Rechercher
Rechercher

Santé - Audition

Soigner les troubles de l’oreille pour améliorer sa qualité de vie

À l’occasion de la Journée mondiale de l’audition et dans le cadre de la campagne de sensibilisation de la LAU, nous avons rencontré le Dr Rami Saadé, qui fait un tour d’horizon sur les troubles les plus fréquents de l’audition et sur les solutions adéquates.

Soigner les troubles de l’oreille pour améliorer sa qualité de vie

L’examen à l’otoscope permet de détecter s’il y a des bouchons de cérumen qui affectent l’audition. Photo DR

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère dans son message de 2023 à l’occasion de la Journée mondiale de l’audition que les troubles de l’oreille et de l’audition figurent parmi les problèmes les plus courants, en affirmant que plus de 60 % d’entre eux peuvent être détectés et traités au niveau des soins primaires.

Le Dr Rami Saadé, ORL, chef du service d’oto-rhino-laryngologie au centre médical LAU-Hôpital Rizk, explique les problèmes de l’audition en partant de la morphologie de l’oreille : « Dans l’oreille externe, les problèmes sont conductifs. Comme le cas d’un bouchon de cérumen, ce cas très banal peut être traité tout de suite. Après l’examen par otoscope, on nettoie le bouchon, le patient sent la différence immédiatement. » C’est le trouble rencontré très souvent par les patients, sachant que l’utilisation de coton-tige contribue grandement à l’apparition de ces bouchons.

En hiver à cause des rhumes ou au printemps à cause des allergies, l’oreille moyenne sécrète au niveau d’une muqueuse située sur la partie juste derrière le tympan des épanchements (comme quand on se mouche). Cette effusion derrière le tympan contribue à une perte de l’audition et provoque des sensations comme si on nageait sous l’eau et que quelqu’un nous parlait. « Ce phénomène est complètement réversible, rassure le médecin ORL. Il est traité de manière locale par voie nasale à l’aide d’un spray avec de la cortisone. Le but étant de débloquer la trompe d’Eustache, l’effet ressenti est équivalent à celui qu’on a quand on bâille ou on mâche un chewing-gum. Dans certaines situations, l’eau derrière le tympan peut déclencher des déséquilibres, le même traitement s’applique et beaucoup plus rarement, le médecin doit intervenir pour vider l’eau du tympan. »

Les autres problèmes de conduction derrière le tympan peuvent être liés aux osselets dont la fonction est d’amplifier le son. Les trois osselets doivent être mobiles et pouvoir vibrer pour transmettre le son. En cas d’otosclérose – un phénomène d’origine essentiellement familiale assez répandu au Liban –, c’est cette fonction qui est perturbée. « Détectée par audiogramme, l’otosclérose est traitée chirurgicalement. Le médecin remplace la partie calcifiée de l’osselet par une petite prothèse. Le patient retrouve l’audition qu’il a perdue », précise le Dr Saadé, avant d’enchaîner : « Les pertes d’audition au niveau de l’oreille interne sont généralement des cas irréversibles et les seules solutions proposées sont les aides auditives. Dans certains cas extrêmes et si la perte de l’audition est bilatérale, on a recours à l’implant cochléaire. Les causes de l’atteinte de l’oreille interne sont très variées : l’exposition à des bruits très élevés (des personnes travaillant à longueur de journée sur des machines ou des chasseurs qui sont exposés aux bruits), le diabète, le tabagisme, certains traitements médicamenteux (comme l’antipaludique). »

Stimuler le nerf auditif

De nos jours, les conséquences des vaccins anti-Covid ou les suites du Covid retiennent l’attention du Dr Saadé qui développe ce qui suit : « Sans vouloir généraliser ni être alarmiste, il est à noter que nous avons rencontré un certain nombre de cas où le patient a perdu subitement l’audition après un vaccin anti-Covid ou après avoir été malade du Covid. Nous savons aujourd’hui que le coronavirus peut atteindre les petits capillaires. Comme l’oreille interne est un organe qui n’a pas de collatéraux, si un vaisseau bloque, il n’y a pas de collatéraux qui pourraient compenser l’irrigation sanguine. C’est simplement une constatation, il n’y a pas encore de possibilités de prévention. » Puis il évoque la perte de l’audition subite : cette condition spéciale survient à un moment où la personne vaquait à une occupation normale et qui a une perte soudaine de l’audition. Il faut tout de suite faire un audiogramme et donner un traitement à base de cortisone dans un délai de maximum 72 heures après l’incident. C’est complètement réversible si c’est détecté dans les délais. À la base virale, cette affection provoque une inflammation au niveau du nerf auditif et la cortisone permet de récupérer ce qui a été perdu en audition. Mais il faut réagir en urgence, parce que si le patient tarde une semaine pour consulter, il peut garder les séquelles à vie.

