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Société - Rapport

La crise de l’électricité aggrave la pauvreté au Liban, selon Human Rights Watch

Le ménage libanais moyen consacre 44 % de son revenu mensuel à la facture du générateur.

La crise de l’électricité aggrave la pauvreté au Liban, selon Human Rights Watch

Un tableau avec des fusibles dans une rue de Beyrouth. Photo Joao Sousa

Le gouvernement libanais n’a pas réussi à faire respecter le « droit à l’électricité », a souligné jeudi l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW), basée à New York, dans un rapport soulignant les effets négatifs du manque d’accès à l’électricité.

Le rapport de l’organisation se fonde en partie sur une enquête nationale menée auprès de 1 209 ménages libanais entre novembre 2021 et janvier 2022.

Près de neuf ménages sur dix ont affirmé que le coût de l’électricité affectait leur capacité à payer d’autres produits essentiels, et les deux tiers ont déclaré qu’ils étaient affectés plusieurs fois par mois. Près de la moitié des ménages dont le revenu se situe dans la tranche supérieure (les 20 % qui ont les revenus les plus élevés) ont reconnu que les factures d’électricité affectaient leur capacité à payer d’autres biens essentiels.

Les résultats de l’enquête fournissent certaines des premières données fiables sur la charge énergétique écrasante dans le Liban contemporain.

Selon l’enquête, le ménage libanais moyen raccordé à un générateur consacre 44 % de son revenu mensuel à la facture d’électricité. Ce chiffre varie de 88 %, pour les ménages de la tranche inférieure, à 21 %, pour les ménages de la tranche supérieure.

Selon les données de l’Administration centrale des statistiques du Liban, en 2012, l’année où les données disponibles sont les plus récentes, l’électricité représentait 4,72 % des dépenses moyennes des ménages.

Malgré le coût exorbitant des services de générateur, la grande majorité des Libanais continuent de les utiliser en l’absence quasi totale d’électricité publique. L’enquête a révélé qu’environ 90 % des ménages utilisent un générateur, dont quatre sur cinq dans la tranche la plus pauvre. En d’autres termes, la grande majorité des habitants les plus pauvres du pays ont recours aux générateurs malgré leur coût extrêmement élevé.

L’achat de courant de générateur pourrait avoir augmenté depuis le début de la crise, étant donné que les données collectées en 2018 et 2019 indiquaient que 84 % des ménages utilisaient des générateurs, contre 90 % lors de l’enquête de HRW fin 2021. Un grand nombre d’abonnements supplémentaires pourraient provenir de Beyrouth, qui avait un taux d’abonnement aux générateurs de 54 % en 2018-2019 et un taux de 87 % en 2021-2022, selon le calcul de L’Orient Today à partir des données de l’enquête de HRW.

Outre les coûts élevés, les pénuries pèsent également sur les ménages. Soixante-cinq pour cent d’entre eux ont souligné que leur capacité à conserver les aliments au réfrigérateur avait été affectée par les pénuries et 47 % ont observé qu’elles avaient eu un impact sur leur capacité à pomper de l’eau. Plus d’un tiers d’entre eux ont reconnu que les pénuries les empêchaient de cuisiner ou de chauffer des aliments, ou de maintenir leur maison à une température convenable.

L’électricité est un « droit de l’homme à part entière »
Selon HRW, l’électricité est elle-même « un droit de l’homme ». L’organisation reproche au gouvernement de « ne pas gérer correctement la compagnie d’électricité publique, Électricité du Liban, ce qui entraîne des pannes de courant généralisées qui violent le droit de la population libanaise à l’électricité et, par conséquent, aux droits secondaires, à un niveau de vie adéquat, à l’éducation, à la santé, à la liberté de mouvement, à un environnement sain ». Le rapport accuse le gouvernement de « décennies de politiques non durables et de négligence fondamentale », qu’il attribue à « l’accaparement des ressources de l’État par les élites, à la corruption et aux intérêts particuliers ».

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« Ce n’est pas l’absence de capacité financière qui nous a conduits ici », a souligné Lama Fakih, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à HRW, lors d’une conférence de presse jeudi.

Tout en accusant le gouvernement de ne pas remplir ses obligations envers ses citoyens, Mme Fakih a déclaré que « la privatisation n’est pas la solution aux malheurs du Liban ».

Léna Simet, coauteure du rapport, soutient cette affirmation, précisant que la privatisation des services publics a, dans d’autres pays, aggravé les inégalités entre les citoyens. La solution consiste plutôt, selon elle, à ramener le secteur de l’électricité, actuellement occupé par une économie de générateurs en plein essor, sous le contrôle de l’État et à « faire fonctionner EDL ».

