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Lifestyle - L'instant K à Cannes

Jour 2 : Amour, gloire et botox

Premier festival de cinéma au monde, le Festival de Cannes fait tourner les têtes. Il les couronne comme il les fait tomber. Du 16 au 28 mai, tous les regards convergent vers la Riviera où stars, « wanna be » et has been se côtoient et festoient pour l’amour du 7e art. Depuis la Croisette, nous ouvrons grands les yeux et les oreilles. Qui brille sous les flashs, qui est la coqueluche, le talent du jour ? Qui délie les langues, qui rend les autres jaloux et qui est passé inaperçu ? « L’Orient-Le Jour » se glisse entre le tapis rouge et les murmures de café. Voici la pêche du jour.

Jour 2 : Amour, gloire et botox

L'actrice française Emmanuelle Béart à Cannes. Photo REUTERS

Cap d’Antibes, mercredi, 10 heures. À quelques mètres du mythique hôtel de l’Eden Roc, le soleil se fait discret et nous retrouvons la rédactrice-en-chef d’un grand magazine féminin français dans un café où le cappuccino coûte plus cher que notre rein droit. Accompagnée de sa nouvelle stagiaire, elle lui explique les modalités d’inscriptions aux projections pour les journalistes accrédités: « Ce n’est pas sorcier, tu verras. C’est Cannes, pas Kaboul… » Encore heureux. 20 ans après son premier Festival, cette quadragénaire aux faux airs de Sandrine Kiberlain nous raconte avec nostalgie sa toute première interview cannoise: « C’était avec Isabelle Huppert qui ne répondait à mes questions que par oui ou par non. L’entretien a fait dix lignes et n’a jamais été publié… »

La montée des marches de l’actrice Gao Ye pour « Monster » , le film japonais de Hirokazu Kore-eda, en Georges Chakra. Photo K.R.

Sois belle et montre toi

Ne pas craindre les excès, jusqu’à parfois devenir une caricature de soi-même, telle est la règle non-négociable pour faire partie des petits cercles fermés de cette manifestation qui ne parle plus qu’accessoirement de cinéma. Ce n’est un secret pour personne, à Cannes, tout est question d’apparence. Même les célébrités les plus discrètes comprennent que ce festival est synonyme de voyeurisme débordant. À midi, la réalisatrice Maïwenn, réputée pour une discrétion qu’elle cultive et qui fascine, se prête au jeu du photo call avec l’équipe de Jeanne du Barry, le film qui aura fait l’ouverture de cette 76e édition la veille.

Une festivalière plongée dans un article sur le maire de Cannes. Photo K.R.

Deux étages plus bas, Margaux*, réceptionniste de 22 ans, se prépare dans l’une des salles de bains mises à la disposition du personnel dans l’enceinte du palais des festivals et des congrès. « On se doit d’être présentables, cheveux attachés et talons hauts pour les filles. Costumes cravates pour les garçons », raconte-t-elle… Quelques heures plus tard, sur la Croisette, on croise une vieille connaissance, Madeleine, Libano-suisse de 60 ans vivant sur la Côte d’Azur trois mois par an. « Oui chéri, j’ai deux jours de retard mais j’avais trop peur d’exposer mon visage au soleil si tôt », explique-t-elle devant son compagnon, une semaine après ses dernières injections. « Mais là, je suis prête ! Ils ont fermé le Nespresso Café ? »

Les fantasmes d’Almodóvar

À l’extérieur du palais aussi, l’heure est à la démesure. Rien n’est trop beau pour accueillir le vrai roi d’Espagne, le réalisateur multirécompensé, Pedro Almodóvar. Six ans après avoir présidé le jury de la sélection officielle, El Rey revient pour présenter un court-métrage d’une demi-heure, Extrana forma de vida (Strange way of life). Si ce dernier est connu pour avoir sublimé les grandes figures féminines du cinéma espagnol de Penelope Cruz à Rossy de Palma en passant par Marisa Paredes, et refusé, il y a une vingtaine d’années, de réaliser Le secret de Brokeback Mountain, Almodóvar choisit cette fois de magnifier un regard masculin intime dans un western gay en anglais à la fois kitsch et mature au casting cinq étoiles. 

Pedro Almodóvar entouré de son équipe, Ethan Hawke, Manu Rios, Jose Condessa, Jason Fernandez et George Steane, pour le film « Extrana forma de vida » (Strange way of life). Photo Reuters/Gonzalo FUENTES

Sur le tapis rouge, on aperçoit aussi Adèle Exarchopoulos, venue présenter le premier film français de la sélection, non loin de Viola Davis, égérie engagée et représentante glamour de L’Oréal pour la soirée... « Il a vieilli lui, c’est incroyable » entend-on dire à propos de Romain Duris, qui accepte généreusement de poser pour les caméras sous une légère averse azuréenne. La veille, Emmanuelle Béart, à presque 60 ans, a fait réagir photographes et journalistes avec un nouveau style inspiré de Dynasty. L’actrice à la filmographie vacillante cherche à se refaire une nouvelle image, et ça marche...

Romain Duris au bas des marches. Photo K.R.

Le retour des plateaux de télévisions

Si la grisaille désenchante quelque peu les esprits déjà légèrement fatigués, une étrange lumière interpelle les plus curieux. Celle des équipes de C à vous, talk-show diffusé quotidiennement sur France 5 et présentée par Anne-Élisabeth Lemoine. Délocalisée pour l’occasion à Cannes, l’émission reprend les codes du Grand Journal en interviewant acteurs et réalisateurs en plateau et entouré d’un public. Entre les ingénieurs du son et les anonymes attroupés, Pierre Lescure, président du festival de 2015 à 2022, prépare sa chronique, limonade à la main. Reléguée au second plan par Canal+ qui était jusqu’à l’année dernière le diffuseur officiel de l’évènement, France Télévisions souhaite redorer l’image du Festival de Cannes entre émissions glitter, invités prestigieux et cérémonies en prime-time… Ne reste plus qu’à faire de l’audience, et un peu d’argent avec.

*Le prénom a été modifié.

Cap d’Antibes, mercredi, 10 heures. À quelques mètres du mythique hôtel de l’Eden Roc, le soleil se fait discret et nous retrouvons la rédactrice-en-chef d’un grand magazine féminin français dans un café où le cappuccino coûte plus cher que notre rein droit. Accompagnée de sa nouvelle stagiaire, elle lui explique les modalités d’inscriptions aux projections pour les...

commentaires (1)

Ce festival serait-il en voie de devenir une coquille d'oeuf superbement coloree des plus beaux motifs mais completement vide de l'interieur ?

Remy Martin

14 h 47, le 18 mai 2023

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Commentaires (1)

  • Ce festival serait-il en voie de devenir une coquille d'oeuf superbement coloree des plus beaux motifs mais completement vide de l'interieur ?

    Remy Martin

    14 h 47, le 18 mai 2023

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