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Sport - Tennis

Rugby Le jour de gloire

Le XV de France a terrassé l’équipe d’Angleterre dans son antre de Twickenham dans des proportions historiques (53-10). Un triomphe total qui leur permet de rester dans la course à la victoire finale dans ce Tournoi des Six-Nations.

Rugby
Le jour de gloire

Charles Ollivon (au centre) marquant l’un des sept essais inscrits par le XV de France contre l’Angleterre lors de leur succès historique sur la pelouse de Twickenham (53-10), samedi à Londres, pour le compte de la 4e journée du Tournoi des Six-Nations. Adrian Dennis/AFP

À six mois de la prochaine Coupe du monde, Français et Anglais jouent sur deux planètes différentes. Les uns affirment leur statut de favoris de la grand-messe du rugby mondial, qu’ils auront en plus l’avantage de disputer sur leurs terres, tandis que les autres viennent de subir la plus grande humiliation de leur histoire, unanimement qualifiée de « jour le plus sombre » du XV de la Rose par la presse britannique.

« Je crois qu’on a un peu de mal à réaliser », a d’ailleurs immédiatement reconnu Antoine Dupont. En inscrivant plus de 50 points dans l’antre du rugby anglais, les Bleus n’ont pas seulement maintenu en vie leurs rêves de nouveau titre dans le tournoi, après le grand chelem de 2022, ils ont surtout effacé 18 années de déconvenues outre-Manche.

Il fallait en effet remonter jusqu’à 2005 pour retrouver la trace d’une victoire tricolore à Twickenham (18-17), sous la houlette de Bernard Laporte.

« The Magnificent Seven »

Mais la troupe de Fabien Galthié vient ce samedi d’effacer cette interminable période de disette d’une manière dont on n’osait même pas imaginer les contours. Au terme de 80 minutes à sens unique, Antoine Dupont et les siens auront fait sauter le verrou anglais à sept reprises.

Le tout grâce à une entame de match en fanfare, lors de laquelle les Bleus ont pris leurs adversaires à la gorge pour ne jamais leur laisser de répit.

À la conclusion d’un des innombrables raids victorieux lancés par les arrières tricolores dans le camp anglais, Thomas Ramos est venu aplatir le premier essai français en bout de ligne alors que le chronomètre n’affichait que 2 minutes de jeu.

Galvanisés par cette entrée en matière idyllique, Thibaud Flament (26e) et Charles Ollivon (40e) ont ensuite donné 24 points d’avance à la pause, effaçant ainsi un premier record datant de plus de quarante ans (18 points d’écart à la mi-temps en 1981).

Même l’habituel trou d’air des Bleus, sanctionné par un essai, refusé à Max Malins (47e) mais validé pour Freddie Steward (48e), n’a rien changé.

Le deuxième ligne de Toulouse (57e) et le troisième ligne de Toulon (60e) ont en effet ajouté un essai chacun, synonyme de double doublé, et de déroute pour un XV de la Rose atone.

Comme souvent, Damian Penaud, l’ailier le plus prolifique de l’histoire du XV de France, est venu corser encore un peu plus l’addition en se jetant par deux fois dans l’en-but anglais coup sur coup (73e, 75e).

Deux coups de poignard qui auront eu raison du seuil de tolérance de nombre de supporters locaux, qui ont déserté en masse les travées de Twickenham avant le coup de sifflet final, la mine basse.

Totalement en maîtrise, les Tricolores semblent d’un coup avoir balayé les doutes entrevus après les victoires poussives contre l’Italie (29-24) et l’Écosse (32-21), ou lors du revers en Irlande (32-19) un mois plus tôt.

Mais après avoir livré une telle partition, ils ont surtout inscrit leurs noms dans les annales du ballon ovale en infligeant au XV de la Rose la plus lourde défaite de sa glorieuse histoire à domicile.

