Raï : "L'aveuglement politique" continue d'être la cause de l'effondrement du Liban

Le patriarche maronite Béchara Raï a affirmé dans son homélie dominicale que "l'aveuglement politique" continue d'être la cause de l'aggravation des crises économique, financière et sociale au Liban, rappelant aux fidèles que le pays a été classé 136e et avant-dernier dans le 2023 "World Happiness Report" du Sustainable Development Solutions Network.

"Cette cécité politique a poussé les blocs parlementaires et ceux qui sont au pouvoir derrière eux à empêcher l'élection d'un président de la République, afin que les institutions constitutionnelles ne puissent pas fonctionner", a déclaré le cardinal Raï.

Depuis la fin du mandat présidentiel de Michel Aoun le 31 octobre dernier, le pays est confronté à une double vacance du pouvoir exécutif pour la première fois de son histoire, le gouvernement de Nagib Mikati n'expédiant que les affaires courantes depuis qu'il a assumé ce statut à la suite des élections législatives du mois de mai 2022.

Onze sessions parlementaires ont été organisées à ce jour pour élire un successeur à M. Aoun, mais toutes se sont soldées par un échec, aucun consensus politique n'ayant été réalisé sur un candidat unique. Un tel consensus est habituel au Liban avant qu'un candidat ne soit élu par le Parlement.

"Le Parlement a perdu le pouvoir de légiférer, de poser des questions et de rendre des comptes, et le gouvernement n'a pas l'autorité nécessaire pour tenir ses réunions et prendre des décisions procédurales conformément à la Constitution", a estimé Mgr Raï.

Le Premier ministre sortant a annulé samedi une réunion du cabinet prévue pour lundi en raison des "tentatives de certaines personnes d'entraîner le pays dans une division sectaire afin d'alimenter les conflits", selon un communiqué publié par le chef du gouvernement.

Le cabinet devait se réunir lundi pour discuter de l'impact de la crise économique sur "différents secteurs, y compris les employés et les retraités du secteur public" . Les employés de l'opérateur public de télécommunications Ogero ont entamé une grève illimitée pour réclamer un ajustement salarial face à la crise économique, alors que de nombreux autres fonctionnaires sont déjà en grève.

Mgr Audi et l'heure d'été

Le métropolite grec orthodoxe de Beyrouth, Elias Audi, a exprimé pour sa part dimanche son "regret pour ce qui s'est passé (...) concernant l'heure d'été, qui s'est transformée en une divergence sectaire sur des questions n'ayant rien à voir avec la religion et les communautés religieuses".

"Le Liban a-t-il besoin de s'isoler davantage et de s'éloigner du monde, même dans le temps ? N'est-il pas préférable que les responsables se préoccupent de la manière de sortir du désastre qu'ils ont infligé au pays au lieu de créer une agitation autour d'un changement d'heure ?" a demandé Mgr Audi.

La décision de reporter l'heure d'été au Liban en a surpris plus d'un, et a été adoptée lors d'une discussion entre M. Mikati et le président du Parlement Nabih Berry.

Le Grand Sérail a annoncé jeudi que le passage à l'heure d'été, prévu pour les 25 et 26 mars à minuit, a été reporté à la fin du mois d'avril.

La décision de reporter d'un mois le passage à l'heure d'été au Liban est "illégale", a déclaré samedi soir le ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, dans un communiqué.

Certains considèrent la décision de M. Mikati comme étant d'ordre confessionnel, affirmant qu'elle a été prise en raison de l'impact qu'elle aurait sur les communautés musulmanes du Liban pendant le mois du ramadan, au cours duquel de nombreux fidèles jeûnent de l'aube au crépuscule.