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Économie - Justice

Les Safra, milliardaires brésiliens aux racines libanaises, se disputent l’héritage paternel


Les Safra, milliardaires brésiliens aux racines libanaises, se disputent l’héritage paternel

Vicky et Joseph Safra. Capture d’écran YouTube

Feu « le banquier le plus riche du monde », le Libano-Brésilien Joseph Safra doit se retourner dans sa tombe depuis l’annonce lundi par l’un de ses trois fils, Alberto, de poursuites judiciaires à l’encontre de sa mère, Vicky, et de ses deux frères, David et Jacob. Une histoire d’héritage sur laquelle devra trancher la cour suprême de New York et qui repose sur les griefs du fils cadet des Safra accusant sa famille « de diluer de manière délibérée ses parts au sein de la holding de la Safra National Bank (of New York) dans l’objectif de l’évincer de l’empire familial », selon l’agence Reuters.

Alberto Safra, placé à la 5e place dans le classement des « milliardaires brésiliens » de l’édition 2022 du magazine Forbes pour une fortune de 38,9 milliards de réaux (7,49 milliards de dollars), avait démissionné fin 2019 du conseil d’administration de la Banco Safra, appartenant au Groupe Safra, après une dispute avec son frère David. Une mésentente qui avait démarré en 2008 lorsque ce dernier avait rejoint son aîné aux manettes de la banque brésilienne. Selon un communiqué du milliardaire repris cette semaine par Reuters, celui-ci explique « ne pas avoir le choix » que de lancer cette action en justice « pour protéger ses droits » en raison « d’actes illégaux et agressifs perpétrés par ses frères ».

Selon la presse américaine, la querelle familiale remonterait à décembre 2019 quand Vicky Safra aurait « conspiré » avec son aîné Jacob et son benjamin David contre Alberto Safra pour réduire les parts de son cadet de « 28 à 13,4 % » dans la SNBNY Holdings, qui possède aujourd’hui un capital de près d’un milliard de dollars. Le tout en « abusant de l’état de santé de son père » qui se détériorait en raison de la maladie de Parkinson. Un an plus tard, en décembre 2020, Joseph Safra décédait à l’âge de 82 ans, laissant libre le conflit de se déclencher.

Selon un communiqué de la partie adverse publié en réponse aux déclarations d’Alberto Safra, la famille Safra a exprimé ses regrets pour « la voie empruntée par Alberto », l’accusant d’être à l’origine de la querelle quand son père était encore en vie, et d’attaquer aujourd’hui « sa mémoire ». Réfutant les allégations d’Alberto Safra, un porte-parole de la famille a quant à lui déclaré que Joseph Safra avait « délibérément rayé son fils du testament », ou en tout cas réduit ses parts, comme indiqué dans l’action en justice.

L’homme le plus riche du Brésil

Issu d’une famille de banquiers syriens et né en 1938 à Beyrouth au sein de la communauté juive libanaise, Joseph Safra s’était installé en 1953 à São Paulo au Brésil pour poursuivre et construire avec ses frères, Edmond et Moïse, le patrimoine bancaire fondé par leur père, décédé l’année suivante. Chose promise, chose due, puisque le groupe Safra est ensuite devenu un empire financier, présent aujourd’hui dans plus de 25 pays. Au Liban, le Groupe Safra a laissé en héritage la Banque de crédit national.

D’après le classement du magazine Forbes, Joseph Safra était l’homme le plus riche du Brésil et possédait en 2020 la 39e fortune du monde, estimée à 19,9 milliards de dollars cette année-là, contre 25,5 milliards en 2019. En plus de la Banco Safra au Brésil et de la J. Safra Sarasin en Suisse, Joseph Safra possédait également 50 % des parts de la marque Chiquita, une entreprise agroalimentaire.

Mécène et philanthrope, il avait reversé une partie de cette fortune à des projets de recherche médicale. Il avait également acquis des sculptures d’Auguste Rodin pour en faire don à la Pinacothèque de São Paulo, un des principaux musées de la ville. Vicky, son épouse d’origine grecque, possède aujourd’hui une fortune estimée à 7,3 milliards de dollars, selon la dernière actualisation du site Forbes datant d’hier, tandis que ses quatre enfants se partagent un héritage estimé à 7,1 milliards de dollars, selon cette même source.

