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La crise politique s'amplifie après le passage en force de Macron sur les retraites

La crise politique s'amplifie après le passage en force de Macron sur les retraites

Des manifestants contre la réforme des retraites, place de la Concorde, à Paris, le 16 mars 2023. Photo Thomas SAMSON / AFP

Le gouvernement français, visé vendredi par plusieurs motions de censure, est plongé dans une crise politique au lendemain de son passage en force sur la réforme des retraites, qui a amplifié la colère sociale des dernières semaines et déclenché des troubles dans plusieurs régions du pays.

A Paris, quelque 200 manifestants réunis par le puissant syndicat CGT ont entravé la circulation vendredi matin sur le boulevard périphérique parisien.

Jeudi soir, une manifestation spontanée de quelques milliers de personnes avait dégénéré autour de la place de la Concorde, non loin de l'Assemblée nationale, débouchant sur plus de 300 interpellations.

Des manifestations sporadiques, comme des blocages de lycées, ont eu lieu en différents points du territoire français au lendemain de la décision du président Emmanuel Macron de recourir jeudi à l'arme de l'article 49.3 de la Constitution sur cette très impopulaire réforme des retraites, contre laquelle de nombreux Français se sont mobilisés depuis le 19 janvier.

Le gouvernement français a choisi de relever l'âge de départ à la retraite 62 à 64 ans pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population

La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables.

Charbons ardents

Ce recours au 49.3 est presque unanimement considéré comme un revers pour Emmanuel Macron, qui a beaucoup misé de son crédit politique sur cette réforme clé de son second quinquennat.

Cette procédure permet l'adoption d'un texte sans vote à l'Assemblée nationale, sauf si une motion de censure venait à renverser le gouvernement.

Le gouvernement de la Première ministre Elisabeth Borne est sur des charbons ardents alors que les oppositions vont déposer une ou plusieurs motions de censure vendredi avant 14H30 GMT.

L'une d'entre elles, déposée par un petit groupe parlementaire centriste inconnu du grand public - le groupe Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) - est celle qui pourrait potentiellement causer le plus de problème au gouvernement par son côté transpartisan.

Tout en encourageant les "mobilisations spontanées dans tout le pays", le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (LFI) a annoncé que son parti allait "retirer" sa motion de censure au profit du groupe Liot qui a davantage de chances d'être votée par des députés de droite défavorables à la réforme des retraites.

Le parti du Rassemblement national (RN - extrême droite), qui prévoit aussi de déposer une motion de censure, a également dit qu'il voterait toutes les motions.

Le sort du gouvernement, qui ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée, pourrait donc se retrouver entre les mains de la soixantaine de députés du groupe de la droite traditionnelle Les Républicains (LR). Si leurs voix s'ajoutent à celles de tous les autres députés d'opposition, il atteindront la majorité absolue des 577 députés et feront tomber l'exécutif.

"Continuer de gouverner"

Le patron du groupe LR, Eric Ciotti, a toutefois prévenu jeudi qu'ils ne voteront "aucune motion de censure". Faire chuter le gouvernement semble donc un objectif difficilement atteignable pour les oppositions mais des frondeurs pourraient donner des sueurs froides à l'exécutif.

Les motions seront votées au moins 48 heures après leur dépôt, probablement lundi.

En attendant, les ministres font front. "Nous avons vocation à continuer de gouverner", a affirmé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. Et dans la rue, les actions des opposants à la réforme se poursuivent.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a décidé d'envoyer vendredi des renforts de police à Rennes (ouest) où des violences ont été commises la veille par des manifestants furieux.

Des assemblées générales de certaines branches syndicales (énergie, cheminots) sont prévues dans l'après-midi pour tenter d'encadrer le regain de mobilisation provoqué par le coup de tonnerre politique de jeudi.

L'intersyndicale prévoit "des rassemblements locaux de proximité" ce week-end ainsi qu'une neuvième journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 mars et des responsables syndicaux ont mis en garde contre des débordements de leur base.

La mesure phare de la réforme - le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans - cristallise la colère, sur fond de grèves reconductibles.

Les différentes enquêtes d'opinion montrent que les Français y sont majoritairement hostiles, même si le nombre de manifestants dans les rues et de grévistes stagne ou reflue au fil du temps.

A Paris, la colère se manifeste aussi via les poubelles qui ne sont pas ramassées depuis plusieurs jours dans certains quartiers par les éboueurs en grève.

Dans cette capitale mondiale du tourisme, les ordures continuent de s'amonceler en montagnes malodorantes et les autorités préparent des réquisitions pour en dégager une partie.

Le gouvernement français, visé vendredi par plusieurs motions de censure, est plongé dans une crise politique au lendemain de son passage en force sur la réforme des retraites, qui a amplifié la colère sociale des dernières semaines et déclenché des troubles dans plusieurs régions du pays.A Paris, quelque 200 manifestants réunis par le puissant syndicat CGT ont entravé la circulation...