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Monde - Crise politique

Réforme des retraites : le gouvernement français visé par deux motions de censure

Le recours à l’article 49.3 a déclenché des troubles dans plusieurs régions de l’Hexagone.

Réforme des retraites : le gouvernement français visé par deux motions de censure

Des syndicalistes bloquant l’accès à un terminal d’une raffinerie de TotalEnergies, le 17 mars 2023. Loïc Venance/AFP

Deux motions de censure ont été déposées vendredi contre le gouvernement français qui est plongé dans une crise politique au lendemain de son passage en force sur la réforme des retraites, qui a amplifié la colère sociale et déclenché des troubles dans plusieurs régions du pays.

Les députés du groupe parlementaire indépendant centriste Liot ont annoncé à l’Assemblée nationale le dépôt d’une motion « transpartisane » de censure du gouvernement, cosignée par des élus de la Nupes (gauche radicale).

Le Rassemblement national (extrême droite) a également déposé vendredi une motion de censure, fustigeant une « réforme injuste et inutile ».

Ces démarches sont des ripostes à la décision du président Emmanuel Macron de recourir jeudi à l’arme de l’article 49.3 de la Constitution – permettant l’adoption d’un texte sans vote à l’Assemblée, sauf si une motion de censure venait à renverser le gouvernement – sur cette très impopulaire réforme des retraites, contre laquelle de nombreux Français se sont mobilisés depuis le 19 janvier.

La décision de déclencher le 49.3 « est l’apogée d’un déni de démocratie inacceptable dans sa constance et son mépris de nos institutions et de nos corps sociaux », est-il notamment écrit dans le texte de la motion de Liot.

Le gouvernement de la Première ministre Élisabeth Borne est sur des charbons ardents face au dépôt de ces motions de censure.

Celle de Liot est celle qui pourrait potentiellement causer le plus de problèmes au gouvernement par son côté transpartisan.

Accumulation d’échecs

Pour faire tomber le gouvernement, une motion de censure devra recueillir une majorité absolue à l’Assemblée, soit 287 voix. Ce qui nécessiterait notamment qu’autour d’une trentaine de députés de droite Les Républicains (sur 61) apportent les leurs lors du vote de la motion du groupe Liot, en plus de faire le plein des autres opposants, une hypothèse qui paraît improbable.

Le gouvernement français a choisi de relever l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables.

Cette mesure du recul de l’âge légal de départ à la retraite cristallise la colère, sur fond de grèves reconductibles. Les différentes enquêtes d’opinion montrent que les Français y sont majoritairement hostiles, même si le nombre de manifestants dans les rues et de grévistes stagne ou reflue au fil du temps.

Le recours au 49.3, qui a ulcéré une partie des parlementaires mais aussi des Français qui sont descendus spontanément dans la rue jeudi soir, est presque unanimement considéré comme un revers pour Emmanuel Macron, qui a beaucoup misé de son crédit politique sur cette réforme-clé de son second quinquennat.

« Crise des retraites : sa faute », titrait ainsi en une le journal Libération (gauche) avec un portrait d’Emmanuel Macron en fond.

Pour Bernard Sananès, de l’institut Elabe, « il est trop tôt pour parler d’échec du quinquennat ». « Mais c’est sûr que le gouvernement a accumulé les échecs et sous-estimé la difficulté dans un pays où le climat est très tendu ; il y a une césure avec l’opinion publique », a-t-il estimé.

Crainte de débordements

L’intersyndicale a appelé à « des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end » et à une neuvième « grande journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 mars ». Dans un communiqué distinct, le puissant syndicat CGT a invité à « amplifier les mobilisations et les grèves ».

Les responsables syndicaux ne cachent pas leur crainte de voir le mouvement social déborder les centrales.

« Oui, on a peur » que ça déborde, a affirmé le président de la CFTC, Cyril Chabanier. « On l’avait écrit dans notre courrier intersyndical qu’au bout d’un moment à ne pas être écoutés, et aller dans le 49.3, ce serait une colère amplifiée et qu’il y avait des risques d’explosion sociale », a-t-il rappelé.

À Paris comme en province, des manifestations plus ou moins spontanées ont été émaillées jeudi soir de débordements, avec du mobilier urbain vandalisé, des poubelles incendiées, des vitrines brisées et, à Dijon (Est), des effigies du président Macron et de plusieurs ministres brûlées sous les yeux des syndicalistes.

Conséquence épineuse des grèves reconductibles chez les éboueurs – qui protestent contre un report de deux ans de leur départ à la retraite dans leur métier pénible –, la situation sanitaire à Paris, capitale mondiale du tourisme, s’aggravait : la barre des 10 000 tonnes de déchets non ramassés a été atteinte vendredi à la mi-journée, selon l’estimation de la mairie, au douzième jour de grève de ses éboueurs.

Blocage du périphérique parisien, de la gare de Toulon (Sud) ou de Bordeaux (Sud-Ouest), manifestations... : après des rassemblements de plusieurs milliers de manifestants « révoltés » jeudi, les opposants à la réforme ont repris le combat de manière sporadique vendredi, le plus souvent à l’initiative de la CGT.

En attendant, les ministres font front. « Nous avons vocation à continuer de gouverner », a affirmé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Source : AFP

Deux motions de censure ont été déposées vendredi contre le gouvernement français qui est plongé dans une crise politique au lendemain de son passage en force sur la réforme des retraites, qui a amplifié la colère sociale et déclenché des troubles dans plusieurs régions du pays.Les députés du groupe parlementaire indépendant centriste Liot ont annoncé à l’Assemblée nationale...

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Macron a eu raison de traiter les Français de Gaulois réfractaires' Je suis triste pour la France ma seconde patrie dont cette énième grève montre malheureusement la décadence

Tabet Ibrahim

08 h 48, le 18 mars 2023

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Commentaires (1)

  • Macron a eu raison de traiter les Français de Gaulois réfractaires' Je suis triste pour la France ma seconde patrie dont cette énième grève montre malheureusement la décadence

    Tabet Ibrahim

    08 h 48, le 18 mars 2023

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