En 1999, le frère de Joseph Safra, Edmond, était mort asphyxié lors d’un incendie criminel provoqué dans son appartement de Monaco par l’un de ses aides-soignants, une affaire judiciaire qui avait défrayé la chronique à l’époque dans cette principauté peu habituée aux faits divers sordides.

Feu « le banquier le plus riche du monde », le Libano-Brésilien Joseph Safra doit se retourner dans sa tombe depuis l’annonce lundi par l’un de ses trois fils, Alberto, de poursuites judiciaires à l’encontre de sa mère, Vicky, et de ses deux frères, David et Jacob. Une histoire d’héritage sur laquelle devra trancher la cour suprême de New York et qui repose sur les...

commentaires (7)

"Un an plus tard, en décembre 2020, Joseph Safra décédait à l’âge de 82 ans, laissant libre le conflit de se déclencher." Hmmm...Et là c'est Molière qui se retourne dans sa tombe!

Georges MELKI

09 h 53, le 13 février 2023

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Commentaires (7)

  • "Un an plus tard, en décembre 2020, Joseph Safra décédait à l’âge de 82 ans, laissant libre le conflit de se déclencher." Hmmm...Et là c'est Molière qui se retourne dans sa tombe!

    Georges MELKI

    09 h 53, le 13 février 2023

  • ....""En décembre 2020, Joseph Safra décédait à l’âge de 82 ans, laissant libre le conflit de se déclencher"". C’est classique. Ne pas régler son héritage avant son décès est l’erreur mortelle que payent les héritiers. S’il n’y a pas encore d’effusion de sang (à part l’épisode monégasque) c’est que finalement tout se réglera devant les tribunaux, où chacun perdra quelques plumes… frais de procédures, avocats, etc., sans parler de l’ambiance délétère qui règne lors des rencontres, ou par conseils interposés. Ils pourront reprendre l’aphorisme de René Char : ""notre héritage n’est précédé d’aucun testament"". Mais attention, et c’est ma culture générale qui parle, venant du poète, le sens au premier degré n’est pas le même de celui du poète. J’ai cru comprendre que la philanthropie (les statues de Rodin) des Safra, comme leurs origines, syrienne, libanaise, juive, et finalement brésilienne, favorisent l’entente entre frères, mais c’est se tromper sur la nature humaine…

    Nabil

    13 h 41, le 12 février 2023

  • Témoignage personnel : à l'aéroport de Sao Paulo, la banque Safra est connue pour escroquer les touristes grâce à un monopol de guichets de change. Les cours ne sont pas affichés, et le taux pratiqué incroyablement bas. Les touristes croient à une institution officielle. J'en ai parlé avec une employée qui l'a reconnu.

    F. Oscar

    10 h 30, le 12 février 2023

  • L’argent est malheureusement la principale raison des déchirures familiales. Les cas sont nombreux partout dans le monde. Au delà de l’argent et du tribunal qui décidera sur l’aspect matériel ( le perdant restera aussi riche au final) , la misère ? c’est surtout « la famille qui se déchire ». L’argent pollue les relations familiales. Riche ou pauvre… l’argent et l’héritage sont une vraie plaie s’il prennent le dessus et passent avant l’unité de la famille.

    LE FRANCOPHONE

    08 h 33, le 12 février 2023

  • C’est des syriens qui ont fait escale au Liban avant de finir au Bresil:.. arrêtez de vouloir dire que tout le monde est libanais… nous on est que des frimeurs

    Jack Gardner

    00 h 38, le 12 février 2023

  • Le testament est le cheval de Troie qui divise les familles. Un instrument pour dépecer les fortunes et les liens familiaux.

    Céleste

    13 h 38, le 11 février 2023

  • Je lis "laissant libre le conflit de se déclencher". Tournure de phrase pour le le moins bizarre. Est-ce une traduction littérale du Guarani .

    Moussalli Georges

    01 h 20, le 11 février 2023

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