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Sport - Biathlon

Julia Simon, l’impatience domptée

Impatiente, longtemps irrégulière, la Française, victorieuse pour la première fois du gros globe de cristal samedi à Oslo, a su dompter son tempérament « électrique » pour s’installer au sommet du biathlon mondial.

Julia Simon, l’impatience domptée

Julia Simon laissant exploser sa joie au moment de franchir la ligne d’arrivée à la 5e place du sprint de Holmenkollen, samedi en Norvège. Un résultat suffisant pour garantir son titre mondial en biathlon. Javad Parsa/AFP

À 26 ans, Julia Simon est enfin parvenue à canaliser son tempérament de « fonceuse ». Quand, au Grand-Bornand en décembre dernier, sur une piste si gelée qu’elle avait des allures de patinoire, certains passaient un très mauvais moment, elle qui « adore jouer sur les trajectoires » s’était « éclatée ».

Parce qu’avant de choisir le biathlon, la Savoyarde, licenciée aux Saisies, là où ont eu lieu les épreuves de ski nordique des JO-1992 Albertville, est d’abord montée sur des planches de ski alpin.

C’est à Oslo, déjà, qu’elle a fait ses débuts en Coupe du monde de biathlon, à vingt ans, avant d’investir pour de bon la cour des grandes en 2018/2019.

En trois mots, l’entraîneur de tir des Bleues, Jean-Paul Giachino, la décrit comme « impatiente, volontaire, déterminée ». « Et c’est une vraie compétitrice », ajoute-t-il. « Très naturelle et spontanée, une passionnée et une bosseuse », complète Marie-Laure Brunet, ex-biathlète devenue préparatrice mentale, qui l’accompagne depuis le printemps 2021.

Longtemps toutefois, ce qui a caractérisé Simon, c’est d’être capable du pire comme du meilleur, un jour tout en haut, le lendemain très bas. Une irrégularité qui l’empêchait de jouer les premiers rôles.

Deux ans de travail sur son tir couché

Tout a changé cet hiver. Le facteur X, c’est sa métamorphose au tir couché, fruit d’un travail de longue haleine, et d’efforts considérables sur sa personnalité bouillonnante.

« Pourquoi elle est n° 1

mondiale ? Elle skie comme l’année dernière, mais la différence, c’est en termes de stats de tir, surtout couché. Il ne faut pas aller chercher ailleurs », résume Giachino.

Au printemps 2020, quand le technicien revient dans l’encadrement français, « je ne lui ai pas vendu du rêve, je lui ai dit que c’était deux ans de travail, raconte-t-il. Là, elle m’a dit qu’elle n’avait pas deux ans. Julia a plein de qualités, mais elle n’a pas de patience... »

« C’était un peu déroutant pour elle qui a envie que ça avance, elle devait se dire qu’elle faisait du surplace. Mais elle devait passer par ça pour que ce ne soit plus un sujet après », explique Brunet.

« On l’avait initiée sur un mode ball trap, où l’arme n’est jamais tranquille, décrit Giachino. Mais ce n’est pas comme ça qu’on arrive à avoir de la régularité. »

« Dans son apprentissage, on ne lui a pas parlé des fondamentaux : la respiration, la visée, le lâché. Elle ne les respectait pas parce qu’elle n’en avait jamais entendu parler », complète-t-il.

Tempérament de feu

« Ça m’a demandé du travail sur ma personnalité. Je suis quelqu’un de très électrique, il faut que les choses avancent vite, reconnaît Simon. Beaucoup de travail mental aussi, pour trouver du relâchement derrière la carabine, parce que je suis quelqu’un de très tonique. »

« Le gros de notre travail, ça a été de la tempérer, confirme Brunet. Julia a un tempérament de feu. Ça se voit dans sa façon d’être, c’est quelqu’un qui a beaucoup d’énergie. On a beaucoup travaillé sur (apprendre à) se canaliser, calmer son impatience, être capable de poser les choses. »

Le tout a si bien porté ses fruits cet hiver que Simon affiche 93 % de réussite au tir couché, contre 84 % la saison précédente. Pour l’anecdote, elle n’a manqué sa première cible dans cette position qu’à sa 72e balle tirée.

Surtout, Julia Simon est devenue championne du monde et médaillée de bronze de la mass start à Oberhof (Allemagne) en février, ses premiers podiums individuels internationaux, après ceux partagés (or mondial du relais mixte simple en 2021 avec Antonin Guigonnat, argent olympique 2022 et bronze mondial 2023 du relais mixte). Et elle s’offre pour la première fois le gros globe de cristal qui récompense la meilleure biathlète de la saison, après avoir porté le dossard jaune plus des trois quarts de l’hiver.

Élodie SOINARD/AFP

À 26 ans, Julia Simon est enfin parvenue à canaliser son tempérament de « fonceuse ». Quand, au Grand-Bornand en décembre dernier, sur une piste si gelée qu’elle avait des allures de patinoire, certains passaient un très mauvais moment, elle qui « adore jouer sur les trajectoires » s’était « éclatée ».Parce qu’avant de choisir le biathlon, la...

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