pour « sonder leurs opinions » à ce sujet, histoire de ne pas avoir à assumer seul la responsabilité. La question Salamé sera probablement de nouveau évoquée lors d’un Conseil des ministres en bonne et due forme, prévu vendredi prochain pour examiner par ailleurs de questions urgentes et en suspens.

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De retour de Djeddah où la question des réfugiés syriens a été soulevée à l’occasion du retour du président syrien, Bachar el-Assad, dans le giron arabe, Nagib Mikati va probablement soumettre ce dossier à l’examen afin de recueillir les opinions des uns et des autres, histoire de décider pour quelle voie opter dans les prochains jours. « La Syrie a clairement exprimé son souhait d’ouvrir ses portes pour le retour de ses citoyens mais insiste pour avoir un interlocuteur officiel en face », indique une source ministérielle proche du camp du 8 Mars. « En même temps, on entend dire que le régime n’a rien fait pour les encourager à rentrer. La balle est donc dans notre camp et il faut faire en sorte de lever tous ces obstacles », ajoute la source.

La question de l’envoi de délégations libanaises officielles en Syrie pour négocier l’éventuel rapatriement des réfugiés continue de poser problème, certaines parties libanaises n’étant pas encore prêtes à ce stade à faire un pas qui serait perçu comme un début de normalisation avec le pays voisin.

Dans un entretien depuis Djeddah, le ministre libanais sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a déclaré que la Syrie était prête à accueillir les réfugiés désireux de rentrer chez eux. « D’après le chef de la diplomatie syrienne Fayçal Moqdad et, avant lui, le président Bachar el-Assad, la position officielle syrienne est la suivante : les réfugiés sont les bienvenus », a-t-il déclaré dans une interview depuis Djeddah.

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De retour de Djeddah où il a représenté le Liban au sommet de la Ligue arabe, le Premier ministre, Nagib Mikati, a prévu de réunir aujourd’hui son équipe ministérielle à des fins de consultation. Le Sérail a bien pris soin en amont de qualifier cette réunion de « simple rencontre d’échange » entre les composantes du gouvernement et non de Conseil des ministres en bonne...

commentaires (3)

Ca suffit les tergiversations mafieuses. 1+1=2. 330 millions = Prison !

Ca va mieux en le disant

19 h 10, le 22 mai 2023

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Commentaires (3)

  • Ca suffit les tergiversations mafieuses. 1+1=2. 330 millions = Prison !

    Ca va mieux en le disant

    19 h 10, le 22 mai 2023

  • SujetS sensibleS. Cependant, les vraies et grandes décisions seront prises loin des radars et dans les coulisses des différents palais et pays. Le reste c’est pour la consommation locale

    LE FRANCOPHONE

    13 h 01, le 22 mai 2023

  • Des ministres démissionnaires, un État hors-la-loi, un gouverneur poursuivi internationalement … La mafiosite , et le patchwork approchent de leurs limites

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 21, le 22 mai 2023

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