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Campus - TÉMOIGNAGES

L’éducation sexuelle des jeunes au Liban, entre tabou et émancipation

Certains ont répondu avec empressement à nos questions. D’autres ont hésité à s’exprimer sur le sujet en demandant que leur anonymat soit préservé. Lorsqu’il s’agit d’éducation à la sexualité, les expériences des étudiants sont très variées.

L’éducation sexuelle des jeunes au Liban, entre tabou et émancipation

Maya Sbeity. DR

« Je n’étais pas à l’aise lorsque j’ai ouvert le sujet de la sexualité avec ma mère. Je me sentais intimidée », confie une étudiante qui a souhaité rester anonyme. Considérant que l’embarras causé par ce sujet est dû aux normes sociales avec lesquelles les jeunes ont été élevés, elle ajoute : « À l’école, les élèves avaient honte d’en parler. Et ceux qui osaient le faire suscitaient rapidement des rires. On nous a appris dès notre plus jeune âge qu’il n’est pas correct d’en parler. ’Ayb’, c’est honteux, nous disait-on. »

Ce mot, ’ayb’, revient également dans les propos de Maya Sbeity, étudiante de 20 ans en génie civil à l’Université Rafic Hariri, qui confie que dans sa famille, on ne parlait pas de sexualité car c’est contraire aux mœurs. Même son de cloche chez Dani Odicho, 21 ans. L’étudiant en littérature et langue arabes à l’Université Libanaise indique dans un soupir : « Mes parents ne m’ont jamais explicitement parlé de cela. »

Ce n’est pas le cas de Nawwar Hussein Haïdar, 19 ans. L’étudiant en droit à l’Université Saint-Joseph confie en avoir discuté avec ses parents. « Pour eux, il s’agit d’une question de sensibilisation », précise-t-il en ajoutant que l’objectif de cette discussion était de l’éveiller sur le comportement et les mesures à adopter pour se protéger. Sans pour autant envisager que leur fils puisse avoir des rapports sexuels, selon le jeune homme, « ils ne voulaient pas faire du sujet un tabou ».

Nawwar Hussein Haïdar. Photo Mira Abdo Kassir

Entre les réseaux sociaux et les amis

De nombreux étudiants, notamment ceux qui n’ont pas été sensibilisés sur le sujet par leurs parents, confient puiser leurs connaissances sur la sexualité dans les réseaux sociaux. Dani Odicho et Nawwar Hussein Haïdar en font partie. Le premier considère que les réseaux sociaux jouent un rôle important en la matière. Évoquant de nombreux comptes sur différentes plateformes qui s’attardent sur le sujet, il nomme celui du Dr Sandrine Atallah, qui, à son avis, permet d’accéder à des informations de qualité et des conseils d’experts. « Je ne comprends pas pourquoi il y a tellement de personnes qui critiquent ces comptes », avoue-t-il.

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Tout le monde ne partage pas son avis. Maya Sbeity considère par exemple que les réseaux sociaux peuvent être « plus nuisibles que bénéfiques et informatifs ». Pour elle, les jeunes doivent s’assurer de la crédibilité des infos partagées en ligne, et filtrer le contenu qu’ils trouvent sur le web. Cela s’avère difficile quand ils n’ont reçu aucune éducation en la matière, estime-t-elle. Durant son adolescence, elle a elle-même cherché à s’instruire sur le sujet. « J’en parlais autour de moi. Et c’était une bonne chose. »

Un grand nombre des jeunes interviewés confient discuter de sexualité avec leurs amis. « C’est une très belle chose de savoir comment ses amis pensent de ce sujet, même si on ne partage pas leur manière de voir », confie Dani Odicho. Nawwar Hussein Haïdar acquiesce. Pour ce dernier, « c’est une évidence » d’en discuter entre amis, « surtout que nous ne sommes plus des enfants ». Et d’ajouter : « Mes amis prennent ce sujet au sérieux. »

Maya Sbeity, quant à elle, confie avoir relevé dans les discours de ses amis des « incohérences », des idées reçues et des préjugés. « Il faut corriger ces pensées, pour éviter des malentendus à l’avenir », estime-t-elle.

Dani Odicho. Photo Peter Houaiss

L’éducation sexuelle, une nécessité

Concernant les risques relatifs aux rapports sexuels non protégés, Nawwar Hussein Haïdar souligne que « le programme de science de la vie et de la Terre (SVT) au lycée était très clair. Tout était écrit dans le manuel ». Malheureusement, l’éducation sexuelle ne figure pas dans le programme scolaire de toutes les écoles au Liban.

Insistant sur la nécessité d’éduquer les jeunes à la sexualité, Maya Sbeity confie qu’elle a été « forcée » d’en parler avec les parents d’une de ses connaissances, parce qu’elle craignait que la personne en question ne soit victime d’abus sexuels. « Il faut éduquer les jeunes sur ce sujet. Les filles qui n’ont pas reçu cette sensibilisation ne peuvent pas faire la distinction entre ce qui est considéré comme normal et ce qui est abusif », affirme-t-elle. Effectivement, comment les jeunes peuvent-ils dire « non » à un abus, s’ils ne sont pas conscients qu’il s’agit d’un abus ?

« Je n’étais pas à l’aise lorsque j’ai ouvert le sujet de la sexualité avec ma mère. Je me sentais intimidée », confie une étudiante qui a souhaité rester anonyme. Considérant que l’embarras causé par ce sujet est dû aux normes sociales avec lesquelles les jeunes ont été élevés, elle ajoute : « À l’école, les élèves avaient honte d’en parler....

commentaires (3)

EDUCATION SEXUELLE NON PARTOUT PRATICABLE. A MOINS QU,ON COUDE DES ZIPS POUR OUVRIR ET FERMER A VOLONTE.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 04, le 02 mars 2023

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Commentaires (3)

  • EDUCATION SEXUELLE NON PARTOUT PRATICABLE. A MOINS QU,ON COUDE DES ZIPS POUR OUVRIR ET FERMER A VOLONTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 04, le 02 mars 2023

  • Ne pas en parler est une chose mais... Allons, pas d'hypocrisie SVP. On sait bien ce que les jeunes filles font avec leurs copains pour préserver la sacro sainte virginité encore exigée en Orient...Sans oublier de mentionner les "réparations d'hymen" que certains médecins pratiquent aussi en France.

    Lilou BOISSÉ

    15 h 09, le 02 mars 2023

  • - DE QUELLES ET QUELS JEUNES PARLE-T-ON ? - CAR D,EDUCATION DITE SEXUELLE, - LES ENTURBANNES LANCERONT LEUR NON !, - LES CHANGER AVEC QUELLE MANIVELLE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 21, le 02 mars 2023

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