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Monde - DÉMOCRATIE

La Birmanie marque le second anniversaire du coup d’État avec une prolongation de l’état d’urgence

Les puissances occidentales lancent une nouvelle vague de sanctions à l’encontre des généraux putschistes.

La Birmanie marque le second anniversaire du coup d’État avec une prolongation de l’état d’urgence

À Yangon, des rues désertées pour protester contre la junte militaire en Birmanie le 1er février 2023, deux ans après le coup d’État qui l’a remise au pouvoir. Photo AFP

En ce jour de contestation silencieuse contre le pouvoir militaire qui a pris le commandement il y a exactement deux ans, tous attendaient une annonce de la junte concernant la prolongation de l’état d’urgence et le report des élections initialement promises pour l’été. Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, qui avait déclaré précédemment que les élections ne pourraient être tenues que quand le pays serait « pacifié et stable », a obtenu hier la prolongation de l’état d’urgence. Imposé dans la foulée du putsch par la junte, celui-ci devait expirer à la fin du mois de janvier, délai au terme duquel les autorités devaient, selon la Constitution, mettre en place un calendrier pour de nouvelles élections. Le Conseil national de défense et de sécurité, composé de responsables militaires, a ainsi donné hier une suite favorable à la demande du chef de la junte de reconduire cette mesure d’exception pour six mois.Dans un communiqué, la junte a accusé ses opposants, dont les Forces de défense populaire (PDF) et un gouvernement fantôme animé par des députés du parti d’Aung San Suu Kyi, de chercher à prendre le pouvoir « par le soulèvement et la violence ». Plus d’un tiers des 330 districts que compte la Birmanie échappent au « contrôle total » de l’armée, a d’ailleurs reconnu hier le chef de la junte. « Bien qu’il n’y ait pas d’actions de protestation en ce moment, la violence est toujours là », a-t-il encore dit, l’imputant à des « terroristes ».La question qui se pose désormais est de savoir si les élections que les généraux se sont engagés à organiser d’ici au mois d’août pourraient dans ces conditions avoir lieu. Sans préciser de calendrier électoral, le chef de la junte a assuré œuvrer « à l’organisation d’élections dans toutes les régions du pays afin que le peuple ne perde pas ses prérogatives démocratiques ». Les militaires resteront les « gardiens » de la Birmanie, quel que soit son gouvernement, a-t-il déclaré, cité par les médias d’État. Un envoyé spécial des Nations unies avait déclaré la veille que des élections « alimenteraient une plus grande violence, prolongeraient le conflit et rendraient plus difficile le retour à la démocratie et à la stabilité ».

Les puissances occidentales ont, quant à elles, marqué le second anniversaire par une nouvelle vague de sanctions à l’encontre des généraux, bien que les cycles précédents n’aient guère montré de signes permettant de faire dévier la junte de sa route. Les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne ont annoncé une nouvelle série de sanctions visant les membres de la junte et les entités qu’elle soutient. Ancienne puissance coloniale, Londres a notamment ciblé des entreprises fournissant du carburant d’aviation à l’armée et permettant sa « campagne barbare de raids aériens dans le but de se maintenir au pouvoir ».

Grève silencieuse

Les rues du centre de Rangoun, la capitale économique, se sont largement vidées en fin de matinée après que des militants ont appelé les habitants du pays à fermer leurs commerces et à rester à l’intérieur de 10h00 à 16h00 (heure locale). Les routes menant à la célèbre pagode Shwedagon – un sanctuaire bouddhiste qui domine l’horizon et est habituellement bondé de fidèles – étaient en grande partie désertes. La plupart des bus circulant sur les autres routes de la ville étaient vides et la sécurité était très présente.

Le calme régnait également dans la deuxième ville de Mandalay, a déclaré un habitant. « Il y a quelques personnes qui se promènent ici et là dans les quartiers, mais presque aucune activité sur les routes principales », a-t-il dit, requérant l’anonymat. Les images des médias locaux montraient des rues vides dans la ville de Mawlamyine, dans l’est du pays.

Cette forme de contestation est en réaction à la sévère répression menée par la junte militaire. Plus de 2 900 personnes de la dissidence ont été tuées par l’armée depuis qu’elle a pris le pouvoir et plus de 18 000 ont été arrêtées, selon un groupe de surveillance local. La junte a récemment achevé une série de procès à huis clos contre Aung San Suu Kyi, emprisonnant la lauréate du prix Nobel pour un total de 33 ans dans le cadre d’un processus que les groupes de défense des droits ont qualifié d’imposture. « Notre principal souhait pour 2023 est la liberté et rentrer chez nous », a déclaré Thet Naung, un militant de la région de Sagaing (Nord), qui a été le théâtre d’affrontements réguliers entre l’armée et les combattants anticoup d’État.

L’ambassade des États-Unis avait mis en garde contre une « augmentation des activités et des violences contre le régime » pendant les jours entourant l’anniversaire. Environ 300 manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade birmane à Bangkok, en Thaïlande, certains scandant des slogans hostiles à l’armée et tenant des portraits d’Aung San Suu Kyi, l’ex-dirigeante aujourd’hui emprisonnée.

Source : AFP

En ce jour de contestation silencieuse contre le pouvoir militaire qui a pris le commandement il y a exactement deux ans, tous attendaient une annonce de la junte concernant la prolongation de l’état d’urgence et le report des élections initialement promises pour l’été. Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, qui avait déclaré précédemment que les élections ne pourraient être tenues...

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