Rechercher
Rechercher

Une manche et label


Il y a près d’un quart de siècle, l’Iran et la Syrie pesaient de tout leur poids pour mettre un terme définitif aux épisodiques et meurtriers affrontements qui opposaient alors leurs protégés du Hezbollah et d’Amal. Depuis, le couple se porte plutôt bien, malgré plus d’un incident de parcours. Ainsi le Hezbollah, qui possède ses propres sources de financement (et n’a donc nul besoin de piquer dans les caisses de l’État), éprouve-t-il quelque gêne à s’ériger en héraut de la lutte contre une corruption qui éclabousse copieusement son partenaire. De son côté, le mouvement Amal ne s’est jamais résigné au ménage à trois que lui imposait le Hezbollah en concluant une entente avec le Courant patriotique libre de Michel Aoun, puis en portant ce dernier à la présidence de la République.


Accordés sont, cette fois, les violons chiites, pour l’ouverture de la marche présidentielle. La semaine dernière, le président de l’Assemblée Nabih Berry révélait, par voie de presse, ce qui n’était pourtant qu’un secret de polichinelle. Tournant en dérision l’expérience in vitro que fut, selon lui, la candidature de Michel Moawad avancée par le camp souverainiste, il faisait ainsi de Sleiman Frangié le champion du tandem. Non sans déployer des trésors de casuistique, Hassan Nasrallah lui a vite emboîté le pas en souscrivant à une candidature aussi naturelle, a-t-il dit, que celle-ci : une candidature qui allait de soi et qui répond parfaitement aux critères requis.


Fort bien, il en était grand temps, cinq bons mois s’étant écoulés pour rien depuis l’ouverture de la course à la présidence : cinq mois perdus en flots de bulletins blancs et torpillages du quorum parlementaire. Reste à savoir cependant si en étreignant aussi vigoureusement l’aspirant Frangié, les deux compères ne risquent pas de l’étouffer. C’est vrai que le leader maronite de Zghorta n’a jamais fait secret de ses amitiés syriennes et de sa loyauté envers le Hezbollah. Sans jamais renier ses engagements, il s’est cependant évertué, ces derniers temps, à montrer patte blanche : à se poser en homme d’ouverture, de dialogue et en aucun cas de défi, espérant de la sorte rassurer les sceptiques.


Alors, candidat de la milice ou seulement candidat soutenu par la milice ? Bien peu de citoyens seront portés à décoder la finasserie, à saisir la nuance, à faire la différence entre bonnet blanc et blanc bonnet. Le fait demeure que face au candidat-éprouvette fort discourtoisement évoqué par Nabih Berry, c’est en réalité une sorte de Frankenstein estampillé, poinçonné, certifié d’origine, que vient de façonner le tandem chiite. Ni cet excès d’honneur ni cette indignité, doit sans doute se lamenter en ce moment l’intéressé, si tant est qu’il se souvient encore de ces vers de Racine …


Les cartes se trouvant maintenant étalées, c’est en tout cas un tournant nouveau qu’aborde la longue et laborieuse quête d’un président. Nasrallah est conscient mais nullement inquiet de l’impasse à laquelle se heurtent les candidats en lice, également impuissants à marquer le score fatidique ; il va d’ailleurs jusqu’à inviter ironiquement le camp d’en face à s’adonner à son tour, à sa guise, aux mêmes manœuvres dilatoires décriées hier encore. Mais ses appels à la concertation paraissent aussi ouvrir la porte à la recherche d’un consensus sur un troisième homme.


De quoi fouetter les espérances du deuxième rang du peloton, dans ce marathon à répétition qu’est devenue, dans notre pays, la ruée vers Baabda.


Issa GORAIEB

igor@lorientlejour.com

Il y a près d’un quart de siècle, l’Iran et la Syrie pesaient de tout leur poids pour mettre un terme définitif aux épisodiques et meurtriers affrontements qui opposaient alors leurs protégés du Hezbollah et d’Amal. Depuis, le couple se porte plutôt bien, malgré plus d’un incident de parcours. Ainsi le Hezbollah, qui possède ses propres sources de financement (et n’a donc nul...