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Politique - Focus

Présidentielle, Hezbollah, FMI : les coulisses de la visite de quatre députés à Washington

Élias Bou Saab, Marc Daou, Yassine Yassine et Neemat Frem se sont rendus à Washington pour officiellement participer au National Prayer Breakfast, mais la politique n’est jamais bien loin.

Présidentielle, Hezbollah, FMI : les coulisses de la visite de quatre députés à Washington

Les députés Yassine Yassine (gauche) et Neemat Frem (droite) avec David Beasley, directeur du World Food Programme, à Washington. Photo tirée du compte Twitter de Neemat Frem

Tout est dans le timing. Et celui de la visite, depuis lundi, d’un groupe de quatre députés à Washington pour rencontrer des responsables de l’administration américaine ou d’organisations internationales semble loin d’être anodin. Ce déplacement du vice-président de la Chambre Élias Bou Saab (proche du Courant patriotique libre), accompagné des députés Marc Daou et Yassine Yassine (affiliés à la contestation) ainsi que Neemat Frem (indépendant) intervient en effet alors que le pays s’enfonce dans la crise et que l’élection d’un président de la République fait du surplace depuis le début du processus électoral en septembre. Les États-Unis participeront d’ailleurs à une rencontre-clé sur le dossier libanais à Paris la semaine prochaine avec le Qatar, l’Arabie saoudite, la France et l’Égypte.

National Prayer Breakfast

« Notre visite aux États-Unis s’est faite sur invitation d’un groupe de sénateurs et députés américains, afin que nous participations au National prayer breakfast », affirme Marc Daou à L’OLJ. Il s’agit d’une rencontre annuelle de figures politiques du monde entier, qui s’est tenue hier à Washington. « Nous ne sommes donc pas une délégation parlementaire officielle », précise le député de Aley. Cela n’empêche cependant pas ces élus de mener des rencontres officielles. « Il y aura des entretiens bilatéraux, chacun de son côté, et d’autres en groupe », dit-il. La première de ces entrevues a eu lieu lundi avec le Fonds monétaire international, avec lequel le Liban est en négociations depuis 2020 pour débloquer des fonds nécessaires à l’allègement de sa crise financière et monétaire. « Le FMI nous a affirmé que Beyrouth n’a fait aucun pas vers l’application de l’accord préliminaire d’avril dernier », regrette Yassine Yassine. « Ils attendent toujours le budget pour l’année 2023, qui est en retard de plusieurs mois », affirme le député à L’OLJ.

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La présidentielle s’est-elle invitée dans le débat, alors que Jihad Azour, directeur régional du FMI pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, est perçu comme un candidat sérieux à la magistrature suprême ? « Pas du tout », à en croire les deux élus précités, pour qui la rencontre avec le FMI était purement dédiée à la question de la crise économique, loin de la politique. D’ailleurs, une rencontre similaire avec la Banque mondiale était également à l’ordre du jour. Cette organisation est censée financer le transfert de gaz égyptien et d’électricité jordanienne vers le Liban en passant par la Syrie. Un projet qui se heurte aux sanctions américaines sur le régime syrien et sur l’hésitation de la BM. « La Banque mondiale n’est pas une charité… Elle ne financera pas ce projet s’il n’y a pas de réforme dans le secteur de l’électricité », martèle Edward Gabriel, diplomate et directeur du American Task Force for Lebanon.

Présidentielle

Mais la présidentielle n’est jamais bien loin, et les rencontres des députés ne se sont pas limitées aux questions économiques. « Nous avons eu des rencontres avec le département d’État américain, des sénateurs mais aussi des groupes de pression », affirment les deux élus de la contestation. Les Américains devraient, selon des sources concordantes, transmettre aux visiteurs libanais leur attachement à l’élection d’un président « réformiste et souverainiste ». « Le profil du président élu aura un impact significatif sur les relations bilatérales entre Washington et Beyrouth, surtout au niveau de l’aide économique », explique M. Gabriel. C’est ce que confirme l’un des députés qui ont fait le déplacement à Washington. « Nous savons déjà que l’administration américaine s’oppose à l’élection d’un président pro-Hezbollah », affirme-t-il. Et d’abonder : « C’est l’un des messages qu’ils porteront à Paris la semaine prochaine pour la réunion qui doit se tenir sur le dossier libanais. »

Selon les informations obtenues par L’Orient-Le Jour, la feuille de route qui y sera discutée devrait insister sur l’élection d’un président de consensus, mais au profil réformateur. Dans ce cadre, les pays participants placeraient le chef de l’armée Joseph Aoun en tête des figures pouvant faire l’objet d’un consensus pour succéder à Michel Aoun. Ce n’est pas nécessairement au goût de tout le monde, notamment du député maronite Neemat Frem, qui ne cache plus ses ambitions présidentielles. Celui qui s’était affirmé en fer de lance de l’opposition au Kesrouan essaye de se repositionner en candidat consensuel à l’élection présidentielle. « M. Frem a de bonnes relations aux États-Unis, et s’active pour promouvoir sa propre candidature », affirme une source parlementaire. Du côté du principal intéressé, on affirme que, dans ses entrevues aux États-Unis, le député indépendant s’active surtout pour expliquer son programme. « Neemat Frem se rend aux États-Unis plusieurs fois par an, mais en profite cette fois-ci pour faire une tournée auprès des décideurs et leur présenter son projet. Pour nous, le dossier économique est aussi important que le dossier politique. Il faut travailler sur les deux fronts plutôt que de délaisser l’économie pour s’occuper uniquement des questions politiques, comme les armes du Hezbollah », affirme un proche du député, sans préciser si ses interlocuteurs ont été convaincus.

Tout est dans le timing. Et celui de la visite, depuis lundi, d’un groupe de quatre députés à Washington pour rencontrer des responsables de l’administration américaine ou d’organisations internationales semble loin d’être anodin. Ce déplacement du vice-président de la Chambre Élias Bou Saab (proche du Courant patriotique libre), accompagné des députés Marc Daou et Yassine...

commentaires (4)

Qui a autorisé ce voyage, et avec quels fonds svp?

Gros Gnon

14 h 17, le 03 février 2023

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Commentaires (4)

  • Qui a autorisé ce voyage, et avec quels fonds svp?

    Gros Gnon

    14 h 17, le 03 février 2023

  • Il faut travailler sur les deux fronts plutôt que de délaisser l’économie pour s’occuper uniquement des questions politiques, comme les armes du Hezbollah » Tout est dit. Encore un qui a les boules. Il y a quelque temps il aboiyeait. La il se couche. IL N' A PAS DE SALUT POUR LE LIBAN QUE PAR UNE FEDERATION DES CANTONS. Comme la suisse.

    sancrainte

    11 h 31, le 03 février 2023

  • Le pays croule sous les dettes, les citoyens crèvent de faim et on envoie trois des bons à rien à un prayer breakfast? Avec quel argent SVP?

    Sissi zayyat

    10 h 44, le 03 février 2023

  • "un président de consensus, mais au profil réformateur". N'y a-t-il pas là un oxymoron? A moins qu'on ne trouve un émule de la chauve-souris de La Fontaine ("Je suis oiseau: voyez mes ailes", "Je suis souris, vive les rats"). "le dossier économique est aussi important que le dossier politique". Bien entendu! Mais le premier ne peut être réglé tant que le second ne l'aura pas été.

    Yves Prevost

    07 h 30, le 03 février 2023

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