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Culture - Musique

Le festival Beirut & Beyond revient à sa diversité d’origine

Pour sa 9e édition, qui s’ouvre ce soir jeudi 2 février et se tient jusqu’au dimanche 5 février, le Beirut & Beyond International Festival (BBIF) renoue avec les concerts mettant en avant les artistes de la scène indépendante du monde arabe. Il accueille également 35 professionnels de l’industrie musicale du monde entier venus apporter leur expertise aux talents émergents locaux. Trois questions à la cofondatrice et directrice de cet événement, Amani Semaan.

Le festival Beirut & Beyond revient à sa diversité d’origine

Sofyann Ben Youssef aka Ammar 808, en tête d’affiche du festival Beirut & Beyond 2023. (photo Sia Rosenberg)

Présentez-nous cette 9e édition du festival Beirut and Beyond.

C’est une édition à part entière qui dure 4 jours et alterne deux programmes. Une programmation artistique en soirée d’une part, avec plusieurs concerts qui se succèdent chaque soir dans deux lieux différents de Beyrouth : The Ballroom Blitz et Ked (tous les deux situés à la Quarantaine). De jeunes talents mais aussi des artistes établis issus de la région MENA vont s’y produire et dérouler une grande diversité de styles allant de la musique ambiante au rock psychédélique mélangé avec du chant oriental, en passant par l’électro, le rap, l’expérimental, la new wave arabe...

Et, en parallèle, un programme professionnel qui se tient en cours de journée, avec 35 experts musicaux venus de partout (France, Canada, États-Unis, Angleterre, Tunisie, Jordanie, Égypte… ) pour œuvrer au développement de l’industrie musicale dans la région et aider les musiciens indépendants de la scène locale à façonner leur avenir. Et cela au moyen de tables rondes, d’ateliers de travail et de séances de coaching individualisés abordant aussi bien des thématiques de promotion par le réseautage que les modes de production et de diffusion musicale ou encore les stratégies de financement… Car il ne faut pas oublier que le BBIF est un événement vitrine qui vise, avant tout, à promouvoir les artistes émergents de la scène indépendante libanaise et régionale.

La multi-primée trompettiste anglo-bahreini Yazz Ahmad participe à cette 9e édition du festival Beirut & Beyond. Photo Seb Peters

Après deux années au cours desquelles, à cause des diverses crises, vous aviez présenté des éditions purement locales, vous revenez à votre format d’origine, en invitant des artistes régionaux et internationaux à partager la scène avec des talents locaux. Qui vous soutient pour cette reprise totale cette année ? Avez-vous établi une grille de tarification pour les concerts du festival adaptée à la situation financière difficile des Libanais ?

Après la révolution en octobre 2019, nous avions, en effet, programmé en février 2020 une édition purement locale dans le but de soutenir en priorité les artistes libanais ou basés au Liban. Nous voulions aussi aider les petits bars et les divers lieux de la ville qui font de la musique live qui étaient lourdement impactés par la situation et, à ce titre, nous avions rendu l’accès aux concerts de cette édition-là gratuit, de manière exceptionnelle. L’année suivante, avec la pandémie du Covid et la double explosion au port de Beyrouth, nous n’avons pas eu de festival. Nous nous sommes contentés de lancer sur les plateformes de téléchargement une compilation de soutien à 20 musiciens libanais. En 2022, la situation sanitaire ne permettant pas encore une totale liberté de déplacement à travers le monde, nous avions aussi préféré nous concentrer sur une programmation majoritairement locale. Mais, cette fois-ci nous avions rétabli les entrées payantes avec une tarification unique de 75 000LL par soirée, ce qui équivalait à un peu plus de 5 dollars à l’époque.

Pour mémoire

Beirut & Beyond : c’est parti pour une 8e édition à KED

En fait, grâce à notre partenariat avec le fameux festival norvégien Oslo World, nous bénéficions depuis la création de Beirut & Beyond en 2013 d’un soutien financier de la part de l’ambassade de Norvège au Liban. Nous recevons également des contributions financières de la part de l’Institut français et du British Council auxquelles est venue s’additionner, cette année en particulier, une aide de l’ONG culturelle Afac. Il n’en demeure pas moins que nous devons aussi compter partiellement sur la billetterie pour pouvoir rentrer dans nos frais quand il s’agit de développer, comme cette fois, une édition incluant des artistes et des professionnels internationaux.

Pour être sincère, la question des prix des billets est toujours un sujet difficile pour nous. Nous avons choisi de fixer le ticket d’accès à l’ensemble des concerts de chaque soirée à 500 000LL cette année. En nous basant sur un taux de change à 55 000LL, cela équivaut à un peu moins de 10 $. Ce qui revient moins cher que les tarifs des soirées de DJ’s qui ont cours en ville. Mais nous sommes inquiets car on ne sait jamais quelles seront les fluctuations du taux de change dollars/ livres libanaises. Et nous ne voudrions surtout pas que notre public se sente marginalisé en n’ayant pas les moyens d’avoir accès au festival…

Fadi Tabbal et Julia Sabra, un duo électro-pop visionnaire. Photo DR

Pouvez-vous nous signaler les 3 artistes et/ou formations les plus innovantes de cette programmation 2023 ?

