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Économie - Entrepreneuriat

Lemonade Fashion : l’avenir du shopping en ligne se joue au Liban

Une douzaine d’investisseurs ont mis la main à la poche pour aider au développement de la start-up libanaise de la mode, qui ouvrira bientôt un bureau à San Francisco et lancera officiellement fin mai sa nouvelle plateforme mobile de commerce social, pionnière dans l’industrie.

Lemonade Fashion : l’avenir du shopping en ligne se joue au Liban

Arthur Bizdikian (au centre), cofondateur et PDG, Dana Malaeb, cofondatrice et directrice de création, et Mohammad Ali Beydoun, cofondateur et directeur technique. Photo DR

Fondée en 2018, Lemonade Fashion, la start-up libanaise de la mode, s’est depuis bel et bien établie dans la cour des grands. Avec une projection de ventes en ligne à l’international de « 5 millions de dollars » d’ici à la fin de l’année, le cofondateur et PDG Arthur Bizdikian l’assure : « Notre nouvelle application mobile est pionnière sur la scène mondiale. » Déjà disponible sur les plateformes de téléchargement, Lemonade Fashion dévoilera son nouveau visage fin mai lors d’un lancement officiel au Liban qui risque de faire beaucoup de bruit au-delà des frontières, voire bien au-delà.

Enregistrée à San Francisco, l’entreprise a réussi à convaincre une douzaine d’investisseurs, dont le milliardaire américain et spécialiste du capital risque, Tim Draper. C’est d’ailleurs « la première fois » que ce dernier, un des premiers à avoir investi dans les compagnies d’Elon Musk, Tesla et Space X, « investit son argent dans une start-up libanaise », souligne Arthur Bizdikian, ajoutant avoir rencontré des directeurs de Facebook qui « nous ont donné leur feu vert ». Une validation suprême justifiée par le fait que Lemonade Fashion vient combler un vide sur le marché des réseaux sociaux : celui du commerce social.

Alliant l’interaction sociale avec la commercialisation des produits, Lemonade Fashion est le résultat d’un savant mélange des nouvelles technologiques en ce millénaire connecté. Photo DR

Alliant l’interaction sociale avec la commercialisation des produits, Lemonade Fashion est le résultat d’un savant mélange des nouvelles technologiques en ce millénaire connecté : « C’est Instagram qui rencontre TikTok, SnapChat et Amazon », illustre Dana Malaeb, cofondatrice et directrice de la création. Autrement dit, l’infrastructure du réseau permet tout autant d’interagir avec le contenu proposé (aimer, partager et faire défiler les vidéos et photos axées sur les produits mis en vente) que d’y faire du lèche-vitrine sur écran afin d’y sauvegarder puis d’y commander en ligne ses coups de cœur.

Vêtements sur mesure, accessoires et autres produits de beauté : le tout est livré directement des studios des designers internationaux présentés sur l’application. « Ils nous envoient leurs produits et nous les vendons via l’application tout en y créant nos propres looks », explique Dana Malaeb. En sus des utilisateurs (plus d’un million sur les différentes plateformes de la start-up ces deux dernières années) et des clients, « la nouvelle application a été créée de sorte à devenir une, sinon “la” référence pour tous les designers, influenceurs, vendeurs et curateurs (des commissaires d’exposition du web) de mode », assure-t-elle.

Mode éthique

Et les chiffres donnent déjà le vertige : plus de 350 designers d’une douzaine de pays, des clients dans plus d’une trentaine (majoritairement venant du Liban, des Émirats arabes unis et des États-Unis) et plus de 5 000 produits en vente. Parmi ces designers, plus de 175 sont libanais, dont 155 marques sont dirigées par des femmes. Bien que l’offre soit jusqu’à présent principalement féminine, « nous travaillons actuellement à renforcer notre garde-robe masculine », annonce Arthur Bizdikian.

Car Lemonade Fashion s’adresse à tous et, pour ce faire, met en avant les valeurs communes du monde de la mode. « Le travail de chaque designer est vérifié selon les siennes : la protection des animaux, le développement durable, une marque dirigée par une femme, etc. L’industrie de la mode est une des plus polluantes au monde. Alors, il est important à notre niveau d’y soutenir les entreprises éthiques », explique le PDG. Un constat confirmé par Ramzi Farah, directeur associé de la firme de capital-risque Razor Capital, qui a suivi l’évolution de Lemonade Fashion et s’apprête à y investir « prochainement », assure-t-il.

L’infrastructure du réseau permet tout autant d’interagir avec le contenu proposé (aimer, partager et faire défiler les vidéos et photos axées sur les produits mis en vente) que d’y faire du lèche-vitrine sur écran. Photo DR

« Nous soutenons les économies qui sont amenées à croître. Nous avons commencé par le Bangladesh et nous nous tournons maintenant vers le Liban », explique le directeur. Pour investir dans une entreprise, Razor Capital en analyse notamment le caractère durable et la valeur, l’ambition et la capacité de son équipe à arriver à ses fins. Des critères remplis par Lemonade Fashion qui « représente sans nul doute la nouvelle génération de plateforme de commerce social dans le monde, ainsi qu’un tournant dans l’industrie de la mode en privilégiant ce qu’on appelle la mode éthique (conscious fashion, en anglais) », souligne-t-il.

D’ailleurs, Tim Draper et Ramzi Farah ne sont pas les seuls à s’intéresser de près à la start-up libanaise : en tout, une douzaine d’investisseurs, dont au moins dix business angels (entrepreneurs et investisseurs providentiels), ont mis la main à la poche pour aider au développement de l’entreprise qui ouvrira bientôt un bureau à San Francisco, en plus de son quartier général à Beyrouth et d’un bureau en Arménie.

Face au succès de Lemonade Fashion, pas question toutefois de quitter le Liban : « La gestion de l’entreprise, sa technologie et la création de contenu demeureront basées à Beyrouth. Plus nous grandissons, plus nous nous investissons dans l’économie du pays, que ce soit par l’embauche de plus de talents ou le développement de l’infrastructure de la société. Environ 30 % de nos revenus sont ainsi redistribués au sein de la communauté libanaise avec laquelle nous travaillons (influenceurs, curateurs, modèles, photographes de mode, etc.) », explique Arthur Bizdikian.

Une bonne nouvelle donc pour le pays en crise qui renvoie au nom de la société : inspiré notamment du proverbe anglais « When life gives you lemons, make lemonade », destiné à encourager l’optimisme face à l’adversité « tout en se sentant bien dans sa peau », ajoute le PDG. Lemonade Fashion rhabille d’espoir l’écosystème de la mode, de la technologie et des start-up, dont les cerveaux sont menacés d’exil depuis le début de l’effondrement du pays. Une affaire à suivre.

Fondée en 2018, Lemonade Fashion, la start-up libanaise de la mode, s’est depuis bel et bien établie dans la cour des grands. Avec une projection de ventes en ligne à l’international de « 5 millions de dollars » d’ici à la fin de l’année, le cofondateur et PDG Arthur Bizdikian l’assure : « Notre nouvelle application mobile est pionnière sur la scène...

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