HRW a contacté le Premier ministre sortant, les ministères sortants de l’Énergie et de l’Eau, de la Santé et de l’Environnement, la Défense civile et les agences internationales, dans l’espoir d’obtenir leurs réactions. Au moment de la publication du rapport jeudi matin, seules la Défense civile et la Banque mondiale avaient répondu aux questions de HRW. Leurs réponses n’étaient pas « pertinentes par rapport aux principales conclusions de notre rapport », a affirmé jeudi Adam Coogle, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Une délégation de HRW a rencontré le ministre sortant de l’Énergie Walid Fayad mercredi, a indiqué l’organisation. M. Coogle a qualifié la réunion de « substantielle », mais Mme Fakih a déploré l’absence d’un plan adéquat pour relever les défis du secteur.

Les recommandations
HRW a appelé le gouvernement libanais à « inscrire le droit à l’électricité » dans la législation, à adopter les lois nécessaires à l’accord avec le FMI et enfin à mettre en œuvre la loi de 2002 qui établit une autorité de régulation de l’électricité chargée de superviser le secteur. Elle a également invité le gouvernement démissionnaire à adopter une loi organisant la production décentralisée d’énergie renouvelable et à augmenter sa capacité.

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L’organisation a de plus réclamé une nouvelle structure tarifaire pour EDL avec des mécanismes garantissant que les ménages ne consacrent pas une part importante de leurs revenus à l’électricité. Mme Simet a observé qu’il n’existe pas de seuil internationalement accepté de dépense des ménages pour l’électricité, car il varie en fonction du contexte. Elle a appelé le gouvernement à étudier les modèles de dépense des ménages dans le cadre d’une refonte des tarifs d’EDL et des générateurs.

Sans réformes urgentes du secteur, la plupart des ménages continueront à souffrir de coûts exorbitants pour obtenir seulement quelques heures par jour d’électricité, à un moment où ils peuvent le moins se le permettre.

« Si nous n’avions pas à payer le générateur, nous nous en sortirions. Mais la facture du générateur nous a mis en faillite », a observé une personne interrogée à titre anonyme dans le rapport. « On peut tout laisser tomber, mais on ne peut pas vivre sans électricité », a-t-elle ajouté. 

Le gouvernement libanais n’a pas réussi à faire respecter le « droit à l’électricité », a souligné jeudi l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW), basée à New York, dans un rapport soulignant les effets négatifs du manque d’accès à l’électricité.Le rapport de l’organisation se fonde en partie sur une enquête nationale menée auprès...

commentaires (5)

La majorité des libanais volent l’EDL, ainsi que les soit-disant “réfugiés” qui branchent leurs camps à l’œil. Par contre, ils craignent tous les types des moteurs et règlent les factures comptant sans discuter. Il vaut mieux pour l’Etat de laisser faire et de vendre tout l’EDL. Au moins, c’est équitable et il n’y a pas une partie de la population qui paye pour la majorité qui ne respecte aucune institution et aucune autorité.

Mago1

12 h 12, le 13 mars 2023

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Commentaires (5)

  • La majorité des libanais volent l’EDL, ainsi que les soit-disant “réfugiés” qui branchent leurs camps à l’œil. Par contre, ils craignent tous les types des moteurs et règlent les factures comptant sans discuter. Il vaut mieux pour l’Etat de laisser faire et de vendre tout l’EDL. Au moins, c’est équitable et il n’y a pas une partie de la population qui paye pour la majorité qui ne respecte aucune institution et aucune autorité.

    Mago1

    12 h 12, le 13 mars 2023

  • La seule et unique solution c'est l'union du peuple. Il faut arrêter de soutenir son Zaim et penser au pays, au peuple et à l'indépendance du peuple vis à vis des politiciens.

    Georges Zehil Daniele

    21 h 36, le 12 mars 2023

  • - SI CE N,ETAIT QUE CA, MEDIOCRE ETAIT LE MAL. - ENCAISSER LE DOLLAR A DOUZE MILLE LIVRES, - PUIS LE PAYER SEPT FOIS PLUS. CES ESCROCS SONT IVRES, - DE MALVERSATION ET DE TRAFIC ILLEGAL. - ILS N,ONT NI CONSCIENCE ET NI SENSIBILITE. - VOLER LE PAUVRE EST POUR EUX UNE HABILITE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 59, le 12 mars 2023

  • Mais comprenez une fois pour toutes que les politiciens tous bords confondus, les fonctionnaires toutes catégories confondues, sont presque tous incompétents, corrompus et pourris jusqu’à l’os. Même si on vient leur offrir sur un plateau la solution au problème de l’électricité, ils refuseront parce que ce sont des idiots et qu’ils sont de mèche avec la mafia des propriétaires de générateurs. Donc cessons de tourner autour du pot, soit on donne un grand coup de balai à cette pourriture soit on arrête de miauler par ci ou par là des conneries du style de ce rapport qui a du coûter une fortune mais qui ne nous a rien appris et qui ne propose aucune solution concrète.

    Lecteur excédé par la censure

    18 h 49, le 11 mars 2023

  • Oui mais … "ils" ne l’ont pas laissé…

    Gros Gnon

    18 h 27, le 11 mars 2023

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