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Campus - CRISE

La hausse des frais universitaires au Liban : une décision à double tranchant

La dernière décision rendue par la banque centrale du Liban concernant le nouveau taux de conversion du dollar bancaire se répercute sur les frais universitaires.

La hausse des frais universitaires au Liban : une décision à double tranchant

Cynthia Baz. Photo Christelle Baz

La Banque du Liban (BDL) a officialisé mardi la conversion du « dollar bancaire » ou « lollar » au taux de 15 000 livres pour un dollar. Un changement qui est entré en vigueur hier. Comment les étudiants libanais ont-ils accueilli cette nouvelle qui se répercute directement sur les frais universitaires ? Cynthia Baz, étudiante en 2e année de sciences informatiques à l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), estime que la décision rendue par l’université d’adopter le taux prescrit par la BDL est compréhensible, compte tenu de l’instabilité économique qui touche le pays. En revanche, la jeune étudiante confie que l’impact de cette décision pèsera lourd sur ses épaules et celles de nombreux étudiants et risque de bouleverser leurs plans pour l’avenir.

« Le communiqué rendu par l’université est brusque. Nous sommes vraiment stupéfaits », lâche un étudiant en audiovisuel à la NDU qui a demandé à garder l’anonymat, avant de nuancer : « Je trouve que cette décision ne peut pas être jugée ni bonne ni mauvaise. » L’étudiant reconnaît que l’administration de la NDU soutient les étudiants à travers le bureau des aides financières. Il avoue comprendre le besoin de l’université de couvrir ses grandes dépenses et se dit « conscient que les frais de scolarité ici sont parmi les moins chers au pays ».

Quant à Georges Rouhana, représentant des étudiants à la faculté de gestion et de finance à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), il s’oppose à cette décision rendue à un très bref délai de la date d’inscription pour le second semestre. Toutefois, il reconnaît que cette décision n’a pas été une surprise, indiquant que l’administration de l’USEK avait prévenu ses étudiants dès le début de la crise économique qu’elle se conformerait aux décisions de la BDL.

Georges Rouhana. Photo DR

La vice-rectrice aux affaires estudiantines à l’USEK, Céline Baaklini, justifie la décision de l’université en rappelant que l’établissement s’est engagé à se tenir aux côtés de ses étudiants et à refuser de facturer les frais de scolarité selon la valeur réelle du dollar sur le marché parallèle en adoptant le taux officiel fixé par la BDL qui est de 1 515 livres pour un dollar. « Cependant, ce taux est devenu depuis 3 ans un rêve loin de la réalité », signale-t-elle. Précisant qu’il ne s’agit pas d’une décision de dernière minute, Céline Baaklini assure que l’université a pris le temps d’examiner en détail la décision et de réfléchir à un plan d’action exhaustif en collaboration avec le comité des représentants des étudiants pour aider les étudiants en détresse.

Selon l’administration de l’USEK, les étudiants peuvent demander une réduction de 50 % présentée comme une aide sociale sur la portion de la scolarité payée en livres libanaises (et qui équivaut à 80 % des frais) et 15 % sur la partie payée en dollars (20 % de la scolarité). Les étudiants peuvent également requérir un prêt sur la partie à payer en dollars pouvant atteindre 50 % des frais de scolarité. La vice-rectrice Baaklini indique que le cumul des aides financières peut couvrir la moitié de la portion de scolarité à payer en livres. Par ailleurs, l’université propose des réductions pour les frères et sœurs et leur permet d’échelonner les paiements sur 5 échéances, au lieu de quatre.

Sarah Ibrahim. Photo DR

Confusion et grande frustration

De son côté, le Club laïque de l’USEK (Kaslik Secular Club) a indiqué qu’il considère les décisions de l’administration de suivre la décision de la BDL comme un grand échec. Il avance l’argument qu’un grand nombre d’étudiants touchent leurs salaires au taux de 1 500, et que l’administration a rendu sa décision soudainement entre les deux semestres. D’un autre côté, le club reproche dans son communiqué aux partis politiques au pouvoir de n’avoir pas proposé de solutions afin d’aider les étudiants à payer leurs scolarités. « Ça m’attriste tellement que des étudiants préparent des plans B et C pour pouvoir poursuivre leurs études », confie Sarah Ibrahim, 19 ans, étudiante en droit à l’USJ, qui perçoit cette décision comme une épée à double tranchant. « Les professeurs doivent être rémunérés d’une manière équitable », indique-t-elle, dénonçant pourtant le fait que tous les étudiants n’ont pas les moyens de payer les nouveaux tarifs. « Le seul moyen pour que les étudiants puissent poursuivre leurs études, à mon avis, est d’augmenter les aides sociales », estime-t-elle.Un étudiant en 4e année de droit à l’USJ, qui a lui aussi demandé à garder l’anonymat, confie : « La situation est confuse pour moi. Je suis bloqué en dernière année, je ne peux rien changer, il n’y a plus de retour en arrière. » Deux voies se présentent devant lui : changer d’établissement et recommencer de zéro, ou bien se conformer à la situation telle qu’elle est. Le jeune juriste est conscient que l’université n’est pas une association caritative. « J’espère qu’elle investira l’argent au bon endroit », conclut-il en soulignant tous les sacrifices que les parents au Liban sont prêts à faire, juste pour couvrir les frais de scolarité de leurs enfants et leur assurer une bonne qualité d’éducation.


La Banque du Liban (BDL) a officialisé mardi la conversion du « dollar bancaire » ou « lollar » au taux de 15 000 livres pour un dollar. Un changement qui est entré en vigueur hier. Comment les étudiants libanais ont-ils accueilli cette nouvelle qui se répercute directement sur les frais universitaires ? Cynthia Baz, étudiante en 2e année de sciences...

commentaires (1)

Il faut avouer qu'il y a trop d'universitaires au Liban. Les temps ont vraiment changé. Ailleurs, les jeunes se dirigent en majorité, vers des études pour apprendre un métier leur permettant de commencer à se faire payer, et se lancer dans la vie productive. Il faudrait y penser.

Esber

17 h 39, le 02 février 2023

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Commentaires (1)

  • Il faut avouer qu'il y a trop d'universitaires au Liban. Les temps ont vraiment changé. Ailleurs, les jeunes se dirigent en majorité, vers des études pour apprendre un métier leur permettant de commencer à se faire payer, et se lancer dans la vie productive. Il faudrait y penser.

    Esber

    17 h 39, le 02 février 2023

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