Ainsi que les 3 concerts à ne pas rater ?

Pour le public qui a envie de faire des découvertes, je recommanderais d’abord nos deux têtes d’affiche : Sofyann Ben Youssef aka Ammar 808 et Yazz Ahmad. Le premier est considéré comme le parrain de la scène alternative et électronique tunisienne. Il a à son actif les albums acclamés par la critique comme Maghreb United et Global Control/Invisible Invasion. Il mixe la musique électro avec des rythmes traditionnels et modernes de manière très recherchée et se spécialise, particulièrement, dans la musique arabe et indienne. Il se produira pour la première fois au Liban, ce vendredi 3 février (au Ballroom Blitz). Son concert s’annonce marquant et, donc à ne pas rater.

Nancy Mounir, compositrice, instrumentiste polyvalente et arrangeuse, membre clé de la scène musicale alternative égyptienne. Photo DR

Yazz Ahmad, quant à elle, est une trompettiste et compositrice originaire de Bahreïn. Aujourd’hui installée à Londres, elle mélange les sonorités du Moyen-Orient avec la saveur futuriste de la scène jazz contemporaine britannique. Sa musique a été décrite comme du « jazz arabe psychédélique, enivrant et convaincant » et sa carrière est parsemée de collaborations de haut niveau, notamment avec Radiohead, Lee Scratch Perry, These New Puritans et le Festival of New Trumpet Music de New York… Nommée « Artiste britannique de l’année aux Jazz FM Awards 2020 », elle a également remporté en novembre 2020 le très prestigieux prix Ivor Novello pour l’innovation en composition.

Outre son Solo de trompette, sa collaboration dimanche soir (au KED) avec la joueuse de bouzouk Farah Kaddour du groupe libanais Sanam (également au programme des concerts de cette édition) promet d’être très intéressante.

Et puis, il y a Nozhet el-Nofous (le 2 février au Ballroom Blitz) qui est un projet très curieux. Ce concert, qui rassemble sur scène 9 musiciens et deux narrateurs sur fond de projections, est issu du premier album solo de Nancy Mounir qui est une compositrice, instrumentiste polyvalente et arrangeuse, membre-clé de la scène musicale alternative égyptienne. Il fait revivre des compositions orientales des années 1920 et 1930 au moyen d’une exploration transcendante de la liberté musicale à travers le prisme d’enregistrements d’archives centenaires.

Koast, qui se produit le samedi 4 février au KED, est un peu la découverte de cette édition du Beirut & Beyond 2023. Photo DR

À ces trois, j’ajouterais aussi Koast qui se produit le samedi 4 février au KED, et qui est également un peu la découverte de cette édition. Cette auteure-compositrice et interprète tunisienne, tout juste trentenaire, est imprégnée de divers genres musicaux allant de l’école classique du tarab d’Oum Koulthoum et Abdelwahab, au rap, jazz, blues et hip-hop. Personnellement, j’ai eu un coup de cœur pour sa musique. C’est une musicienne remarquable, versatile et très talentueuse. Une nouvelle star en perspective.

La programmation des concerts

-Jeudi 2 février au Ballroom Blitz, Quarantaine : ouverture des portes à 20h avec Tajrib Maqami (Liban). Il sera suivi de Nozhet el-Nofous (Égypte)

-Vendredi 3 février, toujours au Ballroom Blitz (à 20h) : Xlmxkhfi (Liban) ; Julia Sabra & Fadi Tabbal (Liban) ; Sofyann Ben Youssef aka Ammar 808 (Tunisie) ; The Goldroom; Noise Diva (Syrie); Glitter 55 (Maroc) et Willillah (Liban)

-Samedi 4 février au KED, Quarantaine (ouverture des portes à 19h30) :

3Li (Liban) puis Koast (Tunisie), 4LFA (Tunisie), Haykal (Palestine), Gaouta (Maroc) et Ko Shin Moon (France)

-Dimanche 5 février au KED, également (ouverture des portes à 20h) :

Nâr (Liban/Suisse) ; Yazz Ahmad (Bahrein/Grande Bretagne) et Sanam (Liban)

Lien YouTube :

https://www.youtube.com/watch ? v=YKHYLXfB408&t=2s

Présentez-nous cette 9e édition du festival Beirut and Beyond. C’est une édition à part entière qui dure 4 jours et alterne deux programmes. Une programmation artistique en soirée d’une part, avec plusieurs concerts qui se succèdent chaque soir dans deux lieux différents de Beyrouth : The Ballroom Blitz et Ked (tous les deux situés à la Quarantaine). De jeunes talents mais...

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