Rechercher
Rechercher

Politique - Vacance présidentielle

Encore un pied de nez de Berry et Mikati à leurs détracteurs

Le président du Parlement s’apprête à tenir une séance législative et le Conseil des ministres devrait se réunir lundi.

Encore un pied de nez de Berry et Mikati à leurs détracteurs

Le ministre sortant des Finances Youssef Khalil (à gauche) et le vice-président du Conseil Saadé Chami, lors de la séance des commissions parlementaires conjointes hier à la Chambre. Photo Ali Fawaz/Parlement libanais

Nabih Berry et Nagib Mikati font comme si de rien n’était. En attendant un déblocage – toujours lointain – de la présidentielle, le chef du législatif et le Premier ministre sortant s’activent pour relancer les institutions de l’État en dépit de l’objection de plusieurs protagonistes, notamment les partis chrétiens majoritaires et certains députés indépendants, qui estiment que la priorité devrait être accordée à l’élection d’un nouveau chef de l’État.

C’est Nabih Berry qui a ouvert le bal. Il a convoqué le bureau de la Chambre à une réunion qui se tiendra lundi prochain pour établir l’ordre du jour d’une séance plénière qui devrait avoir lieu dans un avenir proche. À deux mois des élections municipales, prévues en principe le 31 mai prochain, on s’attend à ce que la question (d’un nouveau report ou d’un déblocage des financements) soit à l’ordre du jour. À la lumière de la décision du président de la Chambre, son plus important soutien local, Nagib Mikati, s’apprête lui aussi à passer à l’acte. Il entend convoquer son gouvernement d’expédition des affaires courantes à une nouvelle séance, prévue lundi également au Grand Sérail, selon une source ministérielle contactée par L’Orient-Le Jour. Il s’agira donc de la cinquième séance du cabinet depuis la fin du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre dernier.

Lire aussi

Geagea contre-attaque : C’est la moumana’a qui bloque, et non les chrétiens

« Avant de convoquer officiellement le Conseil des ministres, M. Mikati prépare un ordre du jour qui ne provoquerait aucune composante de son équipe », confie la source ministérielle précitée. Elle fait allusion à la nouvelle polémique qui risque d’éclater en raison de l’opposition des aounistes aux réunions du cabinet sortant. « Le Premier ministre nous a contactés et a exprimé sa volonté de réunir son équipe une nouvelle fois, et nous lui avons fait comprendre que nous n’avons aucun problème », révèle sous couvert d’anonymat un ministre proche du tandem chiite Amal-Hezbollah. C’est donc encore une fois sur le feu vert des formations chiites que Nagib Mikati va pouvoir parier pour réunir son équipe au grand dam de Gebran Bassil. Au menu de la réunion notamment les salaires des fonctionnaires. De source ministérielle, on apprend que le ministre sortant des Finances Youssef Khalil prépare une étude concernant les moyens de les payer, entre autres aux enseignants (après une grève de plus de deux mois), surtout que les engagements pris à leur égard n’ont pas été respectés, du moins jusqu’ici.

Les commissions conjointes

Nagib Mikati semble donc plus que jamais conforté dans sa position sur l’échiquier politique. Il gère presque seul un pays en plein effondrement. C’est d’ailleurs ainsi qu’il explique – comme il l’avait fait depuis Bkerké il y a une dizaine de jours – sa détermination à continuer à réunir son équipe en cette période de vide à la tête de l’État, en dépit de toutes les objections que cette démarche suscite dans les milieux politiques, notamment chrétiens. Sauf que sa gestion du pays est loin de faire l’unanimité. Preuve en est, son cabinet était hier sous le feu des critiques des commissions conjointes réunies place de l’Étoile, en présence de représentants des divers groupes parlementaires. Parmi ceux-ci, les groupes chrétiens – le Courant patriotique libre, les Forces libanaises et les Kataëb – qui avaient torpillé il y a quelques semaines la dernière réunion des commissions. Une démarche qui avait été interprétée comme concrétisant une (rare) convergence chrétienne sur l’importance de la présidentielle qui devrait être la tâche prioritaire du moment. Mais Fady Karam, député FL du Koura, donne une autre explication : « Nous nous sommes retirés de la séance précédente parce que nous avions estimé que certains textes soumis à examen n’étaient pas constitutionnels. » Une source parlementaire indique dans ce cadre qu’en ce qui concerne la séance d’hier, plusieurs députés, tous bords politiques confondus, ont demandé de la transformer en une réunion pour interroger le gouvernement sortant sur les mesures qu’il compte prendre au vu de la flambée du taux de change du dollar par rapport à la livre libanaise. Le parfait scénario pour éviter un torpillage de la séance. « C’est le vice-président de la Chambre Élias Bou Saab qui a mené les contacts nécessaires avec les parties concernées pour assurer la tenue de la réunion », indique un député qui a requis l’anonymat.