Lire aussi

Quelles sont les bonnes pratiques à adopter pour protéger son ouïe ?

Au niveau de la vie au quotidien, le Dr Saadé revient sur le cas où une personne perd l’audition d’une seule oreille. « C’est essentiellement la localisation qui pose problème : par exemple en traversant la rue, la personne entend un klaxon, elle ne sait pas d’où ça vient, elle perd l’orientation. À table, s’il y a beaucoup de gens et que quelqu’un l’interpelle elle entend, mais ne sait pas si la voix vient de gauche ou de droite. » Si la plupart des personnes dans ce cas apprennent à vivre avec, dans certains métiers, ceci peut être très handicapant. Le médecin peut proposer la BAHA (Bone Anchored Hearing Aid ou prothèse auditive à ancrage osseux) qui consiste à implanter une prothèse (une vis en titane) qui fait fonction de récepteur. Celle-ci capte les sons du côté perdu et les fait analyser dans l’oreille en bonne santé. Ceci permet de retrouver la localisation. « C’est une chirurgie assez invasive réservée aux personnes qui en souffrent particulièrement au quotidien ou dans leur profession. »

L’appareil auditif est nécessaire quand la personne ne perçoit plus les fréquences de la voix humaine qui se situent entre 200 et 2 000 hertz. Quand la perte de l’audition se situe de 40 à 50 décibels, il faut avoir recours aux aides auditives. Même si le patient n’en souffre pas et n’est pas symptomatique, on lui propose les aides auditives. Quand le phénomène n’est pas réversible, il faut veiller à garder des réserves. Le Dr Saadé compare « le nerf auditif à un muscle : si je me casse la jambe et je mets un plâtre, au bout d’un mois le muscle est atrophié. Le nerf c’est la même chose, s’il n’est pas sollicité, il perd de sa vitalité. L’appareil auditif sert tout simplement à hausser le son. Donc il va stimuler le nerf à travailler plus et aider à le garder vif. Si en utilisant un appareil auditif on n’arrête pas la progression de la perte d’audition due à l’âge, ceci sert à la ralentir : au lieu d’arriver à 20 décibels de moins en cinq ans, on y arrive en 15 ans ».

Campagne de sensibilisation : les médecins à l’écoute

Sur le campus de l’Université libano-américaine de Beyrouth, la Journée internationale de l’audition a été marquée par une matinée consacrée à un examen des oreilles et des tests auditifs menés par des médecins et des techniciens du centre médical LAU-Hôpital Rizk.

Les étudiants, les anciens et le personnel étaient invités pour une consultation rapide dans une ambiance détendue, qui a permis d’orienter les personnes qui en avaient besoin vers des investigations plus poussées. Le but était de sensibiliser sur un problème de santé qui plus il est pris tôt, plus les conséquences seront moindres. Des kiosques proposaient un examen à l’otoscope, un test auditif avec casque, des présentations d’appareils auditifs, le tout encadré par des médecins à l’écoute. Un des stands expliquait un des messages essentiels de l’OMS cette année : l’intégration des soins de l’oreille et de l’audition dans les services de soins primaires, en tant que volet essentiel de la couverture sanitaire universelle. Le rôle des médecins de famille dans la détection des problèmes d’audition et dans l’orientation des patients devra être de plus en plus mis en lumière.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère dans son message de 2023 à l’occasion de la Journée mondiale de l’audition que les troubles de l’oreille et de l’audition figurent parmi les problèmes les plus courants, en affirmant que plus de 60 % d’entre eux peuvent être détectés et traités au niveau des soins primaires. Le Dr Rami Saadé, ORL, chef du service...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut