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Dernières Infos - France

Le gouvernement tente de désamorcer la contestation, à la veille de la 10ème mobilisation


Des policiers tentant d'éteindre un feu lors des manifestations à Paris contre la réforme des retraites, le 25 mars 2023. Photo REUTERS/Nacho Doce

Une semaine après l'adoption au forceps de la réforme des retraites, le gouvernement français tente de reprendre la main en clamant sa volonté d'"apaisement", sans parvenir pour l'instant à désamorcer des tensions de plus en plus vives.

Cette persistance de la mobilisation contre la réforme s'inscrit dans un contexte de contestation sociale en Europe de l'Ouest face à l'inflation, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni.

Lundi, un mouvement de grève des transports d'une ampleur rarissime pour l'Allemagne a commencé dans ce pays, où les syndicats réclament des hausses de salaires, touchant les aéroports, le rail, le fret maritime et les sociétés d'autoroutes.

En France, à la veille d'une dixième journée de mobilisation contre la réforme qui recule l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, et dont le président Emmanuel Macron assume "l'impopularité", sa Première ministre Elisabeth Borne répète à l'envi sa volonté de renouer le dialogue. "Il faut qu'on mette de l'apaisement", a déclaré Mme Borne à l'AFP dimanche, se fixant deux objectifs: "apaiser le pays face à ces tensions et accélérer les réponses aux attentes des Français". Pour ce faire, elle ouvre lundi une vaste séquence de consultations étalées sur trois semaines, avec les parlementaires, les partis politiques, les représentants d'élus locaux et les partenaires sociaux s'ils le souhaitent. Ce "plan d'action" sera d'abord détaillé à la mi-journée au chef de l'Etat puis aux cadres de la majorité, parmi lesquels les patrons de groupes parlementaires, les chefs de partis et quelques membres de gouvernement.

La Première ministre doit aussi rencontrer lundi les présidents de commission à l'Assemblée nationale, puis enchaînera mardi avec les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet. Aux syndicats, dont elle écarte la demande de retrait ou, tout du moins, de suspension de la réforme, Mme Borne propose de "reprendre le travail" sur différents chantiers, de la pénibilité à l'emploi des seniors, en passant par les reconversions.

Radicalisation 

Le secrétaire général du premier syndicat de France, la CFDT, Laurent Berger, a réitéré sa position lundi, appelant le gouvernement à un "bougé très fort sur les retraites", précisant qu'il n'accepterait "la main tendue" d'Elisabeth Borne que si la réforme était "mise de côté". "A-t-on besoin d'apaisement? Evidemment et il y a une manière très simple de l'obtenir, c'est de retirer le texte", a affirmé dimanche le chef de La France insoumise (LFI), premier parti d'opposition de gauche, Jean-Luc Mélenchon, en appelant aussi au départ de Mme Borne.

La précédente journée de mobilisation le 23 mars, la première depuis l'adoption du texte sans vote, selon une disposition constitutionnelle décriée, s'est traduite par un regain d'affluence mais aussi par une recrudescence des heurts en marge des cortèges, avec 457 interpellations et 441 policiers et gendarmes blessés. Le terrain des affrontements s'est déplacé samedi à Sainte-Soline (centre ouest), où une manifestation contre des réserves d'eau agricoles controversées a fait des dizaines de blessés de part et d'autre, avec un manifestant toujours lundi entre la vie et la mort.

La polémique enfle aussi autour d'un "usage excessif de la force", selon les mots du Conseil de l'Europe. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a dénoncé lundi l'attitude de M. Mélenchon et de son parti, qu'il a qualifiés de "rentiers de la colère". La députée écologiste Sandrine Rousseau a renvoyé lundi la responsabilité des violences dans les manifestations, qu'elle a condamnées, au président Macron et à son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, s'interrogeant sur leur éventuelle volonté d'"aller chercher l'incident" en déployant "une débauche de moyens".

Sur le terrain, en région parisienne, la circulation des trains de banlieue et des métros s'annonce "très perturbée" mardi, selon la compagnie publique RATP. A Paris, où des éboueurs sont en grève depuis plus de 20 jours, le volume de déchets non ramassés était en baisse dimanche avec 7.828 tonnes toujours en souffrance. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a aussi demandé aux compagnies d'annuler 20% de leurs vols à Paris-Orly, Marseille (sud), Toulouse et Bordeaux (sud-ouest) mardi et mercredi.



Une semaine après l'adoption au forceps de la réforme des retraites, le gouvernement français tente de reprendre la main en clamant sa volonté d'"apaisement", sans parvenir pour l'instant à désamorcer des tensions de plus en plus vives.Cette persistance de la mobilisation contre la réforme s'inscrit dans un contexte de contestation sociale en Europe de l'Ouest face à...