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Xénophobie et sujets tabous dans « el-nar bel nar »

Xénophobie et sujets tabous dans « el-nar bel nar »

En ce mois de ramadan, les feuilletons se bousculent sur le petit écran dans un contexte socio-économique des plus critiques. Une série parmi tant d’autres a attiré l’attention des téléspectateurs partout dans la région. El-nar bel nar rencontre le succès grâce à la prestation exceptionnelle des différents acteurs mais aussi parce qu’il s’appuie sur un scénario réaliste, bien écrit, et une réalisation pragmatique, avec un déroulé fluide des événements.

Ce feuilleton, qui fait la une et l’unanimité sur tous les réseaux sociaux et parmi les critiques depuis fin mars, a pu s’imposer grâce à tous ces ingrédients combinés. Mais aussi grâce à cette mixité sociale concrétisée par un quartier de la capitale qui réunit des réfugiés syriens désemparés et des jeunes perdus face à la crise socio-économique, qui se sentent menacés par cette présence forcée de voisins non désirés. Un pêle-mêle chaotique, porté par des acteurs syriens et libanais, qui représente parfaitement une ségrégation devenue taboue et de plus en plus pesante au Liban, un pays qui accueille près de deux millions de réfugiés syriens sur son sol.L’une des figures principales d’el-nar bel nar reste la magistrale Karess Bashar qui incarne Maryam, une femme de caractère mais désespérée qui se réfugie au Liban dans l’objectif de rejoindre ensuite l’Europe via la Méditerranée avec un passeur. Cette veuve sans enfant, qui semble vulnérable mais qui a appris à sortir ses griffes si besoin, est un mélange de féminité et d’instinct maternel dissimulés derrière un rideau d’acier forgé par la misère et la peur.

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Très convaincante, l’actrice n’a pas hésité à aller jusqu’au bout de son rôle qui lui demande même de manier un canif à la façon d’un voyou des rues lorsqu’il s’agit de défendre les siens. Taim Aziz, alias Baroud, le jeune adolescent qui se débrouille dans la rue et dans la vie, fait partie des proches que Maryam tient à protéger. Leurs apparitions sont très appréciées, lui avec son fameux « khalo » et elle avec son attendrissant « emmé » qui peut en une seconde se transformer en un sarcasme amer. La jeune femme se retrouve rapidement confrontée à la xénophobie brutale du talentueux Georges Khabbaz, dans le rôle d’Aziz. Musicien blasé, il donne des leçons de piano dans le quartier pour survivre. Il est couvé de façon oppressante par Zeina Makki (Sarah), une jeune femme dirigeant le magasin de lingerie du quartier, qui espère lui arracher une proposition de mariage. La xénophobie véhiculée par Aziz prend prétexte du passé de domination syrienne sur le pays et du traitement arbitraire et inhumain des soldats du pays occupant. Sa haine se déverse contre le caïd syrien du quartier, Abed Fahed (Omran), qui maintient les habitants du quartier dans une spirale d’endettement infernale. L’acteur Abed Fahed interprète un homme parfaitement odieux qui prend plaisir à torturer ses débiteurs en s’accaparant leurs biens. Il ne semble s’adoucir que lorsqu’il s’agit de Maryam, qui fait resurgir son désir de fonder une famille.

Immigration clandestine et crise identitaire

Ce feuilleton met l’accent sur l’immigration clandestine et la précarité dans laquelle se retrouvent les femmes lors des conflits et les dangers auxquels elles sont confrontées sans la protection d’un homme. Il reprend par ailleurs l’amalgame récurrent entre nationalité syrienne et exactions sécuritaires. Dans ce contexte, Tony Issa interprète Zakaria, un vrai macho qui dénigre les femmes et n’hésite pas à se marier avec une jeune adolescente, issue d’une région reculée où les filles ne sont que peu considérées. L’écrivain Rami Koussa a parfaitement intégré toutes les personnalités dans ce drame où il n’y a pas vraiment de rôle secondaire. Chaque performance des différents acteurs s’accompagne d’une belle authenticité. C’est particulièrement le cas du brillant Tarek Tamim dont la spontanéité et le charisme séduisent petits et grands. Ce rôle signe le retour d’un grand artiste qui donne ici la réplique à Georges Khabbaz ou à Zeina Makki, dont la douceur et le réalisme ont conquis les cœurs. Tarek Tamim interprète Jamil, un anarchiste communiste et je-m’en-fichiste. Il symbolise parfaitement cette génération née durant la guerre civile, en perdition aujourd’hui, résultat des années de guerres et de révoltes avortées face à la corruption de l’État. Jamil tente sa chance dans des jeux de hasard et croule sous les dettes. Il a été abandonné par sa femme qui est enceinte et le presse d’assumer ses engagements. Personnage sympathique, il incarne la tolérance et l’ouverture d’esprit d’une gauche en voie de disparition, perdue face à un sectarisme qui gagne du terrain au Liban, une droite nationaliste qui rejette toute forme de présence syrienne au Liban et une génération déboussolée en proie à une grave crise identitaire.

Incontournable en cette saison, el-nar bel nar est porté par des acteurs brillants. Le scénario de l’écrivain Rami Koussa et la réalisation de Mohammad Abdel Aziz méritent eux aussi les félicitations. Tous les jours sur la LBCI à 20h30 et reprise le lendemain à 14h50.

En ce mois de ramadan, les feuilletons se bousculent sur le petit écran dans un contexte socio-économique des plus critiques. Une série parmi tant d’autres a attiré l’attention des téléspectateurs partout dans la région. El-nar bel nar rencontre le succès grâce à la prestation exceptionnelle des différents acteurs mais aussi parce qu’il s’appuie sur un scénario réaliste, bien...

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