Lire aussi

Raï jette son pavé dans la mare

La séance d’hier n’a donc pas pavé la voie à une réunion parlementaire dont la date n’a toujours pas été fixée. Mais Nabih Berry y tient en dépit du veto chrétien, exprimé notamment par les FL et les Kataëb. « Notre position de principe n’a pas bougé d’un iota : le Parlement est aujourd’hui une instance électorale qui n’a d’autre tâche que de combler la vacance au niveau de la magistrature suprême », souligne Fady Karam.

Du côté du CPL, le parti semble faire un subtil pas en arrière. Après avoir torpillé la dernière séance parlementaire, il garde la porte ouverte à une probable participation de son bloc à l’hypothétique réunion. « Nous allons aviser en fonction de l’ordre du jour », affirme à L’OLJ Alain Aoun, député de Baabda. Une position exprimée la veille par le groupe aouniste à l’issue de sa réunion hebdomadaire. Pour éviter une réédition du scénario de février dernier, cet ordre du jour pourrait en effet inclure le dossier des élections municipales menacées de report au vu de la crise économique actuelle. Une éventualité que les partis chrétiens veulent éviter. « Il semble que Nabih Berry et le camp de la moumana’a préparent une séance législative dont le but premier est de torpiller les municipales », a écrit le chef des FL Samir Geagea sur son compte Twitter. « Nous poursuivrons nos contacts pour assurer la tenue des élections et pour empêcher la tenue d’une séance législative anticonstitutionnelle en cette période de vacance présidentielle », a-t-il ajouté. Le chef des FL s’est attiré les foudres de Ali Hassan Khalil, bras droit de Nabih Berry. « Samir Geagea lance les accusations sous prétexte de veiller au bon fonctionnement des institutions et pour justifier le blocage de l’action de la Chambre », a-t-il martelé dans un communiqué, accusant le leader chrétien et son bloc « d’œuvrer clairement pour empêcher le financement des élections municipales et leur tenue à temps ». « Il est fort probable que les municipales soient examinées lors de la séance de la Chambre, notamment pour approuver les crédits nécessaires au financement du scrutin, confie de son côté Mohammad Mortada, ministre sortant de la Culture et proche de Aïn el-Tiné. D’autant que les municipales se tiendront sauf si le ministère de l’Intérieur se dit incapable de les organiser. » Nabih Berry tient donc à ce que l’action législative poursuive son cours normal. La raison derrière cette volonté n’est plus un secret : le tandem chiite n’a pas encore assuré les 65 voix requises pour l’élection (au second tour) de Sleiman Frangié, le chef des Marada. Et Nabih Berry cherche à détourner l’attention. L’éclaircie n’est donc pas pour demain.

Nabih Berry et Nagib Mikati font comme si de rien n’était. En attendant un déblocage – toujours lointain – de la présidentielle, le chef du législatif et le Premier ministre sortant s’activent pour relancer les institutions de l’État en dépit de l’objection de plusieurs protagonistes, notamment les partis chrétiens majoritaires et certains députés indépendants, qui estiment...

commentaires (6)

C’est énième fois qu’il réunit son équipe pour juste pour s’imposer comme le seul dirigeant à la tête du pays. Quelles solutions a-t-il trouvé pour l’explosion des prix des denrées alimentaires ou d’endiguer la folle montée du dollar Quelles solutions pour les problèmes de santé

Hitti arlette

22 h 22, le 23 mars 2023

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • C’est énième fois qu’il réunit son équipe pour juste pour s’imposer comme le seul dirigeant à la tête du pays. Quelles solutions a-t-il trouvé pour l’explosion des prix des denrées alimentaires ou d’endiguer la folle montée du dollar Quelles solutions pour les problèmes de santé

    Hitti arlette

    22 h 22, le 23 mars 2023

  • La canaille mafieuse milichienne et politichienne veut absolument passer une loi d'amnistie des crimes financiers sous couvert de controle des capitaux.

    Michel Trad

    12 h 42, le 23 mars 2023

  • Leurs tours de passe-passe n’amuse plus personne. Le pays se meurt et le peuple rend l’âme pendant que toute cette racaille continue à jouer avec leur vie et leur équilibre mental. Libanais, unissez-vous et faites entendre votre voix comme vous savez bien le faire et vous verrez que votre calvaire prendra fin comme par magie.

    Sissi zayyat

    11 h 31, le 23 mars 2023

  • En deux mots: حركة بلا بركة! Qu'ils se réunissent ou non, rien ne va plus, dans cette république sous-bananière...

    Georges MELKI

    11 h 28, le 23 mars 2023

  • Mais ils se tapent complètement de la constitution. La constitution c’est eux . Lui en fait ! Le Corbeau du perchoir. Et qui a dit qu’il y avait des dissensions entre sunnites et chiiteS ! Riad Salamé les a bien réunis ces deux-là !

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 37, le 23 mars 2023

  • On refuse d'élire un président de la République, mais on veut légiférer. "Un pied de nez de Berry et Mikati à leurs détracteurs"? C'est surtout un bras d'honneur à la Constitution!

    Yves Prevost

    06 h 57, le 23 mars 2023

Retour en haut