Le vétéran français du jihad Peter Cherif sera jugé aux assises

Deux juges d'instruction antiterroristes ont ordonné vendredi un procès devant la cour d'assises spécialement composée du vétéran du jihad Peter Cherif, pour ses activités terroristes au Yémen entre 2011 et 2018, a appris l'AFP mardi de sources proches du dossier.

Les juges estiment que ce Français surnommé Abou Hamza a notamment "facilité l'intégration" au sein d'el-Qaëda dans la péninsule arabique (Aqpa) d'un des frères Kouachi, Chérif, l'un des deux assaillants de Charlie Hebdo en janvier 2015 à Paris, et qu'il avait "connaissance" de "la mission" de commettre un attentat en France confiée à son ami d'enfance, ce qu'il conteste.
De manière générale, Peter Cherif, 40 ans, a "reconnu, après avoir rencontré Anwar al-Aulaqi", un prédicateur radical américano-yéménite, haut responsable d'Aqpa tué par drone en septembre 2011, "avoir participé aux activités militaires du groupe, en ayant notamment combattu +brièvement+ selon lui, avoir contribué à la fabrication d'engins explosifs improvisés, à la recherche de cibles pour les attentats...", selon l'ordonnance.

Plus particulièrement, ce père de deux enfants, sera notamment jugé pour avoir "participé" à "la séquestration" en bande organisée mi-2011 pendant plus de cinq mois de trois ressortissants français, membres de l'ONG Triangle génération humanitaire. Ses avocats, Me Ouadie Elhamamouchi et Sefen Guez Guez, n'ont pas souhaité commenter dans l'immédiat.

Egalement connu comme Abou Hamza, le nom de Peter Cherif apparaît depuis le début des années 2000 dans le registre du terrorisme d'inspiration jihadiste. Les Américains l'arrêtent en 2004 alors qu'il combat à Falloujah en Irak, ce pays le condamnant deux ans plus tard à 15 ans de prison. S'évadant en 2007 pour se rendre en Syrie, il en est expulsé début 2008, transféré en France et mis en examen pour association de malfaiteurs. Un temps incarcéré, il est jugé à Paris début 2011 mais disparaît du territoire juste avant sa condamnation à cinq ans de prison. Peter Cherif prend la fuite pour le Yémen, via la Tunisie et Oman. Il passera sept ans sur place, avant de se rendre à Djibouti en septembre 2018 sous une fausse identité et d'y être arrêté trois mois plus tard, avant un voyage retour en France et un retour en détention.