L’Angleterre touche  le fond

Lorsque Thomas Ramos propulsait le dernier ballon de la rencontre dans les tribunes de l’enceinte londonienne, celles-ci sont curieusement restées calmes après les trois coups de sifflet mettant un terme au récital tricolore. Un peu comme si les supporters anglais, sous le choc, étaient, eux aussi, sonnés par l’uppercut décoché par les Bleus.

Beaucoup avaient déjà quitté les lieux pour ne pas s’infliger les embouteillages traditionnels en banlieue de la capitale et ainsi prolonger le supplice qu’ils venaient de subir.

Après une telle humiliation, les joueurs n’avaient de toute façon pas besoin d’une bronca pour comprendre qu’ils avaient failli sur toute la ligne.

Même les journalistes locaux, parfois si pugnaces, n’ont pas eu le cœur de tirer sur l’ambulance, tombée tout droit dans le fossé, sirènes hurlantes, lorsque le sélectionneur Steve Borthwick et son nouveau capitaine Ellis Genge se sont présentés devant eux pour tenter d’expliquer le désastre.

« On voulait savoir où on se situait exactement par rapport aux meilleures équipes du monde, et on en est très loin. C’est la réalité. Ça nous montre tout le travail qu’il nous reste à accomplir », a assumé Borthwick.

L’ancien deuxième ligne de 43 ans a sans doute dû se demander pendant le match pourquoi il avait accepté de se fourrer dans une telle galère en prenant la succession de l’Australien Eddie Jones, limogé en décembre.

Après une première défaite à Twickenham contre l’Écosse, l’Angleterre avait fait illusion avec ses deux victoires contre l’Italie et le pays de Galles, un autre géant en souffrance.

L’ampleur historique de cette déroute ne laisse plus de place au doute, mais au-delà des déboires de sa vitrine, c’est tout le rugby anglais qui tremble sur ses fondations.

Les faillites de Worcester et des Wasps, placés en liquidation judiciaire à l’automne, ont brutalement levé le voile sur un contexte financier particulièrement alarmant.

Les clubs anglais, pour beaucoup criblés de dettes, ont longtemps vécu au-dessus de leurs moyens dans un championnat qui peine à s’affirmer face à l’ultrapuissante Premier League de football.

De nombreux joueurs, mis au chômage du jour au lendemain, ont trouvé une planche de salut dans le top 14 français, et l’exode serait certainement plus grand face à l’incertitude si les internationaux ne devaient pas tirer un trait sur la sélection en traversant la Manche.

« Il reste du temps »

L’un des avantages à toucher le fond, comme ce fut le cas samedi contre la France, est qu’on ne peut que remonter ensuite. « Il fallait que ça arrive », a analysé sur ITV après la rencontre l’ancien demi d’ouverture Jonny Wilkinson.

« S’il y a une vraie envie d’aller de l’avant, ils en sortiront grandis. Je ne sais pas en revanche combien de temps ça prendra. » À moins de six mois de l’ouverture du Mondial 2023 (8 septembre-28 octobre), lors duquel les Anglais seront notamment opposés à l’Argentine et au Japon, la marge de manœuvre semble mince pour combler le fossé qui existe aujourd’hui avec les prétendants au titre.

« Nous devons progresser plus rapidement », a reconnu le jeune ouvreur Marcus Smith, titularisé samedi à la place de l’emblématique Owen Farrell, l’un des symboles d’une équipe en fin de cycle.

« Le temps ne plaide évidemment pas en notre faveur, mais il en reste, veut croire Smith. Avec la qualité des joueurs que nous avons dans le groupe, ça peut aller vite. » On se rassure comme on peut...

G.B. avec AFP

À six mois de la prochaine Coupe du monde, Français et Anglais jouent sur deux planètes différentes. Les uns affirment leur statut de favoris de la grand-messe du rugby mondial, qu’ils auront en plus l’avantage de disputer sur leurs terres, tandis que les autres viennent de subir la plus grande humiliation de leur histoire, unanimement qualifiée de « jour le plus sombre » du...

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